Le naturisme urbain a de plus en plus d'adeptes, mais les femmes restent réticentes

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Par Marie GIFFARD - Paris (AFP)
Publié le 13 juin 2018 - 11:00
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Une groupe de naturistes au bois de Vincennes, à Paris, le 31 août 2017
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© Bertrand GUAY / AFP/Archives
Une groupe de naturistes au bois de Vincennes, à Paris, le 31 août 2017
© Bertrand GUAY / AFP/Archives

Piscine, bowling, restaurant, cours de chant, sorties au musée...: le naturisme urbain séduit de plus en plus grâce à une offre diversifiée à Paris mais les femmes restent réticentes à ces nouvelles pratiques, craignant amalgames et préjugés.

Avec l'ouverture d'un restaurant en novembre 2017, la réouverture de l'espace naturiste au bois de Vincennes en avril, et la visite le mois dernier en tenue d'Adam du Centre d'art contemporain Palais de Tokyo qui a suscité 30.000 demandes pour 161 places, le naturisme n'en finit plus de se réinventer et fait florès dans la capitale.

Le spectre des activités naturistes en ville s'est encore élargi samedi dernier lors du salon de "l'Art de vivre nu" à Paris, qui a notamment proposé des cours de yoga nu en plein air ou du clubbing naturiste.

Selon l'Association des naturistes de Paris, on compte aujourd'hui 88.000 pratiquants en Ile-de-France.

Professeur de chant pratiqué nu, Vincent Simonet se réjouit du "foisonnement de ces trois dernières années à Paris". Mais il regrette ne compter qu'un quart de femmes parmi ses élèves participant à ses stages: "quand elles viennent, tout le monde se réjouit et dit: +Ah des filles !+"

Julie Leclerc, "tombée" dans le naturisme quand elle était petite, reconnaît une difficulté à assumer ces nouvelles pratiques, craignant "le regard des +textiles+ sur les femmes naturistes: on croit que vous êtes une femme facile". Elle admet avoir "tu [sa] pratique devant ses collègues à l'ouverture de l'espace naturiste au parc de Vincennes".

Pour cette femme de 38 ans, Instagram et Facebook n'aident pas à la normalisation en menant une "chasse aux sorcières aux tétons féminins". "En supprimant la vision du corps de la femme des réseaux sociaux, on contribue à la rendre taboue", juge-t-elle.

Mais depuis peu, elle chante nue dans un studio de la capitale, "une révélation". "Jamais je ne me serais dit +tu vas faire du naturisme en plein Paris+", s'extasie cette femme qui travaille dans le secteur de la communication.

Elle retrouve "cette sensation de liberté" qu'elle ressent l'été, dans les villages et campings, où le naturisme familial séduit pareillement hommes et femmes, et affirme se sentir "bien mieux nue avec pleins d'hommes naturistes qu'habillée, entourée d'hommes textiles".

Adepte des "randonues" en Essonne, "dans des forêts peu fréquentées", Cécile, 33 ans, estime qu'"affirmer son naturisme en tant que femme en dehors des milieux naturistes est difficile: il y a trop d'emprise chez les femmes par rapport à la nudité".

"L'amalgame est vite fait avec libertinage, échangisme, et toutes les pratiques sexuelles... qui n'ont rien à voir", poursuit-elle.

- L'image de Miss Monde -

Pour Jean-Lou Dumon-Carbonnet, président d'Imaginat, l'association à l'origine de l'événement samedi dernier, le "néo-naturisme est très +gay friendly+, sans doute parce que les gays sont assez militants, mais il n'est pas réservé aux gays... Ce besoin de libérer le corps et l'esprit, les femmes y ont droit aussi", clame-t-il.

Selon lui, la communication autour du naturisme a construit par le passé une "iconographie flatteuse qui a fait peur": "Miss Monde et Mister Univers". Même s'il n'y a plus "aujourd'hui ce frein du physique idéal, il faut rassurer les femmes".

Pour créer de la confiance, le militant juge qu'il faut écarter d'office "un naturisme exclusivement féminin", synonyme de "ghetto", et, au contraire, que "les hommes tendent la main aux femmes et leur disent +venez avec nous+, qu'on puisse créer cette tranquillité en milieu urbain".

Pour Viviane Tiar, vice-présidente de la Fédération française de naturisme, les femmes sont nombreuses à venir s'informer dans les salons, "mais elles me disent +oui mais on va être jugée comment ? On va être regardée...+".

L'ingénieure de 54 ans voudrait les voir s'imposer dans les instances militantes : "On est sur le bon chemin, mais il faut qu'elles puissent monter au créneau, qu'elles prennent la parole et qu'elles créent des associations", estimant qu'"elles ont énormément de choses à apporter, par leur vision des choses très différente".

Vincent Simonet leur lancent un "challenge" : "Quelle femme organisera demain un événement naturiste à Paris ?"

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