De toutes parts, les Autrichiens s'unissent contre l'obligation vaccinale
TRIBUNE — Le 3 février 2022, le Conseil fédéral du Parlement autrichien, le Bundesrat, composé de représentants des Länder, a approuvé une loi imposant une obligation vaccinale générale. Chaque personne majeure résidant en Autriche devra porter sur soi la preuve de son état de santé – vacciné ou guéri - par rapport au Covid-19, sans quoi elle écopera d’une amende de 600 euros. À partir de la mi-mars 2022, la police devra sévir – entretemps, un délai de grâce est accordé.
Mis à part l’État du Vatican, l’Autriche est ainsi devenu le seul pays à prendre des mesures aussi draconiennes. La contestation ne s'est pas fait attendre.
Une opposition citoyenne et de nouveaux partis politiques
Déjà pendant l’examen du projet de loi, on atteignait le chiffre inouï de 180 000 avis contraires déposés par des citoyens privés et des organisations. Ces avis furent piétinés par le gouvernement. Lors du vote décisif au Parlement, il ne s’est pas trouvé un seul représentant à oser refuser l’obligation vaccinale dans les rangs de la Coalition vert turquoise (les Verts et le Parti populaire, ÖVP). Seule une députée des Verts a boycotté le vote. Par ailleurs, le parti d’opposition de droite, FPÖ (Parti de la liberté), s’est prononcé décisivement contre, tandis que dans l’opposition Social démocrate, qui s’est jusque-là distinguée par un soutien sans faille à toutes les mesures officielles "anti-Corona", le chef du Syndicat des travailleurs de la construction et du bois, Josef Muchitsch, quoique triple vacciné, n’a pas voté la loi. Selon lui, le projet a été "passé à coups de fouet". Quatre députés de Neos, petite formation d’opposition, ont aussi refusé de voter la loi.
L’ampleur du désamour vis-à-vis de l’obligation vaccinale transparaît dans les élections municipales (Gemeinderatswahl) du 30 janvier 2022 au chef-lieu Waidhofen an der Ybbs. Dotée de l’ancien statut spécial de Statutarstadt ("ville libre"), Waidhofen suit ses propres échéances électorales et sert de baromètre d’opinion important. Un parti fondé il y a seulement quelques mois, hostile aux vaccins, "Mensch-Freiheit-Grundrechte" (MFG), a obtenu d’un coup 17 % des voix, alors que l’ÖVP au pouvoir depuis la nuit des temps, en a perdu 20 %. MFG est une initiative fondée par des avocats et médecins, qui dès le début s’est montrée sceptique, voire hostile, aux mesures présentées comme anti-virus. Politiquement, MFG est plutôt du centre et a d’emblée attiré des ex-membres d’ÖVP et de SPÖ ainsi que des Verts.
Des manifestations constantes et diversifiées
Dans les rues et les places publiques autrichiennes, l’agitation va grandissant. Chaque samedi, des milliers de personnes se rassemblent autour de la Ringstraße à Vienne, tandis que dans maintes petites villes, l'on manifeste comme à Gmünd (5 000 habitants), où juste avant Noël, 1 600 contestataires ont occupé la place. Parmi les slogans, on entend crier "Vacciné ou pas, nous sommes un seul peuple".
Quoi qu'il en soit, l’étendue du mouvement contre l’obligation vaccinale est impressionnante. D’un côté, le FPÖ et son chef (ancien ministre de l’Intérieur) Herbert Kickl, puis des factions de groupes identitaires radicaux. Tous se rassemblent en nombre le samedi, sur le Heldenplatz de Vienne.
Quant à MFG, leurs rassemblements ont lieu sous le monument aux soldats soviétiques sur la Schwarzenbergplatz (cf. La conférence de presse du 21 janvier du président de MFG l’avocat Michael Brünner et du Pr Missliwetz, médecin légiste). MFG compte désormais plus de 10 000 membres. Depuis quelques semaines, des gens socialement de gauche se rassemblent sur la place de Droits de l’Homme, sous le slogan "Démocratie et droits constitutionnels". On y a vu l’ancien porte-parole des Verts, Madeleine Petrovic, lancer un appel à la base électorale des Verts, qui en quelques jours a été signé par 25 000 personnes, dont des fonctionnaires du Parti vert. Le 29 janvier, le général retraité Günther Greindl s’y est adressé à 1 000 manifestants du "Plateforme Demokratie & Grundrechte", lui qui fut commandant de l’UNFICYP (force des Nations unies chargée du maintien de la paix à Chypre) et attaché de la défense autrichienne en Suisse. Même au sein des anti-globalistes d’Attac, cela gargouille. Ça se voit avec l’apparition du dinosaure Christian Felber, ou du professeur Andreas Sönnichsen, qui vient d’être relevé de sa chaire à l’Université de médecine de Vienne, (où il dirigeait la branche "Médecine générale du Centre de Santé publique" ndlr), après avoir exigé avec véhémence le retrait de la loi.
Aux manifestations du samedi, l'on trouve des féministes radicales aux côtés des membres de l’initiative "Policiers pour les droits constitutionnels et les libertés publiques", des infirmiers et aides-soignants de maisons de retraite, des avocats du groupe "Anwälte für Aufklärung" (Avocats pour les Lumières), des artistes, des activistes parmi les 1 000 membres de l’initiative non-partisane "Respekt", et bien d’autres.
Le gouvernement autrichien semble avoir sous-estimé la détermination et la virulence de la contestation de l’obligation vaccinale. Le récit propagé par les médias, selon lequel ces contestataires seraient des radicaux de droite, des libertaires ou des férus de conspirations diverses ne tient pas la route face à la réalité de cette union de tous les milieux. Qui plus est, plusieurs pays de l’Union européenne, ainsi que la Suisse, tournent le dos aux mesures sanitaires.
Lire aussi : Le Danemark va renoncer totalement à la vaccination
La répression qu’a choisie l’Autriche apparaît donc comme une sortie de route irrationnelle. L’occupation de lits d’hôpital par des malades de Covid avec Omicron est demeurée négligeable. Imposer la vaccination revient à aller droit dans le mur – contre la raison. La question demeure : aurait-il encore quelqu'un dans le gouvernement autrichien qui s’en préoccuperait encore ?
Hannes Hofbauer est publiciste et éditeur. Dernier ouvrage qu’il a co-édité : "Herrschaft der Angst. Von der Bedrohung zum Ausnahmezustand" (Régner par la Peur. De la menace à l’état d’exception).
Cet article a été publié le 8 février sur Apolut.net, et a été traduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.
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