De Koné à Nouméa, les Calédoniens s'unissent et signent un rassemblement impressionnant
TRIBUNE — Les camaïeux de verts régalent nos yeux tout au long de la route qui nous conduit vers le Nord. À dix kilomètres de Pouembout, Koné, chef-lieu de la province Nord, nous accueille sous son soleil de plomb et sa chaleur écrasante. Les forces de l’ordre sont déjà sur place à titiller le moindre détail dans l’organisation de la journée du lendemain. Les référents des multiples collectifs font le point et nous tiennent informés. Les prises de paroles ne se font pas attendre, rituels coutumiers qui ancrent la relation dans sa force de partage. Humilité et respect sont des valeurs fortes en terres coutumières. La Tribu de Baco offre ses deux grandes cases aux visiteurs de passage et rappelle sa déontologie lors des rassemblements : ni alcool, ni cannabis. Le gîte pour la nuit y est possible, un accueil en campement au bord de la rivière est aussi proposé à Pouembout.
Nous faisons le choix du campement et d’un feu de bois au bord de l’eau. À la tombée de la nuit, tous les chemins sont également gris et c’est avec soulagement que nous découvrons le lieu, ses hôtes. Et son groupe électrogène.
4 décembre — Premières lueurs du jour. Il est temps de se préparer à revendiquer ses droits fondamentaux. Une station essence sur le chemin et voilà le corps et ses besoins rassasiés.
Voir aussi : "Pacifiques mais déterminés, les Calédoniens s'organisent pour dénoncer ce qu'il se passe" avec Gaëlle Wery
La mobilisation citoyenne a été entendue, le village de Koné voit les abords de ses routes se noircir de monde. Ils sont venus des îles, du Nord, de l’Est, de l’Ouest, du Sud… Le camion sono est en place, les volontaires pour la sécurité ont enfilé leur chasuble jaune fluo et réglé leur talkie-walkie sur le bon canal. Nous sommes tous unis, non violents mais déterminés. Du rond-point de la province Nord ou rond-point de la case jusqu’au rond-point suivant, en passant par la piste cyclable, des clameurs montent et se répondent : « Liberté / de choisir », « l’obligation vaccinale / on n’en veut pas », « le passe sanitaire / on n’en veut pas », « on veut / la vérité »… Des discours vibrants fendent l’air et rappellent l’importance de continuer de se fédérer pour se faire entendre.
Rassemblement aux abords du village de Koné :
Crédit vidéo : Sylvain GleyeLe lendemain, un pique-nique organisé à Bourail fait converger deux cents personnes vers le village aux allures de Far West où l’axe principal, zébré de huit passages pour piétons fait la joie d’une foule joueuse appliquée à les emprunter tous, banderoles en main. Le cortège éveilleur de conscience se rend ainsi jusqu’à l’hôtel de ville où le maire fait le choix de l’intelligence et décide d’accorder, dans la rue, un entretien aux référents pendant qu'il règne un joyeux désordre aux abords de la mairie. Sono et musique font vibrer le village le temps d’un aller et retour jusqu’à l’aire de repos située à l’autre bout de l’axe principal. Qu’ils soient médecins, soignants, enseignants ou simples citoyens, tous sont invités à prendre le micro après la marche afin de donner leurs témoignages. Tous se félicitent de rester unis en dépit des moyens mis en œuvre par nos politiques pour nous diviser. Tous rappellent l’importance de continuer de se mettre en lien et de transformer la peur en courage.
Rassemblement à Bourail :
Crédit vidéo : Ursula HaoaLe pique-nique fraternel au col des Arabes, en terre coutumière, clôt l’aventure Bouraillaise. Le Sud et les îles sont allés chercher le Nord pour descendre vers le centre. Tous ensemble, nous poursuivons la descente vers la capitale.
Nous y sommes. La furie vaccinale, les radios muettes, les médias qui plient la vérité à leurs fins… ne nous effraient guère. Les rouleurs sont descendus eux aussi. Et ils entendent bien faire revoir, aux gouvernants, leurs certitudes.
Rassemblement à Nouméa :
Crédit vidéo : Sylvain GleyeFace au DRAP, une barrière articulée déployée devant le gouvernement, c’est toute une population civile qui montre sa détermination. Le peuple s’interroge et il appelle les élus à descendre et à échanger en toute transparence. Les dirigeants restent silencieux. La division, feinte ou réelle, fracture leur camp. Leur modèle soumis au règne impitoyable de la quantité et de la part de marché n’en finit plus de perdre de son humanité.
Nous sommes dix mille, tous rassemblés, tous unis, en marche vers notre liberté, invitant nos semblables au réveil. Au son des tambours, de la stridence des sifflets, du souffle puissant des cornes de brume, notre fraternité nouvelle a la force du ciment. Nous savons désormais que notre détermination à la désobéissance civile nous permettra de parcourir ensemble ce chemin immense qui mène à d’autres horizons rêvés.
« À partir du moment où l'on obéit comme des machines, sans vouloir savoir, alors désobéir devient un acte d’humanité. » — Frédéric Gros
Christiane Lavanoux est coordinatrice Médias & Événements pour ReinfoCovid NC.
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