Et si Macron était battu dès le premier tour ?
TRIBUNE — En France, cela paraît très invraisemblable, étant donné que la majorité des sondages le donnent gagnant ou le placent en tête avec 30 % ou 28 % des intentions de votes face à Marine Le Pen (22 % selon l’IFOP). On nous annonce donc le même scénario qu’en 2017. Seulement voilà, la configuration de cette élection est bien différente de celle de 2017.
Après cinq ans de Macronie à la tête de l’État, la suppression de l’ISF, la réforme du travail, la crise des Gilets jaunes, la réforme Blanquer, la crise du Covid-19 et plus récemment la guerre en Ukraine, on a eu l’occasion de voir Emmanuel Macron à l’œuvre, et autant dire que le bilan n’est pas très reluisant. En effet, notre président a fait montre de beaucoup de mépris, voire de haine envers les Français, notamment avec des phrases chocs comme : « Des Gaulois réfractaires au changement » ; « Une gare, c'est un lieu où l'on croise les gens qui réussissent et ceux qui ne sont rien » ; ou sa dernière sortie en date, « les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder ». Face aux Gilets jaunes, il n’a répondu que par la violence et n’a écouté aucune de leurs revendications. De plus, la gestion sanitaire du Covid, basée exclusivement sur la vaccination massive et les tests, se révèle aujourd’hui être un véritable échec. Quant à la guerre en Ukraine, il a dès le début menacé Vladimir Poutine de sanctions, sans chercher à construire un dialogue constructif, et a ensuite suivi la tendance atlantiste.
Enfin, avec l’approche de l'élection, des scandales tels que le "McKinseyGate" ou le "RothschildGate" ont fait leur apparition et nuisent gravement à la campagne du candidat-président, puisqu’ils démontrent la compromission et les conflits d’intérêts très importants du gouvernement avec des cabinets de conseil privés américains. Ces mêmes cabinets qui ont d’ailleurs gratuitement organisé sa campagne de 2017. En outre, il semblerait qu'Emmanuel Macron ait fait de fausses déclarations de patrimoine en 2017.
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Au vu de ce bilan, il y a naturellement une réelle exaspération et une détestation forte envers Emmanuel Macron, comme le démontre le peu d’audience pour son meeting du samedi 2 avril (environ 150 000 sur YouTube). À titre de comparaison, la vidéo du meeting d’Éric Zemmour a été vue plus d'un million de fois.
Ainsi, beaucoup de personnes se disent prêtes à voter pour n’importe lequel des candidats, de gauche ou de droite, du moment qu’il ou elle est face à Macron. On a noté aux précédentes élections une tendance du vote par défaut : en 2012, pour empêcher Sarkozy de passer, et en 2017, pour empêcher Marine Le Pen de gagner. Cette année, ne vous y trompez pas, c'est l'intransigeant et rigide Emmanuel Macron qui a réussi à se mettre à dos l'opinion publique, si bien qu'un bloc se forme sous le slogan "Tout sauf Macron". Ses adversaires politiques sont les premiers à en bénéficier : Mélenchon propose un gros programme social et écologique qui attire énormément les jeunes électeurs, et il est le seul candidat de gauche en troisième position des sondages, derrière Marine Le Pen, qui remonte en flèche et se partage la droite avec son nouveau rival Éric Zemmour.
Par ailleurs, les instituts de sondage n'interrogent qu'une petite frange de la population, ce qui pose un problème : la majorité vous répondra qu’elle n’a jamais été sondée sur quelque sujet que ce soit. Les sondages ne sont donc pas du tout représentatifs de ce que pense la majorité des Français.
Enfin, j'aimerais conclure en évoquant un phénomène de psychologie : les prophéties autoréalisatrices. La théorie veut que plus on vous répète une information, plus vous le répétez à votre tour, ainsi cette chose finit par arriver parce que nos actions sont modifiées en fonction de nos croyances. La prophétie autoréalisatrice prend l’effet pour la cause. Je vous donne un exemple, au hasard : « De toute façon, quoi que l’on fasse, Macron sera réélu ». Si tout le monde suit ce raisonnement, il y a effectivement de fortes chances que Macron soit réélu, non pas pour ses qualités ou son programme, mais simplement parce que les gens seront psychologiquement prêts à devoir voter pour lui et à le revoir à la tête de l’État.
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En conséquence, plutôt que de laisser les instituts de sondages ou les médias décider pour vous, choisissez le candidat qui correspond le mieux à vos idées, à vos convictions. Comme disait Socrate : γνῶθι σεαυτόν (Connais-toi toi-même).
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