Une pincée de proportionnelle ?

Auteur(s)
Marcel Monin pour France-Soir
Publié le 21 octobre 2024 - 14:28
Image
Barnier
Crédits
Jocard / AFP
Une pincée de proportionnelle ?
Jocard / AFP

Le Premier Ministre a l’air de s’intéresser à une modification du mode de scrutin. 

Les marmitons sont libres de mettre un peu plus ou un peu moins d’un ingrédient dans la tambouille… On ne voit pas pourquoi un Premier Ministre se priverait d’ajouter… peut-être… et quand la nouvelle réflexion sera close après qu’il l’aura ouverte, une petite pincée de proportionnelle (*) dans la loi électorale.   

Le mode de scrutin est une technique de comptabilisation des bulletins de votes qui sont habituellement déposés dans les urnes ou qui sont susceptibles de l’être aux prochaines élections. Technique de comptabilisation que les politiques au pouvoir modifient selon le moment et en fonction de diverses considérations (*).  

Dont la première est de récolter pour eux et pour leurs amis politiques le maximum de sièges ou… est d’éviter d’en perdre trop (*) (loi du 10 juillet 1985 malicieusement qualifiée par certains de loi "Fabius - Le Pen"). 

Si tel ou tels personnages politiques ont un dessein pour la France et les Français (genre : de Gaulle), ou portent une idéologie ou des intérêts particuliers (genre : la plupart des successeurs), ils optent pour un mode de scrutin qui dégagera une majorité parlementaire qui ne renversera pas le gouvernement et qui votera les textes que le gouvernement leur demandera de voter. 

Evidemment, là-dedans, le citoyen – électeur et les intérêts de ce dernier - ne comptent guère. 

Sans compter que le vote est depuis toujours gaillardement manipulé d’une manière ou d’une autre (*) (NB.  On l’a vu de manière quasi caricaturale dans le processus ayant conduit aux élections d’E. Macron comme président de la République) pour qu’il sorte des urnes la majorité que les manipulateurs ont travaillé à produire (ou qu’il n’en sorte pas les désagréments redoutés) 

Quant au référendum, la manipulation peut conduire à faire voter les électeurs comme « on » souhaitait qu’ils votent (v. la campagne et les arguments développés en vue de l’adoption du traité de Maastricht). 

Etant incidemment rappelé que les manipulateurs sont d’abord ceux qui ont les moyens financiers (contrôle ou propriété des médias, financements divers aux candidats dont le nom doit sortir des urnes) … de manipuler. 

Le problème des gouvernants actuels, c’est qu’ils ont une politique à mener. Qu’ils aiment bien – puisqu’ils ont pu accéder à leur poste - (même si certains ont commencé à faire de la politique sous la bannière gaulliste) et qui leur est imposée par divers traités (notamment "européens "). 

Mais qu’ils n’ont pas de majorité promettant de marcher au pas cadencé.  

Et que des propos critiques commencent à être entendus sur le système européen et ses conséquences pour la vie des citoyens.  

Et qu’ils commencent à ne plus être pris au sérieux … voire pire : les actuels titulaires des postes de premier plan donnent manifestement le sentiment, qu’en dehors de la mise en œuvre de ces intérêts particuliers, (qui leur est d’ailleurs dictée par les organismes créés par les traités en question, qui, - soit dit en raccourci -  veulent que les financiers prospèrent sans entraves des gouvernants),  ils n’ont pas, (en dehors du discours tendant à répéter en boucle qu’il faudrait faire quelque chose ou en organisant des bavardages)  beaucoup d’idées sur la manière d’organiser les services pour sortir de ce qui paraît ressembler à une sorte de … « pagaille » généralisée. 

Alors, quid d’une dose de proportionnelle ? 

Quels sont les partis qui gonfleront leurs effectifs avec le nouveau mode de comptabilisation des votes ? Il faut attendre le résultat de l’examen de la carte électorale. Il faut attendre que les calculettes aient tourné.

La nouvelle arithmétique permettra-t-elle un consensus sur le partage des portefeuilles ministériels qui assurera à leurs titulaires de rester au pouvoir ? Il faut attendre les marchandages. 

Qu’est que ce mode de scrutin peut changer pour la vie des citoyens et pour le fonctionnement correct de la démocratie ? 

Réponse immédiate (raisons de fait ci-dessus) : rien. 

 

Marcel-M. MONIN 

Maitre de conférence honoraire des universités

(*) Sur les liens entre le mode de scrutin et la constitution d’une majorité parlementaire et la stabilité gouvernementale, et sur les raisons du choix du scrutin adopté par de Gaulle, lire nos développements dans : « Documents constitutionnels depuis 1958. Analyses et commentaires ». Dalloz-Armand Colin. 

 

À LIRE AUSSI

Image
banque
Le gouvernement entre l’endettement et l’entêtement
On sait que ce qu’on appelle « l’Europe » a décidé que les Etats, sous peine de sanction, ne devaient pas avoir un endettement supérieur à 3 % du PIB. Pourquoi 3 % ? P...
07 octobre 2024 - 14:40
Opinions
Image
PHOTO
La nomination du gouvernement … revue et corrigée par Macron ?
TRIBUNE - Les rédacteurs du texte de 1958 avaient, en prévision de l’arrivée du général de Gaulle à la présidence de la République, imaginé des dispositions qui étaien...
05 septembre 2024 - 17:15
Opinions
Image
senat
Ministres et députés à la fois … merci qui ?
TRIBUNE - Les institutions de 1958 étaient faites pour que la politique financière, économique et sociale ne se fasse plus « à la corbeille » (donc à pas à Davos et ai...
02 août 2024 - 10:30
Opinions

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.