Un autre son de cloche. A écouter avant de se forger opinion.

Auteur(s)
Xavier Azalbert, France-Soir
Publié le 25 septembre 2024 - 12:40
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Ecouter tous les sons de cloche
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Un autre son de cloche.
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Comme annoncé dans l’édito « la paix ou la mort » publié ce 22 septembre 2024, je reviens sur l'autre son de cloche qui existe effectivement, fort heureusement pour les peuples du monde, car il est à l'opposé de celui que les « va-t-en guerre dirigeants occidentaux » font résonner. Un son de cloche « en réponse aux deux (sons de) cloches que sont Emmanuel Macron et Stéphane Séjourné » soufflé par un proche de Matignon. Il en a profité pour ajouter, en faisant référence au slogan de Pathé Marconi, « enfin, c'est peut-être qu'un son de cloche, car Séjourné, c'est un peu la voix de son maitre ! ». Et, son image, devrais-je rajouter pour être fidèle au slogan.

Image de Villemot - 1960

Si Emmanuel Macron ne s'était pas montré lui-même injurieux à l'égard de la fonction présidentielle, des esprits mal placés pourraient soutenir qu'en reproduisant ici, en public, ces mots que cet introduit m’a prononcés, j'aurais publiquement manqué de respect envers la fonction présidentielle. 

Mais, tel n'est donc pas l’idée de cette métaphore caricaturale. Il est donc opportun de rappeler les contours qui la caractérisent. En effet, depuis son arrivée jupitérienne à l'Élysée, le président n'a eu de cesse de porter atteinte au statut de la fonction présidentielle, à la tourner en ridicule tant en France qu'à l'étranger. Grossièretés (1), postures insanes durant le débat d'entre-deux-tours de l'élection de 2022, propos condescendants envers des Chefs d'État Africains, ses délires psychédéliques lors de la Coupe du monde de football et le caractère gênant et déplacé des congratulations et « calinothérapie » imposées aux athlètes pendant « ses » Jeux olympiques, ses frasques officielles font légion. 

Et, surtout, c'est la vérité ! Notre actuel Président, et son dorénavant ex-ministre des Affaires étrangères, sont tous deux de piètres intervenants, en matière de diplomatie internationale.

D'où la pertinence absolue, en l'occurrence, de cette réplique du film « 100 mille dollars au soleil » signée Michel Audiard, que Jean-Paul Belmondo lance à Andréa Parisy, à propos d'une altercation physique entre deux routiers, que le moins corpulent d'eux a jugé opportun d'éviter :

« Tu sais, quand les types de 130 kilos disent certaines choses, ceux de 60 kilos les écoutent. »

Paris-Match aurait bien sûr rajouté « le poids des mots » sans oublier « le choc des photos ».

Car quel est-il, cet autre son de cloche ? Et qui l'a fait résonner en son et en image ?

C'est le son que Sergei Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Russie, a fait résonner, lundi 16 septembre 2024, dans le monde entier, lors de l'intervention qu'il a faite, en séance, aux Nations Unies.

De nombreux observateurs spécialistes de la diplomatie, tant américaine, que russe ou française, n’ont pas manqué de me faire remarquer que « tant niveau prestance que question qualité - et surtout crédibilité !, comparés à Sergei Lavrov, Emmanuel Macron et Stéphane Séjourné paraissent infantiles et ont un standing qui les relègue en seconde division avec des communications virant au ridicule ». Ce commentaire sévère prend toute sa mesure au constat de la relégation de la France en seconde division sur la liberté d'expression (démocratie défaillante dans le classement de The Economist) et sur la scène géopolitique, notre niveau d'endettement atteignant des niveaux jamais vus et proches de l'intervention de l'Union européenne. Ce qu'un ancien membre de la Représentation Nationale me fit remarquer lors d'une entrevue récente, « leur approche est pitoyable non seulement en diplomatie internationale, mais également en diplomatie tout court, et que dire de la gestion ».

Que l’on soit d'accord ou pas avec les tenants et les aboutissants du conflit russo-ukrainien, l'esprit critique devrait nous obliger à entendre tous les sons de cloches avant de se forger opinion. Je vous invite donc à l'écouter afin de constater les dires de cet homme d'État. Dans cette allocution, il dresse un constat géopolitique. Libre à vous de le considérer et d’apprécier ou non, son objectivité, son impartialité, son authenticité sur qui veut la guerre et qui veut la paix depuis 1945. Libre à vous de l'entendre énumérer avec calme, clarté, précision et pertinence, les faits qui conduisent à ce constat. Ceci sans jamais, ni manquer de respect à quiconque, ni nommer expressément les responsables du chaos perpétuel qui perdure depuis 1945. Les mêmes qui aujourd'hui veulent nous entraîner dans une troisième guerre mondiale, à savoir les États-Unis d'Amérique, version actuelle par l'entremise de l'Otan qui apporte ce vent de destruction plutôt que de garantir la paix. En effet, leur  volonté expansionniste infinie, combinée avec l'influence impériale et colonialiste britannique, semble désormais bloquée par les B.R.I.C.S : l'entente politique, économique et militaire à laquelle le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et Afrique du Sud sont parvenus, et aux avantages dans ces trois domaines dont ils veulent faire profiter tout pays qui voudra les y rejoindre, notamment les pays Africains.

Enfin, malgré le discours belliqueux à l'extrême, que les dirigeants occidentaux tiennent à l'encontre de la Russie et qui mène au casus belli, Sergei Lavrov a terminé le sien comme les dirigeants russes ont ponctué tous les leurs depuis le début du conflit en Ukraine, à savoir en réitérant qu'en dépit des désaccords profonds manifestes, passés et en cours, la Russie privilégie la négociation, et tend la main aux occidentaux en ce sens.

Pourquoi ? Tout d'abord, parce qu'il a suffisamment d'espace et de ressources sur Terre, pour que tous les peuples du monde puissent y vivre en pays dans un monde d'échange et d'entraide plutôt qu'un monde « de prédation » (discours de Vladimir Poutine de 2018), et dans un second temps parce que rien n'est pire que la guerre, a fortiori nucléaire, puisque synonyme de fin de l'humanité. Ce qui donne encore plus de sens aux mots de JFK en 1963 : « si l'humanité ne met pas fin à la guerre, alors la guerre mettra fin à l'humanité ». 

Toutefois, la Russie reste ferme. Elle a rappelé, à qui doit l'entendre, que selon la doctrine nucléaire russe, une menace contre la souveraineté de l'État russe, autorise, de sa part, une réponse nucléaire.

Les députés européens, en votant vendredi dernier l’autorisation de frappes profondes en Russie, ne semblent pas réellement avoir compris. En revanche, le message semble avoir été entendu cinq sur cinq par les dirigeants américains.

Si-si !

Hier, lors d'une conférence de presse organisée exprès pour, ils ont fait savoir que, non-non-non, jamais, ô grand jamais, ils n’ont dit qu'ils allaient fournir à l'Ukraine, des missiles pouvant frapper le cœur de la Russie.

Rétropédalage ou un « misunderstanding », qu'importe, l'essentiel est là : une fois n'est pas coutume, c'est l'escalade guerrière qui a pris du plomb dans l'aile.

 

1) « J'ai très envie d'emmerder les non-vaccinés », « ça m'en touche une sans bouger l'autre », etc.

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