Lynchage d'un étudiant au Pakistan : un enseignant dit sa peur

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Par AFP
Publié le 18 avril 2017 - 16:39
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Sur le site du lynchage d'un étudiant en journalisme, le 13 avril 2017 à Mardan au Pakistan
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© ABDUL MAJEED / AFP/Archives
Sur le site du lynchage d'un étudiant en journalisme, le 13 avril 2017 à Mardan au Pakistan
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Un enseignant pakistanais a raconté sa panique lorsqu'il a été pris à partie pendant le lynchage d'un étudiant aux idées libérales par une foule déchaînée, une attaque dont les images atroces ont relancé le débat sur la délicate question du blasphème.

Des centaines de personnes ont attaqué jeudi un étudiant en journalisme, Mashal Khan. Dénudé, frappé et blessé par balle, il a été poussé du deuxième étage de sa résidence étudiante à l'université Abdul Wali Khan dans la ville conservatrice de Mardan (nord-ouest).

Mashal Khan était connu pour avoir des idées libérales, exprimées notamment sur Facebook, ce qui lui avait valu d'être accusé de blasphème.

Vingt-deux personnes ont été arrêtées jusque-là pour ce meurtre, intervenu après des prises de position très fermes des autorités pakistanaises contre le blasphème, un crime passible de la peine de mort au Pakistan. De simples accusations ont déjà coûté la vie à des dizaines de personnes.

L'un des enseignants de M. Khan, Ziaullah Hamdard, a expliqué mardi à la chaîne de télévision privée Geo avoir été appelé à la rescousse à la faculté de journalisme où des étudiants s'en prenaient à M. Khan et à un autre étudiant, Abdullah.

Un employé de l'université a menacé de couper M. Khan en morceaux, selon M. Hamdard. Puis la foule a forcé la porte des toilettes où Abdullah s'était réfugié.

"Cela s'est passé en quelques secondes, ils ont brisé la porte, certains avaient des matraques, ils étaient furieux (...) Ils n'écoutaient personne", a dit l'enseignant.

La police est parvenue à mettre à l'abri Abdullah, qui était blessé. A la vue du sang et de la foule, a ajouté M. Khan au micro de Geo, "j'ai perdu courage".

Il s'est précipité vers la résidence des enseignants, mais une vingtaine d'étudiants l'y ont accueilli, l'accusant de cacher M. Khan.

"Ils disaient +tu es un non-croyant+, +tu as caché un blasphémateur+ (...) Ils étaient fous, ils ne m'écoutaient pas. Deux d'entre eux m'ont frappé, ils ont pris mon portable et m'ont enfermé dans la chambre".

Secouru par un autre enseignant, M. Hamdard a été mis à l'abri par la police - mais entre-temps, Mashal Khan, qui s'était caché dans sa chambre d'étudiant, avait été tué.

"Mashal était une lumière. Ils ont éteint une lumière", a dit M. Hamdard, déclarant se sentir tellement coupable qu'il a présenté sa démission.

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