Meurtre de Sarah Halimi : bras de fer judiciaire sur le mobile antisémite

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Par Benjamin LEGENDRE - Paris (AFP)
Publié le 31 janvier 2018 - 18:39
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Le meurtre de Sarah Halimi avait-il un mobile antisémite? La juge d'instruction refusant de se prononcer après neuf mois d'enquête, le parquet et les parties civiles ont saisi la cour d'appel pour tra
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© Jacques DEMARTHON / AFP/Archives
Le meurtre de Sarah Halimi avait-il un mobile antisémite? La juge d'instruction refusant de se prononcer après neuf mois d'enquête, le parquet et les parties civiles ont saisi la c
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Le meurtre de Sarah Halimi, qui a suscité une vive émotion dans la communauté juive et au-delà, avait-il un mobile antisémite? La juge d'instruction refusant de se prononcer après neuf mois d'enquête, le parquet et les parties civiles ont saisi la cour d'appel pour trancher.

La mort violente de cette femme juive orthodoxe de 65 ans en avril dernier à Paris, défenestrée par un jeune musulman, a ravivé le débat sur la persistance d'un antisémitisme dans les quartiers populaires sous l'effet d'un islam identitaire. L'absence à ce jour de requalification en crime antisémite suscite la colère et l'impatience de représentants de la communauté juive.

La nuit du 3 au 4 avril, dans leur HLM de Belleville, Kobili Traoré, 27 ans, s'était introduit dans l'appartement de sa voisine, Lucie Attal, aussi appelée Sarah Halimi. Aux cris d'"Allah Akbar", entrecoupés d'insultes et de versets du Coran, le jeune homme l'avait rouée de coups sur le balcon, avant de la défenestrer. "J'ai tué le sheitan" (le démon, en arabe), avait-il hurlé.

Interné aux lendemains du drame, le suspect avait été mis en examen le 10 juillet pour meurtre, sans que soient retenus la préméditation ni la motivation antisémite, au grand dam des parties civiles.

Quelques jours plus tard, l'affaire Sarah Halimi, un nom qui réveille le souvenir de l'assassinat antisémite d'Ilan Halimi par le "gang des barbares" en 2006, avait pris une tournure politique lorsque le président Emmanuel Macron avait réclamé à la justice "toute la clarté" sur les faits, en présence du Premier ministre israélien.

"Tout laisse penser, dans ce crime, que le déni du réel a encore frappé", avaient accusé dans une tribune une quinzaine de personnalités, dont les philosophes Elisabeth Badinter et Alain Finkielkraut.

- "Bouffée délirante aiguë" -

L'expertise psychiatrique, rendue en septembre, a conclu que le suspect avait été pris cette nuit-là d'une "bouffée délirante aiguë" après une forte consommation de cannabis, mais que ce trouble psychotique n'écartait pas sa responsabilité pénale et n'était "pas incompatible avec une dimension antisémite".

Dans la foulée, le parquet réclamait à son tour que cette circonstance aggravante soit retenue au dossier, à la "satisfaction" des responsables juifs qui l'avait réclamée sans relâche.

Saisie ensuite par Jean-Alex Buchinger, l'avocat des enfants de Sarah Halimi qui réclamait une reconstitution et la requalification des faits en "assassinat antisémite", la juge lui a opposé lundi une ordonnance de refus. Selon elle, les parties civiles ne sont pas fondées à demander la requalification au cours de l'instruction.

La juge a également refusé une reconstitution, au motif que le suspect reconnaissait les faits et qu'il demeurait "fragile", "surtout après une rechute" à l'hôpital psychiatrique.

Les responsables juifs ont vivement critiqué ces refus. "C'est une insulte à (la) mémoire" de Sarah Halimi "et une douleur supplémentaire pour ses enfants et sa famille", a réagi sur Twitter le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Francis Kalifat.

Le parquet de Paris, dont les réquisitions de septembre sont restées sans réponse à ce jour, a saisi l'occasion pour interjeter appel de cette ordonnance, aux côtés des parties civiles.

Si la juge peut néanmoins encore procéder à tout moment à une requalification, il revient donc à la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris de se prononcer: Sarah Halimi a-t-elle été "ciblée" en raison de son appartenance religieuse ?

La question resurgit alors que le Premier ministre Edouard Philippe a dénoncé mercredi "une nouvelle forme d'antisémitisme violente et brutale" deux jours après l'agression d'un garçon de huit ans portant une kippa à Sarcelles (Val-d'Oise).

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