Le gouvernement parie sur le dispositif d'étiquetage nutritionnel "Nutri-score"
Le gouvernement a lancé officiellement mardi le nouveau dispositif d'étiquetage nutritionnel "Nutri-score", pariant sur son adoption volontaire par les professionnels et sa capacité à faire face à un concurrent lancé par des géants internationaux de l'agroalimentaire.
Ce logo sera accolé sur la base du volontariat sur le devant des produits, avec cinq lettres -A, B, C, D et E- assorties d'un dégradé de couleur allant du vert au rouge orangé, qui permettront d'informer sur la qualité nutritionnelle des produits alimentaires en magasin.
Cet étiquetage répond à trois objectifs: "renseigner le consommateur sur la qualité globale des aliments, inciter les industriels à améliorer la qualité de leurs aliments en les reformulant, et faciliter le conseil nutritionnel pour les cadres de santé", a expliqué Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, lors d'une conférence de presse.
La ministre a signé mardi l'arrêté relatif au Nutri-score en compagnie de Stéphane Travert, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, et de Benjamin Griveaux, Secrétaire d'Etat auprès du Ministre de l'Economie et des Finances, après que la Commission européenne a statué fin octobre sur sa conformité à la réglementation de l'UE.
"Ce système étant désormais jugé conforme à la réglementation européenne", l'Association nationale des industries agroalimentaires (Ania) a décidé de soutenir ce système en "accompagnant les entreprises (...) qui décident de s'engager dans la mise en place d'un système d'information nutritionnel simplifié complémentaire".
Les distributeurs Intermarché, Leclerc et Auchan, ainsi que les groupes agroalimentaires Fleury Michon, Mc Cain et Danone se sont déjà engagés à mettre en place Nutri-score sur l'ensemble des produits de leurs marques.
Selon le groupe Auchan, "les premiers produits présentant le Nutri-Score sur leur emballage seront commercialisés en décembre 2017" en magasin, et toute la gamme de produits à marque Auchan portera le logo en 2019.
- Convaincre d'autres groupes -
Pour Fleury Michon, l'objectif "est d'arriver à avoir 100% de nos produits étiquetés avec le label avant la fin 2018", assure Barbara Bidan, responsable santé et nutrition.
Mais l'entreprise de charcuterie veut aller plus loin: "globalement, nous nous sommes fixé l'objectif de parvenir à 85% de notre offre en A ou B d'ici 2022", assure-t-elle, contre 29% aujourd'hui, avec "par exemple la réduction de sel".
Il faut maintenant que le gouvernement convainque d'autres groupes de faire de même, car le système est basé sur le volontariat.
"L'émulation naturelle entre les marques aboutira à ce que ce logo soit promu et choisi par les industriels", assure Mme Buzyn, qui évoque aussi un "vecteur de pression par le consommateur".
Il reste cependant une difficulté supplémentaire: en mars, les poids lourds du secteur agroalimentaire Coca-Cola, Nestlé, Mars, Mondelez, Pepsico et Unilever avaient annoncé leur intention d'utiliser leur propre système d'étiquetage, leur Nutri-couleurs.
"Nous avons étendu l'utilisation d'un système qui a cours depuis plusieurs années au Royaume-Uni et en Espagne", et qui définit l'apport journalier recommandé apporté par le produit en terme de sel, sucre, gras et acides gras, ainsi que le niveau de kilocalories, a expliqué à l'AFP Jérôme François, directeur général marketing et nutrition de Nestlé France.
S'il estime le système Nutri-couleurs "plus incitatif" que Nutri-score qui "réduit un produit à une note", M. François ne souhaite pas opposer les deux modèles car alors "on conforterait les entreprises qui ne veulent rien faire" dans leur immobilisme.
"Je veillerai à ce que le Nutri-score soit à terme le seul logo développé", a pourtant clamé la ministre face à ce concurrent lancé par des géants mondiaux.
Alain Bazot, président d'UFC-Que Choisir, a pour sa part indiqué que l'association de consommateurs "se retrouvait" dans ce logo Nutri-score et a dénoncé la cacophonie causée par l'existence d'un système alternatif plus complexe qu'il qualifie de "manoeuvre de diversion".
L'interprofession laitière (Cniel) a pour sa part pris acte de cette signature mais "s'interroge sur un système d'étiquetage réduit à un logo susceptible de stigmatiser certains aliments", plutôt que de "resituer la contribution à un régime alimentaire équilibré de chaque aliment pris dans sa globalité".
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