Ouganda : 30 morts, des dizaines de disparus dans un naufrage sur le lac Victoria
Une trentaine de personnes sont mortes et plus de 60 autres se sont sans doute noyées en Ouganda dans le naufrage d'un bateau où était organisée une fête sur le lac Victoria, a annoncé dimanche la police.
Le navire à bord duquel se trouvaient près d'une centaine de personnes qui buvaient, dansaient et écoutaient de la musique, a coulé samedi par mauvais temps lors du dernier naufrage en date sur le plus grand lac d'Afrique.
"Trente corps ont été retrouvés et 27 personnes secourues", a déclaré une porte-parole de la police, Zura Ganyana, précisant que le drame s'était produit à 150 m seulement du rivage.
"Selon l'un des survivants, il y avait plus de 90 personnes à bord", a ajouté Asuman Mugenyi, directeur des opérations de la police ougandaise.
Le bateau décoré de dents de requin peintes sur la proue a coulé au large de Mutima, dans le district de Mukono, près de la capitale Kampala.
Selon différents responsables et témoignages, la surcharge et le mauvais temps sont probablement à l'origine de l'accident. Facteurs aggravants, les secours auraient tardé à intervenir, beaucoup de gens ne savaient pas nager et avaient trop bu.
"Nous nous attendons à ce que (le nombre de passagers) dépasse la capacité du bateau. Il était surchargé et, malheureusement, les gens étaient ivres", a dit le policier, M. Muyengi. "Nous soupçonnons que l'état mécanique du bateau et les conditions météorologiques ont contribué au naufrage".
"Une grosse tempête a frappé", a renchéri Richard Kikongo, un responsable local. "Il faisait froid et il y avait beaucoup de vent", a confirmé James Matovo, un jeune homme de 26 ans témoin du drame.
D'autres ont aussi affirmé que le bateau avait pu être remis rapidement en service après une remise en état afin de profiter des fêtes de fin d'année.
"C'était une grande fête", a raconté Washington Serunjogi, dont la soeur Justine Namayanja est portée disparue.
"Justine avait participé à trois croisières avant et je savais que quelque chose n'allait pas hier parce qu'elle postait toujours des selfies sur WhatsApp et Facebook mais la nuit dernière elle ne l'a pas fait", a-t-il dit. Comme beaucoup d'Ougandais, a-t-il ajouté, sa soeur ne savait pas nager.
Les secours ont été lents à réagir, a-t-il ajouté, estimant que "si des gens étaient arrivés plus vite, le nombre de survivants serait supérieur".
- "Rien vu d'aussi terrible" -
Des pêcheurs ont essayé de secourir les naufragés mais figurent parmi les victimes.
"Les pêcheurs de deux petites embarcations pouvaient voir que le bateau coulait et ils se sont portés à leur secours. Les gens ont essayé de sauter sur les bateaux, mais ils étaient trop nombreux et ont coulé. Les sauveteurs sont morts aussi", a dit Richard Kikongo.
"Des gens continuaient d'arriver sur les bateaux de pêche et un homme a été submergé. Il a été tiré vers le bas et s'est noyé", a ajouté M. Matovo. "J'ai vu beaucoup d'accidents mais rien d'aussi terrible", a-t-il encore dit.
Selon des riverains, le bateau, dont le propriétaire et sa femme ont péri dans l'accident, était loué pour des fêtes tous les week-ends, et souvent surchargé.
Dimanche matin, le centre de loisir de Mutima Country Haven avait été transformé en morgue où la police rassemblait les corps des victimes.
Le porte-parole de la police, Emilian Kayima, a déclaré que les recherches de survivants se poursuivaient.
D'une superficie de 70.000 km2, le lac Victoria a à peu près la taille de l'Irlande et se partage entre la Tanzanie, l'Ouganda et le Kenya.
Il n'est pas rare que des ferries y chavirent et le nombre de décès est souvent élevé en raison d'une pénurie de gilets de sauvetage et du fait que de nombreuses passagers ne savent pas nager.
En septembre, plus de 200 personnes sont mortes dans le naufrage d'un ferry, le Nyerere, qui a coulé au large de la rive tanzanienne. En 1966, plus de 800 personnes avaient perdu la vie lorsqu'un bateau, le MV Bukoba, a coulé au large de la ville de Mwanza.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.