Immunité, vaccins, effets indésirables, traitements : l'analyse de Jean-Marc Sabatier

Auteur(s)
Estelle Fougères, pour FranceSoir
Publié le 29 décembre 2021 - 20:01
Mis à jour le 31 décembre 2021 - 11:36
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Jean-Marc Sabatier, le grand entretien partie 1
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Jean-Marc Sabatier, directeur de recherches au CNRS
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Que savons-nous de l’immunité ? Comment celle-ci se mobilise-t-elle lors d’une infection ou d’une vaccination ? Qu’est-ce que l’immunité innée non spécifique ? Et l’immunité adaptative ou acquise ? Comment les vaccins ont-ils été élaborés ? Ont-ils encore une efficacité sur les nouveaux variants ? Quelle dangerosité pour le nouveau variant Omicron ?  Que sont les phénomènes ADE (Antibody Dependent Enhancement) et ERD (Enhanced respiratory disease) ? Qu’en est-il des effets secondaires de la protéine Spike vaccinale ? Des injections répétées et multiples peuvent-elles conduire à un dérèglement durable du système immunitaire ? Quel rôle la vitamine D peut-elle avoir sur la prévention de l’infection ?

Tels sont les grands thèmes abordés par Jean-Marc Sabatier, directeur de recherche au CNRS et docteur en biologie cellulaire et microbiologie, affilié à l’institut de neuro physiopathologie à l’université d’Aix-Marseille, avec qui nous nous sommes entretenus. Nous précisions que Jean-Marc Sabatier s'exprime ici en son nom.

 

Aujourd’hui, nous publions la première partie de cet entretien.


Estelle Fougères - Bonjour professeur Sabatier. Vous êtes directeur de recherche au CNRS et docteur en biologie cellulaire et microbiologie, affilié à l'Institut de neuro-physiopathologie à l'Université d'Aix-Marseille. Vous avez participé aux nouvelles études de modélisation aux côtés des chercheurs et des professeurs Jacques Fantini, Patrick Guérin, Nouara Yahi, Fodil Azzaz et Henri Chahinian.

Jean-Marc Sabatier - Oui, c'est ça.

Estelle Fougères - Cette étude a porté sur les nouveaux variants, l'efficacité des vaccins en fonction des nouveaux variants, les réponses immunitaires, cellulaires et humorales. Et pour ces dernières, ce qu'on appelle l'équilibre entre les anticorps neutralisants et les anticorps facilitant l'infection. Il existe un sujet qui n'est peut-être pas connu de tout le monde. Lorsqu'on pense anticorps, on pense neutralisation. Ce qui est peut-être une erreur. Pouvez-vous nous rappeler ce qui se passe lors d'une infection ou d'une vaccination avec les différents types d'anticorps.

Jean-Marc Sabatier - Oui. Lorsque vous injectez un antigène à un hôte ou bien un vaccin qui va produire l'antigène — c'est le cas, par exemple, des vaccins à ARN messager ou à adénovirus qui vont produire la protéine Spike, vous présentez l’antigène, la protéine Spike, au système immunitaire. Le système immunitaire se mobilise pour combattre cet antigène. Il apprend à le reconnaître par la vaccination. Le système immunitaire a deux bras. Le premier, l'immunité humorale, qui repose sur les anticorps. Le second, qui repose sur l'immunité cellulaire. Ce sont deux immunités qui marchent de concert.

La première fois que l'organisme rencontre un antigène ou le virus, c'est l'immunité innée qui se met en route. C'est une immunité qui est tout d’abord immédiate, c'est-à-dire dès qu'on est en contact du microbe (cela peut être un virus, mais aussi une bactérie, un parasite ou un champignon). Elle est aussi dite non spécifique, c'est-à-dire qu'elle va être globalement la même, quel que soit le microbe auquel on est confronté. Cette immunité implique un certain nombre de types de cellules du système immunitaire, principalement les monocytes circulants, les macrophages, les cellules dendritiques, les granulocytes. Dans les granulocytes, il y a les granulocytes éosinophiles, les neutrophiles, les basophiles et les mastocytes. Et puis aussi les cellules NK (Natural Killer = cellules tueuses), qui sont à l'interface entre l'immunité innée et l'immunité adaptative ou acquise. Cette immunité innée est immédiate et très puissante, notamment chez les enfants.

En ce qui concerne l'immunité adaptative ou acquise, celle-ci se déclenche quelques jours (environ 4 jours) après l’immunité innée, elle est spécifique au microbe, et s’inscrit dans la durée. Elle repose sur les lymphocytes B qui produisent les anticorps (l’immunité humorale) quand ils sont activés en plasmocytes ainsi que sur des lymphocytes T CD8 cytotoxiques, donc, qui expriment le récepteur CD8. Et ce sont des cellules qui sont impliquées aussi dans la reconnaissance des antigènes microbiens lorsqu'ils sont exprimés à la surface des cellules infectées, en l'occurrence la protéine Spike et les autres antigènes viraux dans le cadre d'une infection naturelle.

Estelle Fougères - Si l'on prend l'exemple du Sars-CoV-1 de 2002, les personnes qui l'ont contracté étaient toujours immunisées 17 ans après.

Jean-Marc Sabatier - Oui, tout à fait. Grâce à cette immunité adaptative ou acquise (lymphocytes T CD8+ et lymphocytes B) qui a la caractéristique d’être spécifique. Elle est déclenchée plus tardivement que l’immunité innée, plusieurs jours après qu’une personne a contracté le virus.

Estelle Fougères - Ce que l'on appelle l'immunité humorale, celle testée avec une sérologie, ce sont les anticorps, les immunoglobulines G, A et M (les IgG, les IgA et les IgM). Cette immunité humorale baisse au bout de quelques mois — raison pour laquelle il est demandé d'effectuer des rappels de vaccination. Pour cette immunité humorale, il y a trois sortes d'anticorps.

Jean-Marc Sabatier - Oui, il y a trois sortes d'anticorps. Si on se focalise sur l'immunité humorale, c'est-à-dire sur la production d'anticorps... Lorsque l'organisme voit un antigène, il va produire globalement trois types d'anticorps. Il va y avoir des anticorps neutres, c'est-à-dire qu'ils sont capables, par exemple, de se fixer sur la protéine Spike. Mais a priori, ils ne vont rien faire. On pourrait penser qu’ils ne servent à rien. Ils ne protègent pas de l'infection, ils sont produits, mais ils ne sont pas neutralisants.

Le deuxième type d'anticorps qui sont produits sont des anticorps neutralisants. Ce sont ceux-ci qui sont importants dans le programme de vaccination. Et ce sont ces anticorps qu'on cherche à produire avec les rappels à la vaccination. On essaie d'avoir un maximum d'anticorps neutralisants parce que ce sont ces anticorps qui se fixent sur les virus et qui les empêchent d'infecter les cellules. Ils neutralisent l'infection.

Et puis, vous avez le troisième type d'anticorps : les anticorps facilitants. Ces derniers vont faire exactement l'inverse des anticorps neutralisants. Ils vont faciliter l'infection des cellules par le virus. Ils sont donc problématiques et on n’en veut absolument pas dans le cadre de la vaccination.

Estelle Fougères - Aujourd'hui, il y aurait des problèmes avec le vaccin qui a été élaboré à partir de la souche sauvage de Wuhan. Le virus mute sans cesse et lorsque les mutations sont très importantes, on parle de variants. Depuis bientôt deux ans, il y a eu quelques variants et quelques sous-variants. Et l'étude à laquelle vous avez participé, avec les autres chercheurs, montre que ce sont bien plus les anticorps facilitants que neutralisants qui apparaissent avec les nouveaux variants.

Jean-Marc Sabatier - Oui, c'est ça. Lorsque vous injectez une composition vaccinale dans le cadre des vaccins à ARNm ou à adénovirus, vous faites produire par vos cellules de la protéine Spike. Cette protéine Spike, présentée au système immunitaire, possède un certain nombre de domaines au sein de la protéine que le système immunitaire reconnaitra (il s’agit d’épitopes).

Quand le système immunitaire voit la protéine Spike, il ne la reconnaît pas dans son intégralité. Si vous imaginez par exemple que la protéine Spike est un collier de perles et que chaque perle est un résidu d'acide aminé, vous avez un collier qui fait 1 273 perles correspondant aux 1 273 résidus d'acides aminés de la protéine Spike. Pour autant, le système immunitaire ne va pas reconnaître toutes les perles du collier. Il va reconnaître des groupes de perles. Il faut savoir aussi qu’il existe globalement 20 types de perles différentes permettant de fabriquer un collier, certaines de ces perles pouvant être modifiées.

Comme il s’agit d’un enchaînement de perles, le système immunitaire va reconnaître un domaine du collier où il y a, par exemple six perles, un autre domaine où il y en a, par exemple, sept ou huit. Et ces domaines sont répartis le long du collier.

Le système immunitaire peut aussi reconnaître des arrangements de perles dans l'espace, c'est-à-dire que vous pouvez avoir dans le collier, des perles qui sont éloignées au sein du collier, mais qui se trouvent proches dans l’espace du fait de la forme particulière du collier.

Et vous pouvez avoir un anticorps qui va être dirigé contre plusieurs perles qui sont dans des endroits différents du collier mais qui sont proches dans l'espace. Ces perles constituent un épitope conformationnel. Ainsi, au niveau de la protéine Spike, il y a des domaines que l’on appelle épitopes conformationnels qui vont être reconnus par des anticorps dirigés contre des arrangements de perles qui sont normalement éloignées au sein du collier.

Par exemple, l’anticorps va éventuellement reconnaître la perle qui est en position 1 et une perle en position 100 ou une perle en position 250. En résumé, l’anticorps reconnaît soit des épitopes linéaires, c'est-à-dire des enchaînements de perles successives, par exemple, il va reconnaître de la perle 7 à 14 (donc les perles 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14). Et il y a d'autres anticorps conformationnels, donc dirigés contre des épitopes conformationnels, qui pourraient reconnaître, par exemple, la perle 10, 12, 120, 250. Mais est-ce que toutes celles-là se retrouvent dans l'espace très proche ? Cela peut se produire parce que le collier a pris une forme spécifique dans l'espace, c’est-à-dire une certaine structure tridimensionnelle qui rapproche ces perles. Et à ce moment-là, vous avez le système immunitaire qui peut reconnaître un tel domaine.

Ainsi, il y a des régions dans la protéine Spike — ou dans d'autres protéines — qui sont immuno-silencieuses, c'est-à-dire que le système immunitaire ne voit pas. Lorsque vous faites produire par l'organisme de la protéine Spike avec des ARN messager (par exemple, dans le cas des vaccins Pfizer/BioNTech, ou Moderna), il va produire ce long collier de 1273 perles et le système immunitaire va spontanément reconnaître des domaines, c'est-à-dire des groupements de perles, que ce soit des groupements séquentiels (perles qui se suivent) ou bien alors des perles spatialement proches. Et donc les anticorps produits vont reconnaître certains domaines appelés épitopes B (reconnus par les lymphocytes B). Et ce sont des domaines qui vont générer la production d'anticorps qui peuvent être soit neutres, soit neutralisants, soit facilitants.

Estelle Fougères - Vous avez écrit dans l'étude que les anticorps neutralisants sont reconnus de façon très aléatoire en fonction des variants, tandis que les anticorps facilitants sont conservés chez tous les variants en circulation. Et si nous reprenons l'histoire avec tous les grands variants que nous avons eus et que nous les confrontons à la vaccination, savons-nous jusqu'à quel variant la vaccination a fonctionné ?

Jean-Marc Sabatier - C'est une dérive progressive. La transition n'est pas flagrante. Il s’agit d’une analyse prédictive, c'est-à-dire que ce n'est pas basé sur de l'expérimentation, ce ne sont pas des constatations de phénomènes de facilitation qui ont été observés avec tel variant et pas un autre. Ce sont des prédictions par rapport aux différents sites antigéniques, c'est-à-dire aux différents épitopes qui ont été décrits sur des variants.

Pour le Sars-CoV-1 de l'épidémie de 2002, il y a des études qui ont été réalisées et certains épitopes facilitants ont été mis en évidence. Cela signifie que ce sont des régions de la protéine Spike du Sars-CoV-1, de l'ancien coronavirus, dont on sait qu'elles font produire des anticorps qui, à la place de neutraliser l'infection, vont faciliter l'infection.
Donc, ce sont des épitopes dit facilitants qui suivent le phénomène ADE. ADE c'est l'abréviation de Antibody-Dependent Enhancement ce qui signifie : facilitation de l'infection par les anticorps.

Estelle Fougères - Un membre de l'équipe de chercheurs a expliqué pourquoi la forme avait été plus grave à Wuhan qu'ailleurs. Certaines personnes en Chine avaient été déjà infectées par le Sars-CoV-1 de 2002-2003. Et lorsque le Sars-CoV-2 arrive à Wuhan fin 2019, l'infection a été plus grave puisque c'étaient des anticorps facilitants qui existaient avec le nouveau coronavirus.

Jean-Marc Sabatier - Oui. Pour vous expliquer schématiquement, quand vous présentez un virus, par exemple, le virus Sars-CoV-2 de Wuhan, à votre système immunitaire, vous allez produire des anticorps contre cette protéine Spike de Wuhan. Il s'agit de la structure du virus de 2019. Celui-ci a des épitopes bien définis au niveau de sa protéine Spike puisque la souche est bien caractérisée. Par conséquent, il y a des domaines qui sont facilitants, d'autres neutralisants et neutres. Vous allez donc avoir à la fois des épitopes B qui sont neutres, des épitopes B qui vont être neutralisants et des épitopes B qui vont être facilitants. Le système immunitaire a répondu de manière classique et il n'y a pas de problème spécifique à ce stade. Le problème peut survenir ultérieurement et se produire lorsque vous êtes infecté par un autre sérotype viral, c'est-à-dire par un autre variant du Sars-CoV-2 qui va suivre le phénomène ADE, c'est-à-dire pour lequel le phénomène ADE de facilitation par les anticorps existe. À ce moment-là, c'est problématique parce que vous allez avoir des anticorps qui vont faciliter l'infection. Ce qui signifie que si les personnes qui ont été vaccinées avec le vaccin fait à partir du virus Sars-CoV-2 d'origine, celui de Wuhan, sont infectées par la suite par un autre variant (Delta, Omicron ou autre), elles pourraient faire des formes plus sévères de la maladie, justement parce que ces anticorps facilitants sont là (ces anticorps facilitants vont se fixer sur le nouveau variant/sérotype du virus). Ces complexes entre le nouveau virus et les anticorps facilitants vont être reconnus par des cellules de l'immunité innée, notamment les monocytes, les macrophages et les cellules dendritiques parce que ces cellules ont à leur surface un récepteur appelé Fc-gamma R2A (voire même un autre récepteur Fc-gamma R2B), qui a la particularité de reconnaître la fraction constante des anticorps.

Les anticorps présentent une structure schématique en Y. Vous avez les deux barres du Y qui contiennent à leurs extrémités les paratopes. Ces paratopes sont tous deux identiques et reconnaissent les épitopes, c'est-à-dire des régions de la protéine Spike contre lesquels ils sont dirigés. Et la barre du Y, la fraction constante de l'anticorps, va être reconnue par le récepteur Fc-gamma R2A (voire Fc-gamma R2B). Ainsi, les cellules du système immunitaire inné (monocytes, macrophages, cellules dendritiques) qui expriment ces récepteurs vont reconnaître les complexes binaires de l'anticorps facilitant fixé sur le virus, et vont phagocyter ces complexes dans le but de neutraliser le virus. En faisant cela, les cellules s’infectent elles-mêmes avec le nouveau variant du Sars-CoV-2.

En d'autres termes, ces anticorps facilitants vont faire l'inverse des anticorps neutralisants : ils vont aider le virus à infecter ces cellules du système immunitaire, et favoriser l’infection des cellules dendritiques, des monocytes, et des macrophages. Tout cela étend encore le tropisme cellulaire du virus, puisque le phénomène ADE aide aussi le virus à infecter de nouveaux types cellulaires. Ce phénomène rend le virus plus dangereux parce qu’il facilite l'infection.

Estelle Fougères - Dans ce cas, si l'on peut penser que la vaccination pouvait avoir une action sur la souche sauvage et peut-être sur quelques variants qui venaient juste après elle, qu'en est-il pour les nouveaux variants ?

Jean-Marc Sabatier - La balance anticorps neutralisants/anticorps facilitants était favorable pour les variants Alpha et Beta du Sars-CoV-2. Pour les derniers variants dont le Gamma, Delta, Lambda et Mu, c'est la tendance inverse qui s’observe, avec une balance anticorps neutralisants/anticorps facilitants défavorable. Cela signifie que la balance est plus favorable en faveur des anticorps facilitants par rapport aux anticorps neutralisants alors qu’initialement la balance anticorps neutralisants/anticorps facilitants était très favorable aux anticorps neutralisants, c'est-à-dire que le vaccin était efficace en termes de neutralisation. Il y a eu une dérive progressive qui a conduit à une balance anticorps neutralisants/anticorps facilitants défavorable.

Et lorsqu'on va faire des rappels vaccinaux multiples (troisième, quatrième, voire cinquième injection, etc.), le rapport bénéfice/risque de la vaccination va être de plus en plus défavorable. À vouloir trop protéger en faisant produire des anticorps neutralisants, finalement, on fait l'inverse. On va donc augmenter la proportion d'anticorps facilitants par rapport aux anticorps neutralisants. Nous n’aurons plus de protection vaccinale, mais au contraire une facilitation vaccinale, avec une infection cellulaire facilitée. Ainsi, les personnes qui seront infectées par les nouveaux variants pourront faire des formes plus sévères que si elles n'étaient pas vaccinées. Heureusement, le très contagieux variant Omicron, qui se répand actuellement à travers le monde, est peu dangereux avec une létalité à ce jour 7 fois inférieure à celle du variant Delta (encore majoritaire), lui-même 4 fois moins létal que le virus d’origine de Wuhan. L’émergence de variants du Sars-CoV-2 de moins en moins létaux, bien que plus contagieux, rend le phénomène ADE moins problématique.

Estelle Fougères - Vous et les autres chercheurs avez décidé de publier une étude en pré-print afin que le vaccin soit adapté au plus vite puisque le vaccin actuel pose de sérieux problèmes d’efficacité et d’innocuité.

Jean-Marc Sabatier - C'est exact, en voulant améliorer l'immunité des personnes vis-à-vis du Sars-CoV-2 avec des rappels vaccinaux basés sur une protéine Spike obsolète (car issue du virus initial de Wuhan qui ne circule plus depuis près de 18 mois), on fait l'inverse, c'est-à-dire qu'on va les fragiliser. Les personnes infectées par certains variants pourraient ainsi développer plus facilement des formes sévères ou létales de la maladie.

Estelle Fougères - Compte tenu de ce que nous venons de dire et des propriétés de ce virus qui mute rapidement, la vaccination est-elle l'outil approprié. Et même si la fabrication d'un nouveau vaccin peut aller plus vite avec la technique ARN messager, la rapidité de mutation du virus ne va-t-elle pas mettre en échec la vaccination ?

Jean-Marc Sabatier - Il y a deux choses. Nous avons une chance (relative) avec le Sars-CoV- 2. Nous observons une évolution classique en virologie, puisque ces virus deviennent de plus en plus infectieux, mais de moins en moins méchants. Les nouveaux variants (Delta, Omicron) sont capables d'infecter plus facilement les cellules et se propagent donc plus vite grâce à une contagiosité supérieure. Ils évoluent pour être plus contagieux. Mais parallèlement, on voit que les variants émergents (Omicron) sont de moins en moins virulents et létaux. Ces variants apparaissent à un rythme accéléré du fait de la pression de sélection exercée par la vaccination, notamment en période pandémique.

Estelle Fougères - Effectivement, on l'a vu avec le Delta, qui était beaucoup plus contagieux. Si nous reprenons l'index calculé par le professeur Jacques Fantini pour Omicron, il arrive au résultat que le variant Omicron serait pratiquement 3 fois moins contagieux que le Delta. Dans ce cas, s'il est moins contagieux, est-ce que ça veut dire qu'il est plus dangereux ? Pour le moment, on n'en a pas l'impression. Puis il ajoute dans une dernière étude qu'Omicron ne devrait s'imposer que régionalement et que Delta devrait rester dominant puisque le T- Index de Delta est de 10,67 alors que celui d'Omicron est de 3,90. Je voulais avoir votre impression, savoir ce qu'il en est aujourd'hui, puisque cette étude a déjà quelques jours et que les choses vont très vite. Et aussi reprendre une réflexion du professeur Bernard la Scola qui dit qu'un virus, par exemple, Delta est très transmissible au départ mais que les choses peuvent changer lorsqu'il arrive en fin de course. Or, Delta a déjà contaminé beaucoup de gens.

Jean-Marc Sabatier - En effet, le variant Delta reste très présent au niveau mondial, mais est en passe d’être supplanté par le variant Omicron.

Les données actuelles suggèrent fortement que le variant Omicron supplantera Delta dans un avenir proche. Sa progression dans les divers pays est spectaculaire, notamment dans les pays pour lesquels le taux de vaccination est très élevé. Ce variant est particulièrement résistant aux vaccins et son tropisme muqueux pour les voies aériennes supérieures le rend moins accessible au système immunitaire mais aussi moins dangereux et plus transmissible que d’autres variants.

Estelle Fougères - Le T-index d’Omicron est de 3,90.  Il est donc bien moins grand que celui de Delta, qui est de 10,67 et qui a donc une transmissibilité presque 3 fois plus grande. Cependant, malgré ce facteur, compte tenu du fait que Delta est présent déjà depuis plusieurs mois et dans le monde entier, peut-on imaginer que Delta est en bout de course et qu'Omicron puisse prendre le relais et s'imposer comme étant le nouveau variant dominant ?

Jean-Marc Sabatier - Oui, Omicron devrait rapidement prendre le relai du Delta. Ce qui est important, c'est que sa dangerosité est moindre que le Delta, et bien sûr, bien moindre que la souche initiale de Wuhan. Le Delta est à peu près quatre fois moins dangereux que la souche de Wuhan qui a disparu en quelques mois, et qui ne circule plus depuis environ 18 mois. Le variant Omicron ne semble pas dangereux en termes de létalité. Il se répand à grande vitesse depuis quelques semaines bien que la souche ait déjà été détectée il y a des mois. La faible létalité du variant Omicron à ce jour montre clairement qu’il induit principalement des formes légères de la Covid-19. Ainsi, Omicron n’est clairement pas pire que Delta du point de vue de la dangerosité. Les souches deviennent de plus en plus contagieuses, mais dans tous les cas, elles deviennent parallèlement de moins en moins dangereuses.

Estelle Fougères - Comme ils ont relancé la campagne de vaccination également en Angleterre et si je prends en compte toute votre analyse avec les anticorps facilitants qui dominent avec ce nouveau variant, peut-on penser qu'Omicron va s'imposer et que son installation puisse être facilitée par cette campagne de 3ᵉ dose ?

Jean-Marc Sabatier - Oui, parce que plus, on va vacciner et multiplier les doses de rappel, plus on va sélectionner les variants qui sont résistants au vaccin, à savoir les variants qui vont émerger de la vaccination. Comme Omicron n'est pas très méchant, ce n'est pas vraiment gênant.

En revanche, ce qui est le plus préoccupant au regard de la vaccination et qui m’inquiète le plus, ce n'est pas dans l'immédiat le phénomène ADE, c'est la toxicité qui est liée à la protéine Spike vaccinale. Si vous voulez qu’un vaccin soit un très bon vaccin, il faut qu'il réponde à deux choses. Il doit d'abord être efficace contre le microbe contre lequel il est dirigé, donc ici efficace dans la neutralisation du Sars-CoV-2. Efficace aussi bien pour neutraliser l'infection cellulaire que pour bloquer la transmission du virus d'une personne infectée vers une personne saine, non-infectée. Et l'autre point vraiment très important, c'est qu'il y ait une innocuité vaccinale, c'est-à-dire que le vaccin ne soit pas dangereux pour l'organisme qui le reçoit. En d'autres termes, qu'il n'ait pas d'effets secondaires liés à l'injection du vaccin. Il doit être sûr, non dangereux pour l'organisme du vacciné. Et là, actuellement, ce n'est pas le cas.

Estelle Fougères - Nous voyons énormément d'effets secondaires à très court terme, avec des myocardites, des péricardites, des syndromes de Guillain-Barré.

Jean-Marc Sabatier - Des thromboses, des thrombocytopénies, des myocardites et péricardites, des maladies auto-immunes, par exemple, des diabètes, de l'hémophilie acquise, des thyroïdites de Hashimoto, des scléroses-en-plaques, des sclérodermies, des polyarthrites rhumatoïdes, et autres. Ainsi de nombreuses maladies auto-immunes apparaissent ou s’aggravent. Idem pour les cancers et troubles neurologiques.

Si je reviens aux différents diabètes, le diabète de type 2 est dû à une intolérance au glucose tandis que le diabète de type 1 est d’origine auto-immune. On voit les deux qui apparaissent. Pour ma part, c'est sur l’émergence de toutes ces maladies que j'ai alerté.

Ces rappels multiples sont à haut risque pour la santé — à plus ou moins long terme — des personnes qui les reçoivent. Pourquoi ? Parce que l'efficacité vaccinale est devenue quasiment obsolète tandis que les effets délétères visibles et encore invisibles de la protéine Spike sont toujours bien présents et s’intensifient au fil des rappels. Si au départ, il est vrai que le vaccin était capable de neutraliser le virus, aujourd'hui, en revanche, l'efficacité vaccinale est en train s’effondrer. Là, l'efficacité vaccinale réelle est voisine de 20 ou 30 %. Bientôt, dans quelques mois, ce sera proche de zéro, c'est-à-dire qu'elle ne va protéger ni de l'infection ni de la transmission. On le voit déjà. On dit que ça protège contre les formes graves, contre les formes létales de la maladie, ceci est fort probable mais cette protection disparait également au cours du temps.

Estelle Fougères - On dit que le vaccin protège des formes graves. Si l'on reprend les essais cliniques de Pfizer, on constate qu'il y avait zéro mort dans le groupe placebo et zéro mort dans le groupe qui a reçu le vaccin. Et j'ai appris qu'en épidémiologie, on définit les formes graves par rapport aux décès. Comment, dans ce cas, affirmer que le vaccin protège des formes graves ?

Jean-Marc Sabatier - Ceci n’est pas clair parce que récemment, j'ai vu que dans leurs essais, il y avait eu des morts dans les deux groupes. Ces essais prennent un certain temps et comme il y avait des personnes assez âgées et/ou avec comorbidités, il est normal qu'il y ait eu des morts. Et apparemment, il y a eu légèrement plus de morts dans les groupes des vaccinés par rapport aux non vaccinés. Le problème est que depuis, ils ont fait vacciner toutes les personnes qui servaient de contrôle, les non-vaccinées. Ils ont biaisé la chose, en disant qu'il fallait protéger les personnes qui n'avaient pas été vaccinées. Donc ces personnes ont eu droit à des doses de vaccin Pfizer. Et cela pose un problème parce qu'on ne peut plus comparer formellement les populations, les cohortes de vaccinés par rapport aux cohortes de non-vaccinés, parce que finalement, tout le monde a été vacciné.

Estelle Fougères - Au départ, il y a eu un groupe placebo et un groupe de vaccinés et un peu plus tard, on a vacciné tout le monde. Ce qui fait que sur le long terme, on ne peut plus comparer, c’est bien ça ?

Jean-Marc Sabatier - Oui, personnellement, je pense que ça a été probablement volontaire parce qu'on ne peut plus revenir dessus. Et cela ne veut plus rien dire parce qu'on ne peut plus étudier ça de près.

Estelle Fougères - C'est presque une fraude ?

Jean-Marc Sabatier - C'est quelque part frauduleux si c’est avéré. De toute façon, avec ce vaccin, tout n’est pas vraiment clair. Ce qui est clair, c'est qu'avec tous les problèmes d’effets secondaires rapportés, s’il s’agissait de "vaccins normaux", il n'y aurait jamais eu d’autorisation de réaliser puis de poursuivre une vaccination de masse à l’échelle planétaire, avec des rappels multiples. Je veux dire par là que ces vaccins auraient déjà été arrêtés puisque les effets secondaires sont multipliés par 10 par rapport à n'importe quel autre vaccin existant. Une multiplication par 10 par rapport à des vaccins classiques qui sont utilisés depuis 20 ou 30 ans, alors que pour celui-ci, on a une utilisation de la fin de l’année 2020 à 2021. De plus, les effets secondaires relatifs à la vaccination doivent être fortement sous-estimés. Il y a bien un problème de dangerosité potentielle du vaccin, notamment pour l’immunité innée des vaccinés.

Lire la suite de l'interview - partie 2

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