Une pincée de proportionnelle ?
Le Premier Ministre a l’air de s’intéresser à une modification du mode de scrutin.
Les marmitons sont libres de mettre un peu plus ou un peu moins d’un ingrédient dans la tambouille… On ne voit pas pourquoi un Premier Ministre se priverait d’ajouter… peut-être… et quand la nouvelle réflexion sera close après qu’il l’aura ouverte, une petite pincée de proportionnelle (*) dans la loi électorale.
Le mode de scrutin est une technique de comptabilisation des bulletins de votes qui sont habituellement déposés dans les urnes ou qui sont susceptibles de l’être aux prochaines élections. Technique de comptabilisation que les politiques au pouvoir modifient selon le moment et en fonction de diverses considérations (*).
Dont la première est de récolter pour eux et pour leurs amis politiques le maximum de sièges ou… est d’éviter d’en perdre trop (*) (loi du 10 juillet 1985 malicieusement qualifiée par certains de loi "Fabius - Le Pen").
Si tel ou tels personnages politiques ont un dessein pour la France et les Français (genre : de Gaulle), ou portent une idéologie ou des intérêts particuliers (genre : la plupart des successeurs), ils optent pour un mode de scrutin qui dégagera une majorité parlementaire qui ne renversera pas le gouvernement et qui votera les textes que le gouvernement leur demandera de voter.
Evidemment, là-dedans, le citoyen – électeur et les intérêts de ce dernier - ne comptent guère.
Sans compter que le vote est depuis toujours gaillardement manipulé d’une manière ou d’une autre (*) (NB. On l’a vu de manière quasi caricaturale dans le processus ayant conduit aux élections d’E. Macron comme président de la République) pour qu’il sorte des urnes la majorité que les manipulateurs ont travaillé à produire (ou qu’il n’en sorte pas les désagréments redoutés)
Quant au référendum, la manipulation peut conduire à faire voter les électeurs comme « on » souhaitait qu’ils votent (v. la campagne et les arguments développés en vue de l’adoption du traité de Maastricht).
Etant incidemment rappelé que les manipulateurs sont d’abord ceux qui ont les moyens financiers (contrôle ou propriété des médias, financements divers aux candidats dont le nom doit sortir des urnes) … de manipuler.
Le problème des gouvernants actuels, c’est qu’ils ont une politique à mener. Qu’ils aiment bien – puisqu’ils ont pu accéder à leur poste - (même si certains ont commencé à faire de la politique sous la bannière gaulliste) et qui leur est imposée par divers traités (notamment "européens ").
Mais qu’ils n’ont pas de majorité promettant de marcher au pas cadencé.
Et que des propos critiques commencent à être entendus sur le système européen et ses conséquences pour la vie des citoyens.
Et qu’ils commencent à ne plus être pris au sérieux … voire pire : les actuels titulaires des postes de premier plan donnent manifestement le sentiment, qu’en dehors de la mise en œuvre de ces intérêts particuliers, (qui leur est d’ailleurs dictée par les organismes créés par les traités en question, qui, - soit dit en raccourci - veulent que les financiers prospèrent sans entraves des gouvernants), ils n’ont pas, (en dehors du discours tendant à répéter en boucle qu’il faudrait faire quelque chose ou en organisant des bavardages) beaucoup d’idées sur la manière d’organiser les services pour sortir de ce qui paraît ressembler à une sorte de … « pagaille » généralisée.
Alors, quid d’une dose de proportionnelle ?
Quels sont les partis qui gonfleront leurs effectifs avec le nouveau mode de comptabilisation des votes ? Il faut attendre le résultat de l’examen de la carte électorale. Il faut attendre que les calculettes aient tourné.
La nouvelle arithmétique permettra-t-elle un consensus sur le partage des portefeuilles ministériels qui assurera à leurs titulaires de rester au pouvoir ? Il faut attendre les marchandages.
Qu’est que ce mode de scrutin peut changer pour la vie des citoyens et pour le fonctionnement correct de la démocratie ?
Réponse immédiate (raisons de fait ci-dessus) : rien.
Marcel-M. MONIN
Maitre de conférence honoraire des universités
(*) Sur les liens entre le mode de scrutin et la constitution d’une majorité parlementaire et la stabilité gouvernementale, et sur les raisons du choix du scrutin adopté par de Gaulle, lire nos développements dans : « Documents constitutionnels depuis 1958. Analyses et commentaires ». Dalloz-Armand Colin.
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