Mondial-2022 au Qatar : un juge français enquête sur des accusations de "travail forcé" visant Vinci
Un juge d'instruction a été chargé d'enquêter sur les activités du groupe de BTP Vinci au Qatar après des accusations de "travail forcé" et de "traite d'êtres humains" sur les chantiers du Mondial-2022, a-t-on appris de sources concordantes mardi.
L'instruction a été ouverte le 25 novembre 2019 par le doyen des juges d'instruction de Nanterre Serge Tournaire après des plaintes déposées depuis la fin 2018 par les organisations Sherpa et Comité contre l'esclavage moderne (CCEM), et sept ex-employés indiens et népalais.
Les plaignants accusent Vinci, Vinci Construction Grands Projets (VCGP), sa filiale qatarie Qatari Diar Vinci Construction (QDVC) et leurs représentants de "réduction en servitude, traite des êtres humains, travail incompatible avec la dignité humaine, mise en danger délibérée, blessures involontaires et recel", selon les termes de la plainte que l'AFP a pu consulter.
Elle fait suite à une enquête menée par Sherpa en Inde en septembre 2018 qui aurait permis de réunir des éléments et témoignages d'anciens travailleurs qui viendraient confirmer la première enquête de l'ONG menée en 2014 au Qatar, selon Sherpa.
Selon l'ONG, les employés migrants de Vinci qui sont employés sur les chantiers de la Coupe du monde travaillent, passeport confisqué, entre 66 et 77 heures par semaine. Et ils seraient entassés dans des chambres exigües aux sanitaires insuffisants, percevant des rémunérations sans rapport avec le travail fourni et menacés de licenciement ou de renvoi dans leur pays en cas de revendication.
Sherpa, qui s'est fixée pour but de défendre les populations victimes des crimes économiques, avait déjà déposé en mars 2015 une plainte à Nanterre contre Vinci Construction Grands Projets et sa filiale au Qatar, mais en février 2019, l'enquête préliminaire a été classée sans suite.
"Vinci réfute toutes les allégations de Sherpa", a réagi le groupe auprès de l'AFP, mettant en avant les "nombreuses initiatives mises en place depuis dix ans au Qatar et qui ont inspiré les nouvelles réglementations sur les droits des travailleurs mises en place récemment par le pays".
Un audit réalisé début janvier 2019 par plusieurs organisations syndicales (CGT, CFDT et CFE-CGC) au sein des activités qataries du groupe avait par ailleurs conclu à l'existence de bonnes pratiques sur place en matière de recrutement et d'emploi.
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