Pourquoi les juifs d’Ukraine et les Ukrainiens fuient-ils l’Ukraine depuis l’indépendance ?
TRIBUNE - Sommes-nous complices d’un négationnisme ou d’un révisionnisme concernant le destin des juifs d’Ukraine ? À lire les grands médias, le doute est grand. Pourtant, les faits démographiques sont bien là.
Les juifs ukrainiens fuient ce pays depuis l’indépendance
Les juifs n’ont cessé de fuir l’Ukraine. C’est un fait historique lié à leur persécution permanente. Nous allons y revenir. Mais rien n’a changé depuis l’indépendance en 1991. Ils étaient un peu moins de 500 000 en 1989. En 2002, ils n’étaient plus que 100 000 soit un effondrement de près de 80%. Le recensement de l’État ukrainien dénombrait 106 600 juifs en 2001. En 2014, ils sont environ 70 000. Israël a parallèlement enregistré la migration de plus de 260 000 juifs ukrainiens dans les années 1990. La fuite s’est accentuée après les élections de 2012 par peur des nationalistes. Le parti Svoboda y recueille plus de 10% des voix. Ce parti : Union panukrainienne nationaliste, fondé en 1991, a été répertorié en 2013 comme néo-nazi par le Congrès juif mondial et identifié par le Centre Simon Wiesenthal parmi les organisations antisémites, voire terroristes notoires (cf: Jerusalem Post). L’appréciation de ces plus grandes organisations juives internationales ne compteraient donc pas ? Information visiblement oubliée depuis !
Comme disait Bertrand Russell, le mathématicien, l’intelligence commence par l’examen des faits : « Just facts ». Alors, cessons de tergiverser. Les faits sont là et bien là, féroces, têtus et terribles. Même si certains gesticulent pour dire que non, mais oui, peut-être et encore…, pourquoi diable l’Ukraine se vide-t-elle de ces derniers ressortissants juifs ? Il suffit pourtant de lire les inspirateurs du parti Svoboda, ces racistes qui veulent détruire les Russes à leurs yeux trop asiatiques, ce que les nazis leur reprochaient aussi. Ils veulent renouveler la race blanche, comme les nazis, et ils veulent purifier l’Ukraine des populations marginales dont les juifs ou les roms du sud, comme les nazis. Il faut étudier et lire leurs fondateurs dont Andriy Parubiy, Oleh Tyahnybok et le psychiatre Jaroslav Andrushkiw qui prend la tête du parti. « Just facts again ». Lire, juste lire. Lire comme on aurait dû lire Mein Kampf et y croire, ce que nous n’avons pas fait. La désinformation commence dans l’ignorance volontaire et coupable.
Les juifs ukrainiens persécutés tout au long du 20ème siècle par les fascistes et les nazis
Cette période récente confirme la triste tradition ancestrale antisémite de cette région. Rappelons très brièvement quelques moments de ce génocide permanent des juifs ukrainiens. Les pogroms ont été nombreux. En restant au 20ème siècle, durant la période trouble de la République populaire ukrainienne de 1917 à 1921, les archives ouvertes en 1991 témoignent de près de 100 000 tués dans les pogroms. Les pratiques sont édifiantes dont l’incendie de synagogue par les troupes cosaques à Tétiev, ces juifs décapités à Dubovo, etc. Rappelons qu’en 1926, les grandes villes ukrainiennes comportaient des grandes communautés juives : 150 000 à Odessa ; 140 000 à Kiev, 80 000 à Karkhov et près de 100 000 à Lviv dans l’Ouest. Combien sont-ils aujourd’hui ? Le martyr des juifs d’Odessa a été estimé à 44 000 morts dont le sang coulait sur les escaliers du port rougeoyant la mer Noire, massacré en une semaine entre le 22 octobre et le 1er novembre 1941. Ce sont cette fois les fascistes roumains de l’époque qui étaient à l’action, les frères de Stepan Bandera au service du Reich. Oubli là encore ! En tout, lors de la Seconde Guerre mondiale, les estimations varient entre 900 000 et 1,2 million, voire un peu plus. Entre 1941 et 1959, la population juive en Ukraine a baissé de près de 70%. Et les persécuteurs furent bien les nazis et leurs complices et supplétifs locaux du parti de Stepan Bandera, le héros nationaliste. « Just a fact again ».
Et les Ukrainiens fuient ce beau pays depuis son indépendance
Et ce beau pays suscite la plus grande fuite de population jamais enregistrée en Europe en temps de paix. De 1991, année de l’indépendance à 2022, la population est passée de 52 millions d’habitants à 41 millions, soit un effondrement de 20%.
Croissance de la population en Ukraine (donneesmondiales.com)
Qui a enquêté sur cette hémorragie de population ? Les dirigeants ukrainiens n’ont-ils donc aucune responsabilité ? En interrogeant des Ukrainiens présents en France, on entend parler de corruption, de violence physique, de prostitutions et d’esclavages sexuels, de chantages et de persécutions, d’une société minée par les exactions, sans espérance et sans droit où il faut se soumettre à des oligarques féodaux. Pur fantasme sans aucun doute, partagé par quelques millions d’Ukrainiens, sans oublier le désarroi économique d’un pays incapable de répartir la richesse alors qu’il en regorge : mines, agricultures, etc. que nous redécouvrons aujourd’hui.
Questions à nos élites de l’OTAN et de l’UE
Serions-nous ouvertement favorables à la déportation des juifs ukrainiens jusqu’au dernier ? Oui ou non ? Serions-nous complices d’un régime politique qui conduit 20% de sa population à fuir son pays en 30 ans ? Oui ou non ? J’entends que non. Il n’y a donc pas de problème ukrainien, pas d’antisémitisme, pas de persécutions, pas de ségrégations, pas d’ukrainisation nationaliste contre les autres populations ? Non, tout va très bien dans cette belle démocratie où les juifs ne cessent d’abandonner leurs longues histoires et présences séculaires. Non, tout va bien dans ce pays où la population se carapatent du pays massivement depuis l’indépendance. L’OTAN et l’UE ne voient rien et soutiennent donc cette maltraitance générale des populations. Or, tout cela précède Poutine. Et alors que les accords de Minsk protégeaient la paix, ces nationalistes ont voulu la guerre qui fauche maintenant des centaines de milliers de jeunes sans reportages dans les hôpitaux, sans chiffres de l’État ukrainien qui parait compétent pour annoncer les morts russes que nos médias reprennent religieusement, mais incapable de rendre compte de son engagement dans la guerre. Or, il suffisait de faire respecter ces accords. Où en sera l’Ukraine en 2023 ? Ruinée, dépeuplée, déchirée, peut-être même dépecée, et combien d’Ukrainiens, juifs ou non, fuiront encore cet enfer construit par la folie de ces Ukro-nazis que nous cachons parce qu’ils servent nos intérêts : cynisme pathétique qui nous attirera encore plus de haine de par le monde. Triste Occident qui trahit jour après jour tout ce qui l’a élevé.
Essayiste, chercheur et fondateur de l'Institut de Recherches de Philosophie Contemporaine, Pierre-Antoine Pontoizeau a notamment publié des ouvrages sur la théorie de la communication, la théorie des organisations, la théorie du langage politique et la philosophie des mathématiques.
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