Tourisme : les attaques terroristes "à répétition" vont pénaliser la France entière, à long terme
Depuis janvier, les arrivées de touristes par vols réguliers accusent une baisse de 5,8% dans l'Hexagone, dont un recul de 11% à Paris et une progression de 1% en province, selon des chiffres du Quai d'Orsay, rendus publics mercredi à la veille de l'attentat de Nice qui a coûté la vie à 84 personnes le 14 juillet. Par nationalité, de janvier à fin avril, le nombre de touristes étrangers a baissé de 11% en Ile-de-France, les Japonais étant les plus frileux, avec une chute de plus de 50%, selon le Comité régional du Tourisme.
Après les attentats de Charlie Hebdo et les attaques terroristes de novembre à Paris et Saint-Denis, la chute de fréquentation touristique en France a touché de plein fouet la capitale mais peu la province. "La province, qui était épargnée des drames terroristes et des conséquences sur les outils commerciaux (dont l'hôtellerie n'est qu'un maillon), est désormais lourdement affectée. Ce n'est plus seulement Paris mais la France entière qui va subir une période compliquée, semée de doutes et d'incertitude et donc de concurrences avec d'autres destinations épargnées", affirme Philippe Gauguier, associé d'In Extenso (Deloitte).
L'Espagne, troisième destination touristique mondiale en nombre de touristes derrière la France et les Etats-Unis, mais aussi le Portugal vont bénéficier de ces reports. La fédération patronale espagnole Exceltur a annoncé mercredi s'attendre à un nouvel été record. Aux Baléares, l'affluence record de touristes attirés par le climat et la sécurité commence même à fatiguer l'île de Majorque.
Sur la côte d'Azur, selon M. Gauguier, "les annulations viennent autant de clients français que des étrangers. On enregistre des annulations nombreuses de séjours, surtout sur la deuxième quinzaine de juillet: plus les hôtels sont proches des centres ville et des fronts de mer (Nice, Juan-les-Pins, Cannes…) plus les annulations sont nombreuses, alors qu'elles sont très limitées en arrière-pays", assure-t-il.
Bpifrance a d'ailleurs annoncé la suspension pour six mois des échéances de paiement des crédits des hôteliers niçois, en prévision de la baisse de la fréquentation comme elle l'avait fait pour les hôteliers parisiens après les attentats de novembre. "Les annulations, à ce jour, peuvent représenter jusqu'à 20% de la demande, voire plus sur certains hôtels haut de gamme, avec des pointes annoncées à 40% sur un établissement", affirme M. Gauguier.
A Paris aussi, on enregistre des annulations. Selon François Delahaye, directeur général du palace le Plaza Athénée, "le téléphone sonne sans arrêt depuis vendredi pour des annulations pour juillet, août et septembre" et ce sont "principalement des Américains".
"En plus des annulations, nous enregistrons des départs imprévus qui ont représentés jusqu'à 66.000 euros le 15 juillet", souligne ce responsable qui assure que les gens "ont peur de venir en France, et pas seulement à Paris et cela va durer au moins une année".
Pour son établissement situé avenue Montaigne à Paris, M. Delahaye anticipe pour l'année 2016 "un taux d'occupation compris entre 50 et 60%, contre des années précédentes avec une fourchette comprise entre 70 et 80%", regrette-t-il.
Selon Mark Watkins, président du cabinet Coach Omnium, spécialisé dans le tourisme et l'hôtellerie, "l'impact sur le tourisme est plus que régional, il ne va pas se cantonner à la Côte d'Azur mais à l'ensemble du territoire français et cette désaffection, qui concerne les touristes étrangers mais aussi français, risque malheureusement de durer sur le long terme", insiste-t-il.
Face à ces pessimistes prévisions, certains ont foi en la promotion de la destination France. "Nous souhaitons qu'une nouvelle campagne de communication soit faite très rapidement par le gouvernement, pour rassurer au maximum les touristes", demande Hervé Becam, vice-président de l'Umih, principale organisation professionnelle du secteur.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.