Aux primeurs de Bordeaux, le millésime 2018 s'annonce très prometteur

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Par Alexandra LESIEUR - Bordeaux (AFP)
Publié le 28 mars 2019 - 09:12
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Vendanges 2018 au Chateau Pré La Lande, près de Bordeaux
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© GEORGES GOBET / AFP/Archives
Vendanges 2018 au Chateau Pré La Lande, près de Bordeaux
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"Excellent", "très bon", "exceptionnel" : les premières dégustations du millésime 2018, malgré des aléas climatiques qui ont donné une récolte moins bonne que prévu, s'annoncent très prometteuses à la veille de la semaine des primeurs des grands crus de Bordeaux, rendez-vous unique dans le monde viticole.

Pour les rouges, "la qualité générale est remarquable. Dans un style différent, il rejoint les grands millésimes de l'histoire récente de Bordeaux: 2005, 2010, 2015 et 2016", estime Axel Marchal, professeur à la faculté d'oenologie de Bordeaux, notamment grâce à une météo clémente de mi-juillet à fin octobre qui a permis de vendanger les raisins à maturité.

"Sans atteindre le même niveau, les blancs secs et liquoreux sont également de bonne qualité", dit-il.

Reste à valider à l'échelle internationale ces premières dégustations lors de la semaine officielle des primeurs, organisée à partir de lundi par l'Union des grands crus de Bordeaux (UGCB).

Environ 6.000 importateurs, distributeurs, cavistes ou encore restaurateurs du monde entier vont venir découvrir ce millésime dans le but de l'acheter via les négociants de la place de Bordeaux, et pour les journalistes de le noter.

Grâce à ce système, ils sont ainsi assurés d'obtenir des caisses de grands crus, parfois introuvables une fois en vente au grand public, et de les acheter, en principe, à un prix inférieur à celui de leur mise sur le marché près de deux ans plus tard.

Les quelque 200 crus classés, qui représentent seulement 3% des volumes bordelais, vendent ainsi d'ici juin une grande partie de leur dernière récolte.

"Nous vendons 70 à 75% de notre production en primeurs. Pour les propriétés qui travaillent en primeurs, cela reste essentiel pour la trésorerie et apporte un coup de projecteur sur Bordeaux. C'est le seul endroit au monde où ça se passe comme ça", souligne la madrilène Paz Espejo, directrice générale du château Lanessan à Cussac-Fort-Médoc.

- Chine, Etats-Unis et Brexit: des incertitudes -

Son millésime 2018 "est très élégant, floral, rose poudré avec une belle trame, tout en finesse. C'est un des plus jolis millésimes de ces dernières années", reconnaît cette oenologue, précisant que les vignes de Lanessan ont davantage souffert de la sécheresse que du mildiou, faisant baisser les rendements de 55 à 42 hectolitres par hectare.

D'autres propriétés ont perdu la moitié de leur récolte et bien davantage avec le mildiou, champignon favorisé par l'humidité, d'une extrême virulence l'année dernière, accumulant parfois la grêle qui a touché plus de 10.000 hectares dans le Bordelais.

Avec ces aléas climatiques, la récolte 2018 qui s'annonçait excellente au départ se situe dans la moyenne décennale mais devrait permettre de regagner des parts de marché, perdues après une faible récolte en 2017 en raison du gel. Une situation qui avait été atténuée grâce à une bonne tenue des prix.

Cette année, les prix pourraient ainsi se maintenir ou encore augmenter en raison d'une qualité supérieure, selon des experts. "En toute logique, ils devraient être un peu plus chers que 2017 et tarifés comme un 2015 ou 2016", qui ont été de très bonnes années, prédit Ronan Laborde, président de l'UGCB.

A l'incertitude des prix s'ajoutent des inquiétudes sur l'évolution de certains marchés clés pour Bordeaux : la Chine, où le ralentissement de l'économie a affecté l'importation mondiale de vin, les Etats-Unis avec l'imprévisibilité du président Donald Trump et la Grande-Bretagne qui tergiverse sur le Brexit.

L'interprofession se veut confiante, d'autant plus que ces trois pays viennent en nombre aux primeurs. Allan Sichel, président du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), estime par exemple qu'en Angleterre d'autres exigences administratives pourraient naître avec le Brexit mais pas de nouvelles taxes, déjà très fortes aujourd'hui.

"On voit l'avenir très sereinement même s'il y a beaucoup d'incertitudes", affirme ce négociant pour qui "Bordeaux est capable de s'adapter car il exporte dans de nombreux pays".

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