Malte : enquête de 13 journaux européens sur "les coulisses d'un paradis fiscal"

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Par AFP
Publié le 20 mai 2017 - 01:35
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Le logo de Mediapart à Paris le 28 décembre 2016
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© Lionel BONAVENTURE / AFP
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"Treize médias européens ont commencé vendredi à publier les "Malta Files", une enquête sulfureuse sur "les coulisses du paradis fiscal" maltais, que le gouvernement de La Valette, en pleine campagne électorale, a aussitôt rejetée en bloc.

Le site français d'investigation Mediapart promet à travers cette enquête une "plongée dans les coulisses de ce paradis fiscal méconnu, qui préside jusqu'au 30 juin l'Union européenne", affirmant que la petite île de 430.000 habitants privait "les autres pays de deux milliards d'euros de recettes fiscales par an".

Vendredi soir, interrogé par l'AFP, un porte-parole du ministère maltais des Finances s'est contenté de répondre: "Nous n'avons rien à ajouter à ce que nous avons déjà dit", en référence aux démentis des dix derniers jours contre des accusations similaires formulées par un ministre régional allemand.

Selon Mediapart, l'enquête, dont la publication s'étalera sur deux semaines, porte sur de "l'optimisation et de l'évasion fiscales, du blanchiment et de la corruption", et se base sur "la liste complète des personnes et entités impliquées dans les 53.247 sociétés immatriculées à Malte".

Selon le quotidien italien L'Espresso, l'un des 13 médias enquêteurs, la Péninsule est "de très loin" le pays le plus représenté dans les "Malta Files", avec près de 8.000 sociétés maltaises contrôlées par des actionnaires italiens.

"A côtés d'entrepreneurs qui ont créé ou transféré des activités bien réelles, il existe aussi une armée d'émigrés du fisc. Des émigrés de luxe. Il y a des politiques, des managers, des industriels, des financiers, des gens du spectacle et aussi un grand nombre de personnes liées à des clans mafieux", a révélé vendredi l'Espresso sur son site internet.

En France, Mediapart a évoqué "de grands chefs d'entreprise", des multinationales telles que les groupes "Bouygues, Total, BASF, Ikea", des banques comme "Reyl et JP Morgan".

En Allemagne, le Spiegel a cité BMW, BASF, Deutsche Bank, Puma, Merck, Bosch ou Rheinmetall. Le géant aérien Lufthansa possède "18 filiales à Malte", selon l'hebdomadaire, qui écrit que l'entreprise y a installé sa "caisse de retraite".

Contactés par Der Spiegel, les entreprises concernées ont assuré que leur présence à Malte était "légale" et déclarée au fisc maltais.

- "Rien à cacher" -

Le ministre des Finances de l'Etat régional de Rhénanie du Nord-Westphalie, Norbert Walter-Borjans, avait évoqué le 10 mai une enquête sur quelque 2.000 sociétés fantômes enregistrées dans l'île, parfois liées à de grands groupes allemands et suspectées de fraude.

"Trouvez autre chose", avait rétorqué sur Twitter le ministre maltais des Finances, Edward Scicluna. "Depuis quand l'ensemble du registre des sociétés de Malte est-il devenu étranger, off-shore et allemand ?". "Nous n'avons rien à cacher", s'est-il défendu cette semaine auprès de médias allemands.

A La Valette, souvent accusée d'être un paradis fiscal, beaucoup voient dans ces révélations une campagne de dénigrement pilotée par l'Allemagne et le Luxembourg dans le cadre d'une "compétition" avec Malte pour récupérer les entreprises britanniques cherchant un point de chute européen après le Brexit.

L'enquête des "Malta Files" a mobilisé 49 journalistes basés dans 16 pays pendant quatre mois, et dont les "révélations" paraîtront sur deux semaines. C'est justement le temps qu'il reste avant les élections générales maltaises anticipées prévues le 3 juin.

Le Premier ministre maltais, Joseph Muscat (gauche), s'est résolu à remettre son mandat en jeu un an avant son terme en raison de soupçons pesant sur plusieurs de ses proches dans l'affaire des Panama Papers.

Après son ministre de l'Energie et son chef de cabinet, c'est désormais son épouse qui est désormais accusée de détenir un compte off-shore au Panama.

Début avril, Malte s'était attiré les foudres de certains de ses partenaires européens en plaidant pour ralentir le rythme des réformes engagées par Bruxelles contre la fraude et l'évasion en matière d'impôts, craignant que cela n'affecte l'économie européenne.

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