Deux ans d’enfermement cognitif, la preuve

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Pierre-Antoine Pontoizeau, pour FranceSoir
Publié le 21 décembre 2021 - 12:10
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Prison cérébrale
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Force est de constater que depuis février 2020, nous assistons à un enfermement cognitif de nos élites.
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TRIBUNE — Les biais cognitifs sont à la mode dans l’enseignement des écoles de commerce et auprès des dirigeants d’entreprise. Ils cherchent à échapper à ces travers du quotidien et à ces pièges que nous tendent nos habitudes. Force est de constater que depuis février 2020, nous assistons à un enfermement cognitif de nos élites. Elles se mettent dans une prison cognitive et s’enferment aveuglément, jusqu’à nous enfermer avec elle.

Trois biais cognitifs très connus sont à l’œuvre au plus haut niveau de l’État. Ils paralysent la pensée, ils isolent nos dirigeants, ils éliminent toutes les alternatives. Bref, ils entretiennent l’aveuglement jusqu’à l’absurde.

Le biais d’ancrage

Il accorde aux premières informations une importance capitale. Il détermine la compréhension des suivantes à l’aune de cette première impression. Celle-ci conditionne et biaise toutes les compréhensions ultérieures. Son effet est délétère puisqu’elle ancre une clé d’interprétation à propos des personnes ou des phénomènes difficile à évacuer. Cette technique de l’ancrage est utilisée par des manipulateurs d’opinion pour fixer une première idée dont on ne se détache pas.

À l’évidence, les prévisions apocalyptiques du professeur Ferguson d’Oxford promettant des millions de morts, celles du professeur Salomon annonçant en commission parlementaire que nous allions vivre l’équivalent de la peste noire ont créé un biais d’ancrage majeur. Nous allons vivre une épidémie terrible. L’ancrage est là. Il a déformé et détruit toute lucidité sur l’interprétation progressive des événements et des chiffres.

Premier exemple. En répétant inlassablement le nombre de morts par jour, chacun de ces morts a été interprété comme la réalisation de l’épidémie catastrophique. Ils alimentaient l’ancrage. Plus aucune mise en perspective n’a permis de relativiser. 100 morts pour 1 800 journaliers en France, ce n’est pas deux fois plus de morts chaque jour. Près de 60 000 décès sur un mois, ce n’est pas plus que le pic épidémique de la grippe de 2017. 650 000 morts en 2020, c’est certes 8 % de plus que l’année précédente, mais c’est le même taux de mortalité pour 1 000 habitants que ceux des années quatre-vingt, etc. De même de la mortalité mondiale. Ces informations-là relativisent grandement l’apocalypse. Elles sont pourtant rejetées, oubliées, congédiée alors qu’elles sont toutes vérifiées, sur les bases des données indiscutées de l’INSEE dont la fiabilité n’a jamais été contestée depuis sa création. Chacun y va du témoignage affreux d’un décès qui confirme l’ancrage général, en dépit de toute nuance.

Deuxième exemple. L’ancrage conduit à ne jamais prendre en compte des informations qui remettent en cause cette première impression. Il enferme dans une approche binaire du tout ou rien pour ne jamais avoir à faire l’effort d’une remise en cause de sa croyance initiale. Toutes les informations portant sur des pays ayant des résultats différents sont niées ou occultées. On ne parle pas du Japon avec ses 19 000 décès pour 126 millions d’habitants, ce qui pour la France nous conduirait à environ 10 000 décès. Et de très nombreux pays ont des taux de mortalité incomparables. Cela pose plusieurs questions. Comptons-nous bien ? Faisons-nous les bons choix de santé ? Et n’ouvrons pas les polémiques inaudibles du fait de l’ancrage concernant les pics épidémiques constatables après chaque campagne de vaccination. Le suivi exceptionnel de l’agence Reuters permet de vérifier ces faits partout. Aucun commentaire.

Dès lors que vous avez fixé à l’esprit une idée, plus rien ne peut vous l’ôter de la tête. Si, à condition de restaurer deux pratiques. La première, écouter ce que disent les faits et les expériences. La seconde, restaurer sa liberté d’interprétation des phénomènes en écoutant les avis divergents. Ici, l’ancrage persiste au plus haut niveau de l’État.

Le biais d’auto-complaisance

Il vient malheureusement soutenir le précédent. En effet, remettre en cause sa première impression, c'est un peu se déjuger, c’est un peu faire preuve d’humilité. L’auto-complaisance consiste à dire que les réussites sont de mon fait, mais que les échecs incombent aux autres ou à la situation. Cette complaisance fait perdre toute lucidité pour se préserver. Ce n’est pas ma faute, je ne suis pas responsable dès que les résultats sont mauvais. Si je réussis, je suis le héros seul responsable des événements, si j’échoue, les circonstances, les autres sont coupables. Moi, jamais.

Ce biais infantile qui n’épargne pas les adultes, tient à une grande immaturité et à une peur de dégrader l’image de soi. Je ne peux pas avoir tort. Je ne peux pas revenir sur mes décisions, fussent-elles mauvaises ou dénuées de résultat. La complaisance altère donc la capacité de diagnostic et elle conduit des équipes à s’enfermer, s’enferrer même, malgré des résultats insatisfaisants. À l’évidence, là encore, nos dirigeants politiques ont fait preuve d’une auto-complaisance coupable, ne prenant jamais en compte la moindre évaluation de leur décision. Là encore prenons deux exemples.

Le confinement d’abord. Cette mesure d’une brutalité inouïe n’a jamais été prise dans l’histoire de l’humanité. Son efficacité n’était pas prédictible. Son résultat promis devait être la fin de l’épidémie par l’arrêt de sa propagation. Relisons les déclarations de l’époque pour avoir les idées claires. L’évaluation en a-t-elle été faite ? Non. Qui interroge un coût économique estimé en centaines de milliards ? Qui interroge le résultat effectif par rapport à la promesse ? Qui mesure les effets mortifères sur la psychologie des enfants, des jeunes, des mères de familles, des personnes isolées, alors que les rapports de la Fondation de France apprennent depuis des décennies que l’isolement et la solitude accroissent très significativement les risques de santé mentale et physique ? La page est tournée, la complaisance est là, voire l’énervement. Vous auriez voulu qu’on ne fasse rien ? Le complaisant déteste se remettre en cause et il pratique la tension contradictoire pour se disculper d’une part et d’autre part se dispenser de questionner ses décisions et leurs résultats.

Le vaccin ensuite. La complaisance est manifeste. L’addition de l’ancrage qu’il est la solution universelle et de la complaisance excluant qu’il puisse en être autrement ; voilà le cocktail de l’agression contre quiconque viendrait s’interroger sur les vertus du choix. Pourtant. A-t-il protégé ? A-t-il évité la transmission ? A-t-il été définitif ? Est-il au sens pasteurien du mot protecteur durable avec innocuité ? Non, Le complaisant minore ou écarte toutes les informations sur les effets indésirables. Le complaisant se refuse à évaluer la réalité des résultats, pourtant confirmés par le laboratoire lui-même. La protection n’excède pas six mois écrit Pfizer en septembre 2021. Et n’évoquons pas les alternatives thérapeutiques. Le complaisant s’énerve.

La complaisance est bien sûr coupable, car elle conduit à l’entêtement, à l’aveuglement, jusqu’à préférer continuer dans une voie, étant incapable de la moindre remise en cause de ses choix. Il dénote une fragilité mentale, un problème d’image de soi, une immaturité inouïe. Or, les faits sont là. Pourtant, on peut sortir de la complaisance, à condition d’être factuel, d’étudier les résultats froidement pour ce qu’ils sont, à condition aussi de prendre de la distance et de ne pas croire que sa petite personne est au centre. Il s’agit d’être responsable et désintéressé.

Le biais de confirmation

Ce biais peut être surnommé, le biais du paresseux. En effet, il fait préférer le connu à l’inconnu. Ici, le biais vise à se rassurer en tenant compte des idées que nous connaissons avec nos préjugés, nos connaissances acquises à l’école, quelques théories retenues et des manières de raisonner habituelles. Bref, le biais de confirmation agit comme un étouffoir idéologique par conservatisme. J’ai raison, je sais, ce que je sais me confirme dans mes convictions. Je n’ai pas besoin d’autre chose. Le rite obsessionnel des victimes de ce biais de confirmation : l’urgence et la simplicité. Ces deux pièges tendus à autrui rendent impossibles l’exposé plus complexe de ce qui viendrait altérer les certitudes de celui qui reste campé sur ses positions.

Le signe le plus visible de la confirmation, c’est le refus d’aller à des sources interpellatives. Lire ses opposants, entendre les thèses et écouter les arguments des controverses. Envisager de nuancer ou changer d’avis au regard des expériences ou de l’évolution de la situation. Ce biais de confirmation conduit à deux attitudes typiques.

La première consiste à dénigrer ceux qui pensent autrement. Je n’ai pas à les écouter, ils n’ont pas de valeur. Je n’ai pas à prendre ces informations, elles sont discutables. La confirmation entraine une stratégie de la déconsidération paresseuse. La seconde consiste à se persuader d’avoir raison en répétant inlassablement des assertions à la façon de mantras qu’on ne saurait remettre en cause. Deux exemples là encore.

Le dénigrement a été pratiqué sans vergogne. Il n’y a pas d’équivalent en mathématiques ou en physique lors des controverses scientifiques contemporaines. Les désaccords profonds ne conduisent pas à disqualifier les autres savants. Comme me le dit un physicien récemment, l’honnêteté et la loyauté intellectuelles conduisent au respect de ses pairs. Là, c’est incroyable, des prix Nobel sont traités de gâteux, les alertes d’un des fondateurs des ARNm, Robert Malone sont discréditées, les avis d’éminents praticiens conduisent à des attaques ad hominem violentes qui dispensent de s’intéresser aux arguments scientifiques et aux résultats des thérapeutiques. L’insulte remplace l’écoute, la déclaration d’incompétence vaut interruption du débat scientifique. La liste est longue, sans oublier les 2000 scientifiques signant la déclaration de Laurent Muchielli dans QG Media (lui aussi ostracisé) ou la récente opération du Doctothon, etc. L’enfermement cognitif est intolérant. La preuve.

Lire aussi : Robert Malone : son plaidoyer contre la vaccination des enfants

L’auto-persuasion signe l’obsessionnel de cet enfermement. La pratique est manifeste. Elle s’est traduite pas des changements permanents des indicateurs pour toujours se donner raison. Elle consiste à pratiquer la justification a posteriori sans preuve. Si nous n’avions pas fait cela, le résultat serait pire. Cet argument est en soi merveilleux, puisqu’il est impossible de contredire celui qui vous dit qu’en mettant un chapeau chaque jour, il ne meurt pas et n’a pas d’accident. Nous en sommes là pourtant. D’ailleurs, alors qu’on exige des études contradictoires, randomisées pour statuer entre des groupes ; il est extraordinaire de ne pas étudier les pays agissant différemment, voire d’étudier avec attention des échantillons de non-vaccinés par rapport à des échantillons de vaccinés. Impossible, puisque le vaccin est de toute manière la solution. L’étude expérimentale n’a pas lieu d’être.

Vous voyez que le biais de confirmation conduit à la malhonnêteté intellectuelle, voire à la manipulation et à la destruction des preuves contraires. Se libérer de ce biais est pourtant simple. Il suffit d’avoir la modestie d’évaluer les résultats et d’entendre les propositions alternatives.

Pour conclure, cette présidence se vantait d’être celle de la start-up nation, de l’agilité intellectuelle, de la consultation démocratique et de l’ouverture progressiste à la diversité des points de vue. Triste réalité, elle s’est enfermée dans des certitudes, elle a fermé le débat, elle a prétendu que la science disait la vérité comme un vieux scientiste du 19ᵉ siècle, elle a sommé les médecins d’obéir au lieu de réfléchir et d’agir comme un bon vieil autocrate du 18ᵉ siècle. Elle n’écoute plus rien. Le cumul de ces trois biais conduit à l’autoritarisme aveugle jusqu’à l’enfermement cognitif agressif. Nous y sommes. À nous tous alors de briser au quotidien l’ancrage, la complaisance et la confirmation.

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