Poutine signe le décret révisant la doctrine nucléaire russe
Face à l’escalade du conflit, cristallisée par les bombardements ukrainiens dans la nuit du lundi au mardi sur le sol russe, Vladimir Poutine a signé hier 19 novembre 2024 un décret permettant un recours plus large aux armes nucléaires. Par cette signature, qui intervient au 1 000e jour du conflit et quelques mois après l’annonce d’une révision de la doctrine nucléaire russe, Moscou inclut le lancement de missiles balistiques contre la Russie parmi “les conditions justifiant l’utilisation des armes nucléaires”.
Le Kremlin a accusé l'Ukraine d'avoir tiré dans la nuit de lundi à mardi 19 novembre six missiles américains ATACMS de longue portée contre un site militaire de la région frontalière russe de Briansk. "À 03H25, l'ennemi a frappé un site de la région de Briansk" avec des "missiles tactiques ATACMS", selon un communiqué du ministère de la Défense. Cinq missiles ont été détruits et un autre a été endommagé par la défense anti-aérienne.
"Ses fragments sont tombés sur la zone technique d'un site militaire dans la région de Briansk, provoquant un incendie qui a été rapidement maîtrisé", ajoute le ministère, qui précise que ces frappes n'ont pas fait de victimes.
“L’implication directe” de l’OTAN et des USA dans le conflit
Ces frappes interviennent après un prétendu feu vert donné par Washington à l'Ukraine pour frapper le territoire russe avec des missiles américains à longue portée. L’information, donnée par le New York Times qui cite des responsables anonymes, n’a pas été confirmée officiellement.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a d’ailleurs réagi avec prudence à cette annonce. “De nombreux médias rapportent que nous avons reçu l'autorisation de prendre des mesures appropriées (...) Mais les frappes ne se conduisent pas à l'aide de mots. Les choses comme cela ne sont pas annoncées. Les missiles parleront d'eux-mêmes", a-t-il déclaré.
La première réaction a d’abord été communiquée par la voix du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Lundi, il a estimé que si cette autorisation était avérée, elle conduirait à “une situation fondamentalement nouvelle en termes d’implication des Etats-Unis dans ce conflit”. “Les coordonnées des cibles ne sont pas fournies par les militaires ukrainiens, mais par des spécialistes de ces pays occidentaux. Cela change radicalement la nature de leur implication”, a-t-il expliqué.
Moscou estime qu’il est “évident que l’administration sortante à Washington a l’intention de prendre des mesures pour continuer à jeter de l’huile sur le feu et à provoquer une nouvelle montée des tensions”, malgré les avertissements, en septembre, de Vladimir Poutine, contre de tels agissements qui “ne signifieraient rien de moins qu’une implication directe des pays de l’OTAN dans la guerre en Ukraine”.
La doctrine révisée, les ATACMS déjà utilisés selon Moscou
Ce moment-là, Sergei Ryabkov, vice-ministre russe des Affaires étrangères, avait annoncé une révision de la doctrine nucléaire. La fin de ce même mois de septembre, Vladimir Poutine a averti que son pays pourrait recourir à l'arme nucléaire en cas de "lancement massif" d'attaques aériennes contre la Russie. Il a précisé que tout assaut mené par un pays non nucléaire, comme l'Ukraine, mais soutenu par une puissance disposant de l'arme atomique, comme les États-Unis, pourrait être considéré comme une agression "conjointe", justifiant potentiellement l'utilisation de l'arme nucléaire.
Est-ce désormais chose faite ? Mardi, au 1 000 jour du conflit ukrainien, Vladimir Poutine a signé ce décret élargissant les possibilités de recours à l'arme nucléaire. "Parmi les conditions justifiant l'utilisation des armes nucléaires figure le lancement de missiles balistiques contre la Russie", explique le texte. "Il était nécessaire d'adapter nos fondements à la situation actuelle", poursuit Dmitri Peskov.
Le décret ouvre aussi la voie à un recours au nucléaire en cas de “mise à disposition de territoire et de ressources pour une agression contre la Russie".
Depuis le début du conflit en février 2022 et face aux décisions occidentales en faveur de Kiev, comme les aides financières, l’envoi d’artilleries lourdes sur le front puis la dotation de l’armée ukrainienne d’avions de chasses susceptibles de toucher des cibles sur le territoire russe, Vladimir Poutine a sans cesse menacé de recourir à l’arme nucléaire.
Ce mercredi, la Chine a appelé au “calme” et à la “retenue”. “Dans les circonstances actuelles, toutes les parties devraient rester calmes et faire preuve de retenue, en travaillant ensemble par le dialogue et la consultation pour apaiser les tensions”, a déclaré Lin Jian, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
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