Perquisitions LFI : une magistrate monte au créneau, Mélenchon attaque des médias
Quatre jours après les perquisitions houleuses ayant visé LFI, la tempête n'est pas retombée: la procureure générale de la cour d'appel de Paris a dénoncé samedi "un coup de force" de Jean-Luc Mélenchon, tandis que celui-ci s'en prenait à deux médias ayant révélé des éléments des enquêtes en cours.
Radio France a annoncé samedi le dépôt d'une plainte après les propos du leader de la France insoumise qualifiant de "menteurs" et d'"abrutis" les journalistes de franceinfo et appelant ses militants à les "pourrir".
Dans une inhabituelle prise de parole, la procureure générale de la cour d'appel de Paris a apporté son "soutien aux magistrats et policiers qui ont subi un coup de force, avec des violences verbales et physiques". Pointant sur Europe 1 une tentative "d'entrave à l'action de la justice", elle a ajouté "qu'un policier a porté plainte, magistrats et policiers ont été choqués".
Dans une scène filmée mardi par des journalistes, Jean-Luc Mélenchon avait notamment appelé ses proches à "enfoncer la porte" pour entrer dans les locaux de son mouvement où une perquisition était en cours. Il a ensuite bousculé un représentant du parquet ainsi qu'un policier qui s'interposait.
"Si monsieur Mélenchon était arrivé tout seul et calmement, il n'y aurait eu aucun problème pour qu'il accède aux locaux de son parti", a-t-elle ajouté.
Mais, accompagnés de militants et de députés LFI, il "a voulu rentrer en force", et "c'est parce qu'on ne pouvait pas filtrer eu égard à cette pression physique sur la porte, qu'effectivement on n'a pas laissé passer M. Mélenchon car on ne pouvait pas laisser passer le groupe", a expliqué Mme Champrenault.
L'enquête pour "menaces ou actes d'intimidation contre l'autorité judiciaire" et "violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique" ouverte après les accrochages lors des perquisitions a été transférée à Bobigny.
- "Obstruction" -
Les déclarations de cette haute magistrate interviennent au lendemain d'une conférence de presse fleuve de Jean-Luc Mélenchon, qui a notamment dénoncé "une offensive politique organisée par toute la Macronie et qui a trouvé ses relais en instrumentalisant la police, la justice et les médias".
Accusé par les Insoumis d'être aux ordres du pouvoir, le parquet n'a pas informé en amont le ministère de la Justice des perquisitions, a assuré la magistrate: "nous faisons remonter lorsque les faits se sont passés".
Deux enquêtes préliminaires, menées sous l'égide du parquet, portent sur des emplois présumés fictifs de parlementaires européens et sur les comptes de campagne de l'ex-candidat à la présidentielle.
Samedi soir, l'un des avocats de Jean-Luc Mélenchon, Mathieu Davy, a de nouveau pointé sur BFMTV "deux grosses irrégularités" lors des perquisitions: des fuites dans la presse - "c'est très grave" - et une "obstruction" à la présence notamment de M. Mélenchon. Il a réitéré sa demande de désaisissement d'un représentant du parquet chargé de l'enquête.
Jean-Luc Mélenchon a été entendu jeudi dans ces enquêtes par la police anticorruption (Oclciff), qui a également interrogé vendredi sa conseillère et ex-directrice de communication lors de la dernière campagne présidentielle Sophia Chikirou, soupçonnée d'avoir surfacturé certaines prestations.
Vendredi et samedi, M. Mélenchon s'en est pris à franceinfo puis Mediapart, qui ont tous deux publié des révélations dans l'enquête sur ses comptes de campagne.
Sur Twitter, le directeur de la radio publique, Vincent Giret, a dénoncé les "propos menaçants et infamants" de M. Mélenchon, un "appel à la haine et à la violence" "irresponsable".
L'avocat de Jean-Luc Mélenchon a par ailleurs dénoncé samedi une violation du secret de l'enquête par Mediapart, qui a consacré un article aux "premières découvertes des perquisitions".
Le site d'informations évoque une relation intime "de longue date" entre le député et Sophia Chikirou. Mme Chikirou avait été à la fois co-fondatrice et directrice de publication du Média, une webTV qu'elle a quitté avec fracas en juillet pour s'occuper de la communication de La France insoumise.
Il écrit aussi que 12.000 euros en liquide auraient été découverts au domicile d'un proche de M. Mélenchon; cet homme aurait déclaré que la somme lui avait été confiée par la mandataire financière de la campagne de 2017.
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