Les choses de la vie

Il y a des grands moments comme cela. Des moments de grâce, où notre bonne vieille télévision nous réserve d’authentiques surprises et nous propose de belles parenthèses. Alors j’ai, comme probablement un grand nombre de mes semblables, partagé hier soir cet hommage cathodique, consenti par notre chaîne franco-allemande, Arte, à l’un des monstres du théâtre et du cinéma français, Michel Piccoli, accompagné pour l’occasion par la magnifique Romy Schneider. Eternelle.

Il y a des petits instants comme cela. Des instants de vie, qui font l’histoire somme toute banale de Pierre, d’Hélène, Catherine et Bertrand, et qui vous interrogent sur votre propre existence et notamment sur ce qui fait la vie des êtres sublimés que nous sommes. Le jeu fictionnel au presque parfait et les plans séquences à hauteur d’humanité nous renvoient le reflet occulté de l’autre moitié de nous-même.

Celle que nous maquillons sous le jeu des convenances. Et pourtant la vie des femmes et des hommes n’est pas un jeu. Jamais.

Il y a des vrais rendez-vous comme cela. Des rendez-vous cinématographiques, où le génie créatif illustre ou anonyme vous transporte dans un ailleurs, proche de vous, bon pour vous. De nos amours inachevés à nos plus grands succès, de nos meilleurs souvenirs jusqu’à nos plus grandes tragédies, seul le grand cinéma sait raviver toutes les flammes de notre vie.

En convoquant au présent les temps passés, et pour un tour seulement, les manèges de notre enfance, nos moments d’innocence, et nos amours insouciants. Souvent.

Il y a des jolies choses comme cela. Des choses anodines, petites et grandes, qui font un chef-d’œuvre et dont on se souvient parfois, mais qu’on empile négligemment souvent. Des pellicules qu’on retrouve et qu’on rembobine pourtant avec joie et mélancolie. Comme Pierre, le héros qui revoit sa vie en accéléré et qui réalise trop tard, grâce au talent de Claude Sautet, qu’il nous en faut finalement peu pour être heureux. Tous ces moments, tous ces instants, tous ces rendez-vous, de vie, aussi futiles et gratuits soient-ils, revêtent, et on l’oublie trop souvent, une importance vitale. Alors sourions, les choses de la vie sont là. Oui là, autour de nous. Serrons nos cœurs. Ouvrons nos yeux. Toujours.

« Là-haut un oiseau passe, comme une dédicace, dans le ciel » … Romy Schneider – La chanson d’Hélène