Gérald Darmanin et le Stade de France, ou l’art d’être ministre en 2022
TRIBUNE - Le contenu de la politique décidant du quotidien échappe totalement aux citoyens, puisqu’elle est déterminée dans des traités, et que les institutions que les citoyens élisent (président de la République, députés) sont obligées de mettre en œuvre ce programme économico-financier (1).
Et ce, dans un contexte dans lequel la France et les autres parties auxdits traités se trouvent dans une sorte de protectorat américain. Comme le dit avec pertinence le politologue américain Zbigniew Brzezinski dans son ouvrage Le Grand Échiquier : « L’Europe de l’Ouest reste dans une large mesure un protectorat américain et ses États rappellent ce qu’étaient jadis les vassaux et les tributaires des anciens empires ».
Les dirigeants français se présentent aux élections pour prêter la main à tout cela et entretenir la soumission. D’ailleurs, ils savent que s’ils avaient d’autres idées ou d’autres desseins, ils n’auraient ni l’appui médiatique, ni les concours financiers pour pouvoir être élus (voir les études concordantes sur la « fabrication » de celui qui est devenu président de la République en 2017). Ce qui les priveraient (sans parler de leurs entourages), d’une belle situation. Et ils risqueraient probablement gros, compte tenu des enjeux pour les bénéficiaires du système et pour le suzerain américain (dont les agents veillent et sont efficaces).
Les dirigeants en question sont donc officiellement désignés par voie d’élection et « tiennent », une fois en poste, grâce à l’activité des médias qui mettent dans la tête des gens (on n’ose plus parler de citoyens) ce que ces derniers sont autorisés à savoir, et ce qu’ils doivent croire et penser.
Médias et politiques sont à cet égard très efficaces : selon les sondages, Emmanuel Macron était mal aimé ou même détesté par une majorité de Français, mais il a été réélu. Il y a quelques temps, beaucoup de Français ont été persuadés que la possession d’un simple document (le passe sanitaire) avait des effets d’ordre biologique sur la vie des virus ( sic !).
Dès lors que les dirigeants, et les médias qui sont à leur service, mettent en œuvre la plupart des techniques de manipulation connues, il n’y a qu’un moyen adapté de s’adresser aux habitants (ex-citoyens) dont on vient de « bourrer le crâne » : leur parler comme à des enfants (ignorants et incapables). Ou, comme diraient ceux qui aiment les formules plus abruptes : les « prendre pour des imbéciles ».
C’est la raison pour laquelle la campagne de dénigrement contre le ministre de l’Intérieur est, sous un certain rapport, « décalée ». En désignant aux Français les Anglais, les faux billets, la restriction du trafic sur une ligne de RER, comme responsables de la situation (surréaliste) observée au Stade de France, le ministre français de l’Intérieur a en réalité (dans la logique de ce qui vient d’être dit) « très bien » assumé son rôle. La seule imprudence que l’on pourrait lui reprocher, c’est d’avoir inclus les Anglais dans son argumentaire. Car ces derniers ressentant qu’un dirigeant - étranger qui plus est - les prenait pour des imbéciles, en furent choqués.
Mais pour les Anglais, comme pour tout le monde, « quand c’est trop, c’est trop ». Et comme c’est quand même devenu « un peu beaucoup » pour les Français, il faut s’attendre à ce que ces derniers l’expriment. Dans combien de temps ?
(1) sur ces questions, voir notre ouvrage : « textes et documents constitutionnels depuis 1958 ; analyses et commentaires ». Dalloz – Armand Colin.
Marcel Monin est maître de conférences honoraire des universités.
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