Les bombardements atomiques au Japon (4/4) : autres éléments d'histoire et d'analyse

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Jean Neige, France-Soir
Publié le 17 mai 2023 - 16:00
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Panneau commémoratif des dégâts de la bombe atomique dans une rue d’Hiroshima
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Jean Neige
Panneau commémoratif des dégâts de la bombe atomique, dans une rue d’Hiroshima
Jean Neige
Les origines de la bombe, projet anglo-américain

Ce qui est peu connu et qui ressort de la visite des musées d’Hiroshima et de Nagasaki est que l’idée, la mise au point et l’utilisation de la bombe atomique ne sont pas issues d’un projet simplement américain, mais d’une coopération entre le Royaume-Uni et les États-Unis d’Amérique.

En effet, le Royaume-Uni en guerre contre l’Allemagne avait créé dès avril 1940 le comité MAUD, pour travailler sur la faisabilité de la construction d’une bombe atomique à uranium. En juillet 1941, le comité aboutissait à la conclusion que le projet était faisable et pouvait avoir un effet décisif sur l’issue de la guerre. Le Royaume-Uni demanda alors l’aide des États-Unis, qui n’étaient alors même pas en guerre, pour réaliser la phase expérimentale de ce projet. Cela allait donner naissance moins d’un an plus tard au fameux projet Manhattan. Côté britannique, le projet de création d’une arme atomique s’appelait Tube Alloys. Il y associait le Canada.  Mais leur projet fut in fine intégré au projet américain.

En septembre 1944, comme on l’a déjà signalé dans l’article sur Nagasaki, Américains et Britanniques se sont mis d’accord pour envisager de bombarder le Japon avec la bombe atomique, “après mûre réflexion”. Pourquoi le Japon et pas l’Allemagne ? De crainte que les radiations en Allemagne ne touchent des pays alliés ? Ou parce que le Japon paraissait plus difficile à faire plier ? Ou y avait-il une dimension raciste dans cette approche ?

Le fourbe ultimatum adressé au Japon

J’avais évoqué en introduction de l’article sur Nagasaki ce Japonais en colère contre le président Truman.

Je n'ai pas retrouvé dans le Japon d'aujourd'hui ce genre de réactions hostiles. Si ce sentiment existe dans la société, il semble qu'il soit contenu. Cependant, en complément des éléments déjà indiqués dans l’article sur Nagasaki, on peut en deviner les fondements à la visite des musées. 

J’avais déjà évoqué le fait que, de manière subtile, les Japonais offrent des clefs de compréhension qui permettent de juger que ces bombardements atomiques n'étaient probablement pas indispensables pour mettre fin à la guerre. D’autres éléments qui s'ajoutent à ceux déjà évoqués viennent confirmer cette impression.

Dès le mois de juillet 1945, le Japon avait demandé à l'URSS de Staline de les soutenir dans une tentative de négocier la paix avec les États-Unis. Les dirigeants Japonais étaient déjà conscients qu'ils avaient perdu la guerre, leur pays exsangue étant soumis à des bombardements incessants et dévastateurs contre lesquels ils étaient démunis.

Ils cherchaient des termes qui puissent leur permettre de sauver ce qui pouvait l'être, notamment la face, ce qui est si important dans la culture japonaise. Ils souhaitaient avant tout pouvoir conserver l'Empereur, considéré presque comme un Dieu vivant et si important pour leur identité collective. Selon eux, les Américains étaient tout à fait conscients de cela.

Ce que le Japon ne savait pas en juillet 1945, c'est que Staline, à Yalta, en février de la même année, s'était engagé vis-à-vis des Anglo-Saxons à déclarer la guerre au Japon dans les 3 mois suivant la capitulation de l'Allemagne (c'est ce qui explique la déclaration de guerre de l'URSS au Japon, le 8 août 1945, soit exactement trois mois après la capitulation de l'Allemagne auprès des alliés occidentaux).

En échange, Roosevelt et Churchill avaient accepté que l’URSS s’empare des îles Kouriles. La tentative du Japon de rallier l'URSS à la cause de négociations de paix n'avait donc aucune chance d'aboutir.

Le 25 juillet, à la conférence de Postdam, Truman a présenté au Japon une déclaration qui était en fait une demande de capitulation sans conditions dans laquelle ne figurait aucune garantie de conserver l'Empereur. Au contraire, une formulation un peu vague laissait entendre que l’Empereur pouvait être destitué.

Le Japon, qui aurait considéré la destitution de l'Empereur comme une tentative de destruction de son identité même, a donc décidé d’ignorer ces termes.

À ce moment-là, Truman savait que le premier essai de faire exploser une bombe nucléaire avait été concluant. Et la décision de tester contre une population ennemie cette arme redoutable, susceptible de changer l'ordre mondial de l'après-guerre, avait déjà été prise. Du point de vue américain, il fallait montrer une toute-puissance capable d'intimider tous les rivaux potentiels, en premier lieu l'autre grand vainqueur de la guerre, l'URSS de Staline, dont la puissance commençait à inquiéter les États-Unis et le Royaume-Uni.

Un aspect moins connu, révélé dans les musées japonais, documents à l'appui, était que l'administration Truman cherchait aussi à justifier auprès du peuple américain les sommes colossales investies dans le projet Manhattan, ce projet secret qui avait mobilisé des milliers de personnes pendant trois ans pour produire ces bombes atomiques.

La Déclaration de Postdam avait donc été rédigée de telle manière qu'elle n'ait quasiment aucune chance d'être acceptée. Elle n'était visiblement qu'un paravent censé justifier auprès du grand public la bonne foi des États-Unis, et donc le recours à l'arme suprême face à l’intransigeance japonaise.

Les deux musées d'Hiroshima et Nagasaki soulignent qu'aucun avertissement n'avait été adressé au Japon quant à l'existence de la menace de ces premières armes de destruction massive de l'histoire. Ils avancent aussi que les Américains étaient conscients de l’importance cruciale du statut de l’Empereur dans le cadre de négociations pour mettre un terme au conflit. 

Cette tactique fourbe d'offrir des termes inacceptables à l'ennemi pour justifier de le soumettre par le feu et le sang sera utilisée bien plus tard par les mêmes Américains contre la Serbie, en 1999, à l’occasion de la conférence de Rambouillet. 

À l'époque, l'administration de Clinton, menée par la Secrétaire d'État Madeleine Albright de sinistre mémoire, celle-là même qui justifia que la mort de 500 000 bébés irakiens était un prix acceptable, avait proposé sciemment à Milosevic des termes qu'aucune nation souveraine au monde n'aurait pu accepter, notamment la présence de troupes de l'OTAN pas seulement au Kosovo mais en Serbie même (on demandait ainsi à un État souverain non-vaincu militairement d'accepter une occupation étrangère).

Ce stratagème est confirmé par trois sources américaines différentes sur Wikipédia (voir lien ci-dessus). Il n’a donc rien d’une théorie complotiste.

Un élément essentiel qui indique que les termes de reddition proposés au Japon en juillet 45 étaient sciemment biaisés était que, finalement, après avoir testé leurs deux bombes nucléaires, les États-Unis ont accepté que le Japon conserve son Empereur. S'ils avaient vraiment voulu la paix en juillet, pourquoi n'auraient-ils pas clarifié ce point-clef à ce moment-là ?

Deux bombes aux technologies différentes

Au musée d’Hiroshima, on trouve aussi des maquettes comparant “Little Man” et “Fat Man”, les deux bombes lâchées respectivement sur Hiroshima et Nagasaki. Ces armes de destruction massive furent affublées de surnoms en apparence bien innocents pour de tels engins de mort. Au passage, ce sont bien des hommes qui ont conçu ces armes de l’Apocalypse pour tuer d’autres hommes. Leur donner des surnoms d’homme a donc un sens.

La comparaison des deux bombes permet d’abord de constater au premier coup d’œil qu’elles n’avaient pas du tout la même forme. L’une ressemblait à un gros ballon de rugby, “Fat Man”, et l’autre était plus proche d’un cylindre, “Little Man”. Mais on découvre ensuite que la différence entre les deux bombes s’explique par le fait qu’elles reposaient sur des technologies différentes. Quand la première utilisait comme combustible de l’uranium-235, la seconde contenait du plutonium-239, et le musée explique les différents mécanismes utilisés pour créer une explosion atomique dans les deux cas.

L’idée a alors germé dans mon esprit que cette différence de technologie aura pu constituer une raison de plus de larguer non pas une bombe, mais deux, histoire de tester les deux types de technologie.

Seuls trois jours ont séparé les deux largages. Était-ce suffisant pour convaincre le Japon à capituler ? Je me suis toujours posé cette question. Le choc d’Hiroshima a dû être tel qu’il aura fallu du temps au pouvoir japonais à Tokyo pour en mesurer l’ampleur et les conséquences. Dès le 7 août, le Président Truman fit une déclaration menaçant le Japon d’une "pluie de dévastations depuis le ciel, comme la Terre n’en a jamais connue".

Après le bombardement de Nagasaki, qui confirmait que les Américains avaient développé plus d’une bombe atomique et que d’autres pouvaient suivre, le gouvernement du Japon s’est réuni toute la journée du 9 août, pour finalement décider tard dans la nuit d’entamer des pourparlers de Paix, sous l’impulsion de l’Empereur Hirohito, d’après Wikipédia. Et le souverain a finalement publiquement annoncé son acceptation de la Déclaration de Postdam le 15 août, acceptant le risque de sa possible destitution par le camp vainqueur.

Ce n’est qu’à la fin du mois de septembre, que le Commandant suprême des pouvoirs alliés, le "proconsul" américain, le général MacArthur, demanda à l’Empereur de rester en place afin de l’aider à gouverner le Japon.

Hirohito échappa ainsi à un procès pour crimes de guerre (mais pas ses généraux et ses ministres). Outre le puissant symbole qu’il représentait, l’attitude responsable et conciliante d’Hirohito sur la fin de la guerre aura pu plaider en sa faveur. MacArthur fut pour sa part pragmatique, déclarant qu’il lui aurait fallu un million de soldats supplémentaires pour maintenir l’ordre au Japon si l’Empereur avait été emprisonné ou exécuté pour crimes de guerre. 

Des Américains éminents conscients de commettre des crimes de guerre

Robert McNamara fut Secrétaire à la Défense des gouvernements démocrates dans les années 60. Auparavant, pendant la Seconde guerre mondiale, il avait servi sous les ordres du Général Curtis LeMay qui, à la tête du XXIème Commandement de bombardiers, ordonna les bombardements stratégiques du Japon durant l’année 1945, y compris les bombardements avec des bombes incendiaires, notamment celles remplies de napalm.

Outre les ravages des deux bombes atomiques, il ne faut pas oublier que de nombreuses villes du Japon, comme Tokyo, Nagoya ou Osaka, avaient été dévastées auparavant par des bombardements classiques, ces tapis de bombes dont les Anglo-Saxons ont été friands dès la fin de l’année 1944, à la fois contre des villes allemandes et japonaises.

Beaucoup de maisons étant encore en bois dans le Japon d'alors. Les incendies ont en quelque sorte causé plus de dégâts que les bombardements en eux-mêmes. Même si ces bombardements visaient officiellement des usines d’armement ou des casernes, des centaines de milliers de civils en sont morts, sans compter les blessés et les sans-abris qui se comptaient en millions. Le seul bombardement de Tokyo du 10 mars 1945 causa entre 90 000 et 100 000 morts, et plus d’un million de sans-abris. 

LeMay était conscient du caractère moralement contestable de ses ordres au point de déclarer que si les États-Unis avaient perdu la guerre, il aurait été jugé pour crimes de guerre. McNamara était d’accord avec cette opinion, ajoutant que Le May et lui-même s’étaient de fait comportés comme des criminels de guerre. Mais les États-Unis ont gagné cet affrontement mondial. Et l’histoire est écrite par les vainqueurs.

Les soldats japonais ont aussi commis des crimes de guerre en masse durant leurs conquêtes, surtout en Chine. Une interprétation de leur code de l'honneur samouraï, le bushido, rendait la mort préférable à la reddition. Les prisonniers de guerre n'avaient donc plus le statut d'êtres humains pour eux. Mais les crimes des uns justifient-ils les crimes des autres?

5 000 Japonais ont été jugés après la guerre par les Alliés vainqueurs, et 900 furent exécutés. Malheur aux vaincus ! McNamara et LeMay, eux, firent carrière avec les honneurs. 

Pourquoi le Japon avait-il attaqué les États-Unis ?

Sur cette question historique, m'estimant pourtant plus intéressé que la moyenne des gens par l'histoire, je me rendais compte que j’étais bien incapable d'expliquer pourquoi les Japonais avaient attaqué les Américains à Pearl Harbor, le matin du 7 décembre 1941.

Dans ma mémoire des films et des rares cours d'histoire consacrés au sujet, c'était comme si le Japon avait attaqué sans raison, parce qu'ils en avaient envie, parce qu'ils étaient impérialistes. Je n'ai jamais lu que le Japon avait voulu s'emparer de Hawaï.

Dans une vidéo publiée en 2022, la chaine YouTube "la folle histoire" s'est penchée sur cette question après avoir noté que ce sujet pourtant important est très souvent éludé (ce qui n'est pas sans rappeler le traitement de la guerre actuelle en Ukraine où la question du pourquoi de l'attaque russe est soit totalement éludée, soit caricaturée à l'extrême).  

Le contexte entre Américains et Japonais était tendu depuis longtemps déjà. On peut remonter à l'expédition militaire du commodore Matthew Perry, mandatée par le président américain en 1853-54 pour forcer le Japon à s'ouvrir au commerce avec les États-Unis.

Le Japon était alors très isolationniste et se méfiait des Occidentaux. Les dignitaires japonais n'ont accepté de signer une Déclaration avec Perry qu'après que ce dernier a menacé de revenir avec 100 navires de guerre. Le Japon n'était à l'époque pas capable de rivaliser. À la même période, la Chine voisine avait déjà dû subir le diktat des Britanniques lors de la première guerre de l'opium. Et elle allait souffrir une seconde guerre, menée par les Occidentaux, qui allait démarrer seulement deux ans plus tard et aboutir à des traités inégaux.

Les principales puissances européennes s'engouffrèrent dans la brèche ouverte par la diplomatie américaine de la canonnière et imposèrent aussi leurs traités inégaux au Japon. L'afflux brutal de denrées étrangères déstabilisa gravement l'économie japonaise mais aussi la société qui se divisa profondément.

D'un côté, les partisans de l'ouverture du pays se serraient les coudes autour du shogunat qui avait l'essentiel du pouvoir. De l'autre, les opposants aux traités avec les Occidentaux se fédéraient autour de l'Empereur Kōmei, qui signa en 1863 un décret ordonnant l'expulsion des étrangers.

Cela mena à des incidents violents et des représailles militaires de la part des Occidentaux qui forcèrent l'Empereur à accepter intégralement les traités. Mais des révoltes éclatèrent ici ou là dans le pays. En janvier 1868, après la mort de l'Empereur Kōmei et la démission du dernier Shogun, les partisans de l'Empire poussèrent le jeune Empereur Meiji à supprimer le shogunat. Ce fut la restauration Meiji. Ce fut aussi le démarrage de la guerre de Boshin, une guerre civile qui couvait depuis plusieurs années. Elle s'acheva en mai 1869 avec la victoire des forces impériales devenues favorables à l'ouverture du pays.

Durant ces années de crise et celles qui suivirent, les partisans de la restauration de l'Empire, bien que réticents à l'origine, prirent conscience que si le Japon ne se modernisait pas par l'ouverture, il risquait de devenir comme la Chine, une proie pour les Occidentaux ; voire une simple colonie comme les pays d'Asie du Sud-est. De plus, la Russie cherchait aussi à s'étendre aux confins de l'archipel nippon. 

L'obsession Japonaise devint alors progressivement de construire sa puissance, notamment militaire, puis de s'assurer le contrôle de suffisamment de territoires en Asie pour acquérir les ressources nécessaires à la préservation de cette puissance, sans dépendre de l'Occident. D'une certaine manière, ce sont les Occidentaux qui ont poussé le Japon à se moderniser, mais aussi à suivre une politique expansionniste impérialiste. Pour l'élite japonaise, il valait mieux conquérir que d'être vulnérable à la conquête. 

À la fin du XIXème siècle et au début du XXème, avec un développement économique exponentiel et un renforcement du statut de l'Empereur comme autorité spirituelle, le Japon obtint des premiers succès militaires contre la Chine et la Russie.

Un sentiment de supériorité, comparable à la "destinée manifeste" des Américains, grandissait dans l'élite du pays, avec l'idée que l'Empire japonais avait naturellement vocation à dominer l'Asie. Mais cette nation en plein renouveau pouvait aussi s'inquiéter de l'expansionnisme de l'Oncle Sam dans le Pacifique (guerres contre l'Espagne et contre les Philippines). Elle chercha alors une acceptation dans le club des puissants, mais sans l'obtenir.

La revue américaine Military History écrivait ceci en janvier 2011 : "Au début du XXème siècle, les dirigeants impérialistes du Japon cherchaient désespérément l'acceptation des nations occidentales et un droit à l'expansion coloniale. Ils devaient cependant être frustrés dans ces objectifs, car les principales puissances occidentales ne considéraient les Japonais que comme une forme d'Asiatiques légèrement supérieure, mais certainement pas comme des égaux. L'insécurité et la colère qui en ont résulté ont énormément contribué à l'épanouissement de la xénophobie, du militarisme et du fascisme dans les années 1920 et 1930". 

En 1931, le Japon en pleine expansion démographique et touché par la crise de 1929 relançait la politique expansionniste en commençant par la Mandchourie. Les militaires prenaient de plus en plus d'importance dans le processus décisionnaire.

Les États-Unis, pour leur part, avaient décidé de s'opposer aux plans expansionnistes du Japon vers la Chine, lui imposant un embargo depuis 1938. Cet embargo ne cessa d'être renforcé jusqu'en juillet 1941, quand les Américains décidèrent de cesser les livraisons de pétrole au Japon qui en avait pourtant un besoin impérieux.

Dans une récente interview, le colonel Douglas McGregor, qui fut brièvement conseiller auprès du Secrétaire à la Défense à la fin de l'administration Trump, déclara que cet embargo pétrolier fut l’élément déclencheur de l’attaque japonaise contre Pearl Harbour, et que toutes les tentatives du Japon de négocier un compromis avec l'administration du Président Roosevelt avaient été rejetées par les Américains.  Ces derniers exigeaient que les Japonais renoncent à 10 ans de conquêtes, ce qui était inacceptable pour Tokyo. 

Pour compenser la perte du pétrole américain, les Japonais avaient prévu de s'emparer de l'Indonésie riche en hydrocarbures, alors sous contrôle néerlandais. Mais comme ces mêmes Japonais étaient persuadés que les États-Unis leur déclareraient la guerre en réaction, ils conçurent ce plan de frappe préventive à Pearl Harbour. Ils espéraient ainsi intimider et affaiblir les États-Unis suffisamment pour qu'ils n'interfèrent pas avec les conquêtes nippones en Asie du Sud-est. Cela se révéla un mauvais calcul de leur part qui leur coûtera très cher.

Sur Wikipédia, on apprend aussi que le Président Roosevelt lui-même avait décidé de transférer en 1940 la flotte américaine du Pacifique de San Diego à Hawaï, contre l'avis de l'amiral commandant de la flotte qui pensait que cela rendait cette dernière inutilement vulnérable à une attaque. L’amiral fut relevé de ses fonctions pour avoir osé protester contre cette décision présidentielle. On ne pouvait pas dire que Roosevelt n'avait pas été prévenu.  D'ailleurs, cette flotte du Pacifique fut mise en alerte dès juillet 1941. Ce faisant, ces évolutions n'avaient pas manqué d'inquiéter les Japonais. 

On sait par ailleurs aujourd'hui que les services de renseignement américains auraient eu vent d'une possibilité d'attaque sur Hawaï et que le président Roosevelt aurait refusé de mettre l'essentiel de la flotte à l'abri, sauf les porte-avions, partis opportunément en mission quelques jours avant l'attaque, ce qui permit aux Américains de reprendre le dessus dès juin 1942.

Certains historiens pensent ainsi que Roosevelt avait laissé faire l'attaque de Pearl Harbour pour que les États-Unis entrent en guerre. Force est de constater qu'ils en sont sortis grand vainqueurs, avec une domination économique sur le monde qu'aucune puissance avant eux n'avait jamais eue. Mais les historiens “mainstream” rejettent ces thèses sur l’attaque connue par avance en nous disant qu'elles sont “complotistes”.

Quoi qu'il en soit, comme le disait la journaliste japonaise rencontrée à Nagasaki, les Japonais savent qu'ils ont attaqué les premiers, et que cela les a finalement menés collectivement dans un engrenage, vers un désastre comme peu de peuples en ont connu dans leur histoire. Ils ont tiré de ce traumatisme un pacifisme profondément ancré dans l'identité collective.

Au passage, notamment en référence aux martyrs chrétiens ou aux traitements parfois inhumains qu'ils ont infligé aux prisonniers de guerre ennemis, ce que les Japonais reconnaissent sur les panneaux d'information visibles ici ou là, on doit remarquer que le Japon a indéniablement acquis cette faculté à regarder en face les pages noires de son passé.

Cela témoigne d'une grande sagesse et maturité collective, dans un pays aujourd'hui parmi les plus civilisés au monde, où politesse et respect d'autrui sont des valeurs cardinales. 

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