Le tatouage s'encre dans la société
Le tatouage séduit de plus en plus les Français. Selon l'IFOP, près d’un sur dix était tatoué en 2010. Chez les jeunes, les chiffres grimpent à 20%. Arguments souvent avancés par les tatoués: se démarquer, se réapproprier son corps ou encore en faire une œuvre d’art.
Les stars sont à elles seules des vitrines de ce phénomène. Rihanna, Angelina Jolie, David Beckham, Zlatan Ibrahimovic et autres Matt Pokora sont des exemples parmi d'autres. La discipline a même son recordman: Rick Genest, alias "Zombie Boy". L’Oréal en a fait son égérie en 2011 quand il a lancé son fond de teint hyper-couvrant Dermablend Professional.
Outre les stars, les créateurs de mode ont eux aussi participé à la démocratisation du tatouage. Jean Paul Gaultier, connu pour sa transgressivité, avait apporté au tatouage dans un défilé d’octobre 2011 une dimension haute-couture. Chanel a, lui, commercialisé une gamme de tatouages éphémères en 2010, suivi de Dior, deux ans plus tard.
Sur le marché du tatouage, il existe autant de tatouages que de tatoués. Blanc, noir ou en couleurs, le tatouage n’est plus l’apanage des mauvais garçons, des taulards et des prostituées. Le tatouage a aussi été un symbole d’exotisme et d’aventure avec les marins du XVIIe siècle revenus tatoués du Pacifique.
Une activité difficile à contrôler
Les Etats-Unis ont joué un rôle majeur dans l’essor du tatouage. Des tatoueurs comme Lyle Tuttle ont été propulsés au rang de superstar depuis le début des années 50, montrant même leurs torses dénudés en Une des grands magasines comme Rolling Stone. Et à chaque maître son courant. Le tatouage japonais a eu, notamment dans les années 60/70, un très grand succès sur le continent américain puis en Europe.
Les adeptes du tatouage ont leur salon annuel. La Villette accueillera les 6, 7 et 8 mars 2015, comme chaque année, le Mondial du Tatouage. Et une exposition a toujours lieu au musée du Quai Branly, jusqu'en octobre.
Une partie de la profession s'était fortement opposée à un arrêté ministériel soumis par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) prévoyant l’interdiction, à compter de fin 2013, de 59 pigments de couleurs. "Mesure de sécurité", défendait l’ANSM, pour qui l’administration dans la peau de certains de ces pigments pourrait se révéler nocive. Danger de voir les clients se tourner vers les 10.000 ateliers clandestins encore installés en France, répondaient les tatoueurs. Mais l'interdiction a été beaucoup plus restreinte qu'annoncé.
Si l’activité est difficile à contrôler, elle est néanmoins réglementée par le Code de la santé publique, plusieurs décrets et arrêtés. Les tatoueurs sont tenus de déclarer leur activité en préfecture et de suivre une formation minimale de 21 heures –soit trois jours– dispensée par un organisme habilité. C’est la direction générale des Affaires sanitaires et sociales qui s’occupe chaque année d’en dresser la liste.
Mauvaise surprise
Cette formation (dont sont dispensés les titulaires d'un diplôme d'Etat de docteur en médecine ou d'un diplôme d'université de spécialité hygiène hospitalière) constitue uniquement une initiation aux normes d’hygiène et de salubrité, mais n’est pas une initiation technique. Et il n’existe pas de diplôme ou de certificat permettant au client de s’assurer de la qualité du travail de son tatoueur.
Les tatoueurs répètent à l’envi qu’il faut bien réfléchir avant de se faire tatouer. Certains refusent même les clients dont le projet n’est pas parfaitement abouti. Aujourd’hui hommes et femmes se font tatouer, tous âges et catégories socioprofessionnelles confondus. L’attente entre la prise de rendez-vous et le jour de la séance dissuade encore certains.
Il faut compter plus de 80 euros pour un tatouage. A éviter à tout prix selon les professionnels: les tatoueurs à domicile (illégaux) ou à l’étranger (Thaïlande notamment), et les prix bas qui ne présagent rien de bon en matière de sécurité et d’hygiène.
Bien réfléchir avant de se faire tatouer, c’est aussi s’éviter cinq à dix séances de laser pour faire retirer son tatouage (prix moyen de l’opération entre 750 et 2.000 euros).
Ça évite aussi certaines mésaventures. En 2009, les photos du visage de Kimberley Vlaeminck, une Belge de 18 ans, avaient créé la polémique. Elle affirmait avoir été tatouée de 56 étoiles au lieu de… trois, à son insu, alors qu’elle s’était endormie pendant la séance. Plusieurs mois plus tard, elle avouait son mensonge, justifié selon elle par la peur de la colère paternelle…
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