A Paris, les "vélos flottants" veulent résister malgré vandalisme et incivilités

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Par Elia VAISSIERE - Paris (AFP)
Publié le 20 janvier 2018 - 11:42
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Des vélos en libre-service à Paris, le 18 novembre 2017
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© GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP/Archives
Des vélos en libre-service à Paris, le 18 novembre 2017
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Des vélos en libre-service "flottants", sans station et connectés: de plus en plus répandus dans Paris depuis l’automne, plusieurs services promettent de moderniser le cyclisme urbain, mais sont confrontés au vandalisme et aux incivilités, qui ont déjà coulé des tentatives similaires à Lille et Reims.

Venues d’Asie, les bicyclettes jaune citron pour la start-up Ofo, vert pomme pour Gobee.bike, ou orange chez Obike sont séduisantes. Disséminées en ville, géolocalisables via une application pour smartphone, elles se louent en scannant un code-barre, qui déverrouille l'antivol, moyennant 50 centimes la demi-heure. L’usager dépose ensuite le vélo où il le souhaite, sans l'attacher.

Le modèle doit encore "trouver ses marques" mais "a un avenir", s'enthousiasme Laurent Kennel, le directeur général d'Ofo, qui entend servir de "levier" aux ambitions de la ville: faire passer la part de déplacements à vélo de 5% à 15% avant 2020.

Légers et pratiques, ces engins sont toutefois peu robustes, donc exposés au vol et au vandalisme. Pionnière en France, la start-up Gobee a dû se retirer de Lille et Reims en janvier. Avec 80 à 90% des vélos dégradés, les pertes étaient insurmontables, a-t-elle confié au Parisien.

A Paris, quelques minutes de marche suffisent pour apercevoir les épaves de vélos démembrés. Sur Twitter, des internautes signalent chaque jour des vélos "privatisés" dans des cours d'immeubles ou "inutilisables", aux roues et chaînes arrachées, jetés au milieu de détritus, d'une gare ou d’un rond-point.

Pourtant, le démarrage à Paris est "encourageant", assure M. Kennel. L'opérateur chinois, qui gère 10 millions de vélos dans 20 pays, revendique déjà "plusieurs milliers de trajets" quotidiens sur ses mille vélos parisiens. S'il reconnaît "quelques cas" de vandalisme "isolés", il assure que le modèle deviendra rentable "à grande échelle" et "sur le long terme".

"Il faut s'occuper en permanence d'un tiers du parc" mais les dégradations "font partie du business model", renchérit Alban Sayag, directeur général d'Obike France. Présente dans 24 pays, la société singapourienne possède 2.000 vélos à Paris et compte agrandir son parc "progressivement", s'appuyant sur un vélo "plutôt robuste".

Avec une municipalité qui encourage le cyclisme et des usagers "habitués" au vélo-partage grâce au Vélib', le contexte parisien était "favorable", analyse-t-il.

Heureux hasard, le déploiement a coïncidé avec le changement d'opérateur très chaotique du Vélib, de JCDecaux vers Smovengo.

Mais les opérateurs nient toute volonté de "concurrence frontale". L'offre est "complémentaire", visant uniquement "de petits trajets, souvent inférieurs à 10 minutes", affirme M. Sayag.

- Encombrement de l'espace public -

Des élus parisiens de tout bord s’inquiètent du stationnement gênant de ces vélos, hors des parkings. "Ils ne jouent pas vraiment le jeu", s'agace le maire du IIIe arrondissement Pierre Aidenbaum. "Deux vélos sont restés huit jours devant la mairie ! Ils sont partout, sur des trottoirs de 60 cm de large", où piétons et poussettes "ne peuvent plus circuler".

Les start-ups assurent faire preuve de "pédagogie", avec des mesures "incitatives", comme des bonus/malus attribués en fonction des comportements. "Une trentaine" d'agents repositionnent aussi les vélos, précise Ofo.

Cette activité demande "beaucoup de moyens" logistiques et humains et "des vélos solides", ce qui "n'est pas encore vraiment le cas", estime David Belliard, co-président du groupe écologiste.

La mairie de Paris, qui a promis "d'encadrer et réguler" le service, espère financer de nouveaux "emplacements dédiés" grâce à une redevance imposée aux opérateurs. Le tarif serait "similaire" à celui de Lille -11 euros par vélo/an- et pourquoi pas "progressif" en fonction du nombre de vélos, précise Christophe Najdovski, adjoint EELV aux Transports. Chez Obike, on craint "l'ampleur" de cette taxe, qui pourrait "couler le secteur".

La ville a aussi demandé au gouvernement d'instaurer "une licence d’exploitation", définissant des obligations en matière de maintenance, transparence, ou qualité de service.

En attendant, start-ups et mairie doivent toujours définir un "code de bonne conduite", pour lequel une réunion est prévue mercredi.

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