En risque maximal "avalanches", la montagne est "impraticable" selon un expert
En risque maximal "avalanches", "la montagne est impraticable" car les coulées s'y déclenchent spontanément, explique Dominique Létang de l'Association nationale pour l'étude de la neige et des avalanches (Anena).
"On parle dans ce cas de crues avalancheuses", comme il y a des crues liées aux inondations, affirme à l'AFP M. Létang, ancien secouriste de haute-montagne.
Le risque d'avalanche est estimé à 5 sur une échelle de 5 dans toute la Savoie (sauf les Bauges), dans les trois massifs de Haute-Savoie (Aravis, Chablais et Mont-Blanc) et dans les quatre massifs du nord des Hautes-Alpes (Dévoluy, Champsaur, Thabor et Pelvoux).
"La situation est extrêmement délicate" car ces avalanches peuvent "atteindre les voies de communication, les infrastructures et les habitations et dépasser les emprises connues jusqu'alors". Notamment "les accès aux stations peuvent être dangereux avec les coulées de neige".
Cette situation résulte de la conjonction de trois événements, détaille M. Létang: "des chutes de neige abondantes et soudaines ces deux derniers jours, des vents très violents dûs à la tempête Eleanor qui accumulent la neige en haute altitude et enfin un redoux qui a amené des pluies très importantes jusqu'à 2.300 mètres qui se sont infiltrées dans le manteau neigeux et l'ont énormément alourdi".
"Cela peut entraîner des avalanches dites +de fond+, c'est à dire emportant tout le manteau neigeux jusqu'au sol", a fait valoir M. Létang.
D'après Cécile Coléou, responsable de la prévision du risque avalanche à Meteo France, ce cocktail de facteurs est "peu fréquent". "Ça arrive une fois tous les trois ou quatre hivers".
En ce moment, des avalanches de poudreuse peuvent se produire au-dessus de la limite pluie-neige (vers 2.500 m), partant sous l'effet de leur propre poids et de la pente. Ces coulées peuvent embarquer de "gros volumes" de neige car "on en a eu jusqu'à 2,40 m en l'espace de 48 heures", a ajouté M. Létang. Et les avalanches de poudreuse peuvent atteindre la neige humide et continuer leur descente.
En risque 5, "on attend de l'activité avalancheuse spontanée, nombreuse et de grande ampleur", a abondé Mme Coléou. Alors qu'en risque 4, c'est surtout le passage du skieur qui peut faire céder une plaque et déclencher une avalanche.
Dans ces conditions, les conseils sont simples: "Eviter toute pratique de la montagne !", enjoint Dominique Létang, qui craint que des raquettistes ou des skieurs de randonnée se laissent tenter par les massifs des pré-Alpes comme le Vercors ou la Chartreuse avec "un faux sentiment de sécurité". Or le début de saison en Chartreuse a été endeuillé par la mort de trois skieurs.
Partout dans les massifs, les artificiers procèdent en station et près des routes à des déclenchements préventifs d'avalanche par grenadage à la main, emploi de tubes gazex (explosion à la sortie) ou de câbles transporteurs d'explosifs (catex) qui permettent d'agir sur des longues distances.
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