« Si l'Iran entrait en guerre, ce serait une guerre mondiale »  ?

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Xavier Azalbert, France-Soir
Publié le 08 août 2024 - 13:00
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Embrasement moyen orient
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France-Soir, Pixabay
« Si l'Iran entrait en guerre, ce serait une guerre mondiale » ?
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Cette phrase a dix mois. C'est le titre d'une émission spéciale de France-Inter juste après l'attaque mortelle du 7 octobre 2023. Le temps d’une réflexion pris, j’avais écrit cette tribune pour la paix, la justice et la liberté des peuples ainsi qu’une autre sur le courage de la Paix alertant nos gouvernants et concitoyens sur la gravité sans nom de la situation. Une situation qui demande de se pencher sur l’art du compromis et de garder l’esprit critique. C'est important. Fondamental, même, si on ne veut pas se tromper de sens (celui de l’Histoire), ou ne pas commettre des inversions analytiques qui ne contribueraient qu’à envenimer la situation. Cependant, rien n'y a fait : la question en titre est plus que jamais d'actualité aujourd'hui.

Mais, alors, qui a intérêt à ce que les choses s'enveniment ? Voire entraînent les pays du monde dans une guerre militaire planétaire ? La troisième guerre mondiale que certains, contre l’intérêt général, semblent effectivement appeler de leurs vœux. Et tout cela, « ils » l'annoncent comme étant inéluctable, et ils s'y préparent ardemment.

En effet, officiellement, le chef de la diplomatie américaine a beau avoir appelé au calme avant-hier

Proche-Orient : Blinken presse l’Iran et Israël d’éviter "l’escalade" vers un "conflit" – L'Express (lexpress.fr), dès lors qu'il a adjoint à ça la réitération du soutien total et indéfectible des États-Unis envers Israël (« Notre engagement à l’égard d’Israël est inébranlable »), on peine à accorder crédit à son positionnement soi-disant modérateur.

Pourquoi ? Premièrement, parce que c'est grâce aux deux guerres mondiales (14-18 et 39-45), que, cumulativement, les États-Unis se sont extirpés de la crise financière catastrophique qui les frappait alors, et qu'ils ont pu asseoir et développer à l'extrême leur hégémonie économique, financière, militaire et culturelle sur l'Occident, l'Afrique et l'Asie. Toutefois, cela, c'était avant l'avènement des BRICS. Or, qu'en est-il aujourd'hui ? Hormis l'exportation assez réussie, dans l'Europe occidentale, de la culture « woke », LGBT++ imposée d’abord aux Américains comme norme, et désormais en phase avancée d'institutionnalisation en Europe occidentale... plus rien ! Cela marque la dérive quasi-totale des États-Unis dans les domaines qui, il y a peu, étaient encore leurs domaines d'influence privilégiés. Ceux, même, où, carrément, ils bénéficiaient d'un monopole décisionnaire. Je pense tout particulièrement à la mainmise sur le pétrole, évidemment, via sa commercialisation en dollar et totalement sous leur contrôle ; cette mainmise dont la continuation fut la raison véritable de la guerre en Irak post attentats du 11 septembre 2001. Je pense également à la puissance économique des États-Unis de naguère, à savoir avant que la Chine ne les supplante, et ceci avec dorénavant un monopole dans la production des composants informatiques. Et bien sûr aussi leur perte drastique d'influence dans l'Eldorado des pays du G7 : l'Afrique.

Dans ce domaine précis, en plus de la Chine, la Russie s'est invitée au bal. Ceci avec pareillement un appétit insatiable.

Et il semblerait, à cet égard, que pour ce qui est de l'extrême nord-est de l'Afrique, à savoir la région qu'on appelle communément « le Moyen-Orient », la Russie l'ait inscrit à son menu à la fois en tant qu'entrée et tant que plat de résistance. L'entrée, car s'y installer en qualité d'interlocuteur privilégié lui ouvrirait la porte à une domination sans partage dans toute la région. Et, le plat « de résistance », car effectivement, d'une part, c'est là-bas que l'essentiel de la résistance à l'occident s'est concentrée, et, d'autre part, c'est également là-bas que se situe le verrou politique qu'il importe de faire sauter, pour quiconque, pays ou coalition, veut substituer son influence à celle que les États-Unis y exercent depuis 1948, date de la création de l'État Israël. Une construction 100 % américaine, et un pays qui, sans le soutien politique, financier, industriel et militaire de l'OTAN, n'aurait plus de matérialité depuis très longtemps.

D'où la visite qu'a faite en Iran, hier, le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Sergueï Choïgu, avec ce titre quant à l'objet de sa venue : « Discussions cruciales avant une confrontation inévitable avec Israël. »

Et, Israël dans tout ça ? Objectivement, il est difficile de nier que l'état Hébreux a depuis longtemps agi pour que les choses ne s’apaisent pas, et continue de le faire. Le constat est là : la recherche d’un envenimement qui tourne à l'affrontement militaire, et contribue à entraîner l'Otan dans son sillage. Pourquoi ? Parce que sans une guerre militaire conduisant à l'éradication politique de tous les pays qui s'opposent au développement territorial revendiqué par Israël, c'est l'État Hébreux qui connaîtra ce sort. C'est inévitable. C'est simplement une question de temps. Est-ce, comme ils sont pleinement conscients de cela, que les dirigeants israéliens actuels sont dans l'escalade permanente, tant sur le terrain que dans leur discours ? La question mérite d'être posée.

Et c'est triste à dire, car intrinsèquement funeste pour tous les peuples du monde, les dirigeants israéliens actuels sont quelque part aidés à cela par les dirigeants palestiniens.

Par exemple, voici ce qu'a déclaré Hassan Nasrallah, le leader du Hezbollah, dans une allocution retransmise mardi en direct, consécutivement à l'assassinat par les Israéliens du chef du Hamas : « Le Hezbollah ripostera seul ou dans le cadre d’une réponse unifiée de l’Iran et de ses alliés dans la région. »

Une perche tendue aux dirigeants israéliens qui a permis à l'État hébreu d'en remettre une couche dans la foulée, en faisant part, d'une façon similaire (tambours et trompettes), de sa volonté « d'éliminer rapidement » Yahya Sinouar, le nouveau chef du Hamas fraîchement nommé.

Hélas pour tous les pauvres gens qui vont y perdre tous leurs biens, ou qui vont y laisser leur vie (ou les deux) si cette guerre « Iran-Israël » intervient, trop de responsables politiques et des lobbys aussi puissants que dangereux, ont intérêt à ce que le Moyen-Orient s'embrase.

J'espère me tromper, mais je crains fort que nous allions tout droit vers cette catastrophe. Que rien ne pourra l'empêcher, sauf à ce que, partout dans le monde, et en Occident tout particulièrement, une mobilisation massive de la population fasse pression sur leurs gouvernements respectifs. Et contraigne ceux-ci à renoncer à envoyer à la guerre, une guerre synonyme d'abattoir, leurs fils et leurs filles par dizaines de millions, voire par centaines de millions, pour ne pas dire par milliards. Une boucherie de masse à laquelle, comme toujours, ceux qui l'auront déclenchée y échapperont.

Pardi ! La guerre, ils sont d'accord pour la faire, c'est uniquement parce qu'ils savent qu'eux-mêmes n'y succomberont pas. Il n'a donc jamais été aussi important d'avoir le courage de la Paix et de soutenir tous ceux qui non seulement prônent la Paix, mais le démontrent jour après jour avec leurs actes. 

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