La revue d’actu de France-Soir : semaine du 28 août 2023
La revue d’actu de France-Soir est une revue de presse hebdomadaire articulée autour de l’actualité politique, économique et médiatique, tant française qu’internationale. Sans pour autant chercher à les ignorer, cette rubrique n’a pas forcément vocation à s’attarder sur les sujets les plus discutés de la semaine. Elle s’attache plutôt à revenir – avec un regard gentiment acerbe – sur des nouvelles parfois passées inaperçues au milieu de l’intense flux d’informations hebdomadaires.
Au programme de la Revue d'actu de France-Soir : l’initiative d’ampleur (barricadée) de Macron… avec ses marionnettes de l’opposition, Barbara Stiegler, Jean-Luc Mélenchon, Olivier Véran, Gabriel Attal, des enseignants bacheliers, nouvelle péripétie lors du (coûteux) SNU, un supervariant du Covid, Niger, Gabon… ou quand la Françafrique se fait piétiner, François Hollande en analyste, les Américains en alliés (ou pas), l’IA colonise la Chine et les États-Unis, la reconnaissance biométrique débarque sur Twitter, le billet d’avion low-cost « ce n’est plus possible »… mais aussi des zones à faibles émissions, alias la nouvelle taxe écolo-climatique qui limite les déplacements des citoyens !
Une quatorzième RDA perdue entre réalité et science-fiction.
FRANCE
Voilà quelques semaines, Emmanuel Macron s’est mis en tête de nous vendre une « initiative politique d’ampleur ».
Ce mardi, Europe 1 nous révélait enfin la nature de cette nouvelle invention présidentielle : « Dans le cadre de son "initiative politique d'ampleur", Emmanuel Macron recevra mercredi les partis représentés au Parlement à la Maison d’éducation de la Légion d’honneur de Saint-Denis ».
Seul LIOT – le parti traître qui, en mars dernier, avait manqué de faire tomber le gouvernement à neuf voix près via une motion de censure – n’était pas convié à cette réunion tenue à huis clos… et sous contrainte.
En effet, à la veille de l’’évènement, Europe 1 nous avertissait qu’un « dispositif pour garantir la confidentialité des discussions a été élaboré ». La station de radio expliquait par exemple que « les photos ser[aie]nt interdites, la presse sera[it] tenue à l’écart et les participants ne pourr[aie]nt pas échanger avec l’extérieur ».
Ambiance stalinienne… qui amène Europe 1 à conclure que ce spectacle de la rentrée macronienne « sera en quelque sorte coupée du reste du monde pour [l’]après-midi [mais aussi lors du] dîner de travail [qui suivra] ».
Le grand jour arrivé, La Provence rapportait que l’omniprésence technologique était finalement encore plus importante qu’annoncée par Europe 1 puisque, « selon un participant, des brouilleurs téléphoniques ont même été installés ».
Qui y a-t-il de si surprenant à ce que la convocation du monarque absolu garde un caractère si opaque ? Pas grand-chose.
La France de Louis XIV ou de Pétain n’est pas si loin… mais aussi celle du Covid, lorsque l’Assemblée nationale s’était transformée en vulgaire chambre d’enregistrement des décisions actées dans le plus grand secret du Conseil de défense.
Personne n’aura donc été surpris par cette nouvelle réunion présidentielle tenue en catimini.
La Provence s’intéressait tout de même à la nature des discussions censées être l’enjeu premier de cette journée : « Les participants [ont été] invités à deux tables rondes sur la situation internationale et les réformes institutionnelles, suivies d'un dîner autour de toutes les questions posées par les récentes émeutes urbaines, école, autorité, intégration, inégalités, a prévenu l'Élysée ».
En résumé, en plus de vendre à l’opinion publique le mirage d’une rencontre démocratique, la macronie souhaitait sonder ses opposants sur les sujets les plus chauds du moment afin de définir leurs positions… en vue de mieux les contrer par la suite.
L’art (éculé) de la guerre (politique), façon Davos.
À la sortie de cette sauterie qui a tout de même duré une douzaine d’heures, de 15 heures le mercredi à 3 heures du matin le lendemain, BFM nous révélait, jeudi, qu’Emmanuel Macron avait annoncé à ses convives voir « une "funeste connerie" dans la limitation à deux quinquennats ». Sous-entendu : le Lider maximo français regrette – une fois de plus – de ne pas pouvoir poursuivre « son projet » après 2027.
Vendredi, Barbara Stiegler, professeur de philosophie politique, commentait sur les réseaux sociaux cet énième sondage sur l’éventualité que le chef de l’État puisse finalement bien conserver le pouvoir à la fin de son mandat
La professeur de l’université de Bordeaux Montaigne se souvient de quelques-unes des sorties mémorables du Président : « "Qu'ils viennent me chercher" (Benalla) ; "J'ai très envie de les emmerder" (Covid) ; "Qu'ils aillent au pénal" (McKinsey) ».
Du coup, selon elle, « c’était clair dès les premiers jours de son funeste règne, (…) dès l'origine, [Emmanuel Macron était] un petit Xi Jinping frustré ».
Voilà a peu près la seule information un tant soi peu pertinente qui soit ressortie de ce dîner… où l’opposition – comme elle aime tant se complaire à le faire – s’est une nouvelle fois abîmée à jouer le jeu de celui qui s’obstine à vouloir la voir disparaître (cf. RDA semaine du 7 août).
Une pratique qui tourne presque au masochisme.
BFM nous explique toutefois que Jean-Luc Mélenchon, le gourou retraité de la France insoumise, tentait tout de même de profiter de l’occasion pour jouer son rôle attendu de rebelle.
BFM écrit : « Du côté de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon n'a pas manqué d'épingler les mots du président, en appelant à un "référendum révocatoire" pour contraindre Emmanuel Macron à la démission ».
Dans ce tweet partiellement retranscrit par BFM, Jean-Luc Mélenchon se montre en effet offensif : « Douze heures d’interventions à la file pour rien. Chacun a récité son programme, point final. Macron a répété le sien. Que vaut une telle “discussion” à 3 heures du matin ? Et les questions sociales après minuit ? Consternant. Cette méthode court-circuite encore la démocratie parlementaire et sociale ».
Pourquoi y être allé dans ce cas ? Et, pourquoi y être resté aussi tard ? L’opposition espérait-elle sincèrement en se rendant à cette convocation pouvoir jouer un autre rôle que celui de faire-valoir ?
Une question qui ne semble pas irriter Jean-Luc Mélenchon… qui préfère soigner la conclusion de son commentaire : « Macron a craqué. Il a dit : “Ne pas pouvoir être réélu est une funeste connerie”. Pouvoir abréger celui-ci par référendum révocatoire serait un soulagement général. Il a dit non. Rideau. »
Ce seul petit tweet assassin, sans aucune portée politique « d’ampleur », valait-il vraiment le coup qu’Emmanuel Bompard, le fidèle lieutenant de Jean-Luc Mélenchon, aille alimenter cette basse opération de communication présidentielle ?
Manifestement, oui.
De son côté, Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement – également sobrement nommé ministre du Renouveau démocratique – se félicitait sur France Info que « des gens qui se combattent ont décidé de se parler à huis clos ». Pour Olivier Véran, « quelque chose s’est passé qui pourrait marquer l’histoire politique, voire démocratique, de notre pays ». Particulièrement enjoué par ce renouveau démocratique, l’ancien ministre de la Santé se montrait optimiste : « C’est une image qui doit faire plaisir aux Français ».
A priori, les Français sont fatigués de cette com’ permanente, même s’il faut croire que la macronie est, elle, ravie de la réussite de son opération. RN et LFI, les deux principales forces d’opposition du pays, ayant continué à faire bien sagement ce qu’on attendait d’elles.
Autre habitude du chef de l’État, celle de couper l’herbe sous le pied de ses ministres.
Celui le plus couvé actuellement est sans conteste Gabriel Attal, le nouveau chef de service de l’Éducation nationale. Après avoir déjà supplanté son ministre la semaine dernière lors d’une interview accordée au Point (dans laquelle il annonçait vouloir augmenter tous les enseignants), le président de la République a une nouvelle fois pris les devants sur le benjamin de la macronie.
En ce sens, vendredi, Le Monde nous apprenait que : « Emmanuel Macron veut “une formation dès l’après-bac” pour les enseignants, afin de permettre aux jeunes d’être formés plus tôt à ce métier ».
Le quotidien explique que « le chef de l’État a précisé avoir demandé au nouveau ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal, de travailler sur ce sujet ».
Traduction : « Va faire tes devoirs gamin ! »
Emmanuel Macron nous donne des précisions sur les injonctions faites à son chef de service : « Ce que nous voulons faire, c’est aussi une formation dès l’après-bac, professionnalisante, plus visible, qui va nous permettre de mieux planifier nos besoins, et en quelque sorte de revenir à un système qu’on connaissait par le passé, qui fonctionnait, qui est un peu celui des Écoles normales. »
Le chef de l’État ajoute : « Il faut qu’on puisse permettre à nos jeunes bacheliers et bachelières qui veulent aller vers ce beau métier d’être formés aux savoirs fondamentaux nécessaires au métier d’enseignant dès l’après-bac, d’avoir une formation intégrée, ce qui nous permettra aussi par rapport aux besoins qu’on connaît[ra] d’ici trois, quatre, cinq ans, d’avoir le bon système de recrutement et pas simplement d’ouvrir des concours année après année. »
Une formation à suivre dès le bac en poche, largement au rabais comparée à celle actuellement en vigueur, puisque Le Monde nous rappelle que « les concours de recrutement des enseignants ont actuellement lieu en seconde année de master, soit cinq années après l’obtention du baccalauréat ».
Mais pour Emmanuel Macron, cette dépréciation vertigineuse du niveau réclamé pour devenir enseignant ne posera aucun problème. Selon lui, cette réforme va surtout permettre de « limite[r] l’un des phénomènes qu’on a aujourd’hui, qui parfois crée de la frustration et qui est à [s]on avis sous-efficace, c’est-à-dire d’avoir certains de nos enseignants qui rentrent après un cursus universitaire qui est totalement disproportionné et parfois décorrélé de ce qu’ils vont faire ».
Comment le Président envisage-t-il de voir ce métier évoluer pour que les futurs enseignants n’aient plus besoin que d’un bac ?
Est-ce totalement utopique d’imaginer qu’ils soient à terme appuyés dans leur travail par des intelligences artificielles en mesure de combler leurs lacunes cognitives (amenées à être toujours plus nombreuses compte tenu des politiques mises en place) ?
Un enseignant avec une formation au rabais pourrait ainsi vite être dépassé par le savoir de son outil artificiel… et n’aurait, à terme, d’autre choix que celui d’inverser les rôles avec son assistant, en acceptant de devenir l’adjoint de son IA.
Un peu comme dans le reste des services publics où, mercredi, TF1 nous révélait que « ChatGPT [serait] testé dans l'administration à partir d'octobre ». Le but ? Simplement que l’intelligence artificielle puisse répondre au public à la place des agents. TF1 note néanmoins que « les réponses proposées par [l’IA] seront soumises au contrôle d’un agent de l’administration avant d’être envoyées ».
Une intelligence artificielle ostensiblement testée pour remplacer autant que possible le travail d’humains dans les services publics : autant de futurs chômeurs supplémentaires à compter et de fonctionnaires à ne pas remplacer.
In fine, quelque soit l’évolution du mode de fonctionnement de l’Éducation nationale, force est de constater qu’actuellement, il s’y produit exactement le même phénomène que celui observé dans les hôpitaux ou dans la Police, où – n’ayons pas peur de le dire – les concours d’entrée sont de plus en plus ouverts à « des enfants qui n'ont pas fait de grandes études »… comme le regrettait, début juillet, le ministère de l’Intérieur.
Toujours dans le domaine de l’éducation, Le Canard enchaîné nous parlait mercredi d’un autre jouet que l’exécutif cherche systématiquement à mettre en avant : le Service national universel.
Problème, Le Canard constate que « le Service national universel (SNU) livre, chaque été, son lot de cafouillages maousses ».
Cette fois-ci, le journal satirique raconte l’histoire de 89 volontaires embarqués dans « une journée de visite à Paris [qui] s'est terminée avec une gamine en fauteuil et un autre jeune en béquilles coincés dans le métro, éreintés par des kilomètres de balade sous un soleil de plomb ».
S’il y a bien une chose que l’on peut reconnaître au « Sévice » national universel, c’est qu’il met toujours à l’épreuve l’endurance physique de ses participants.
Le Canard précise « [qu’]après l'intervention des agents de la RATP et des pompiers, l'ado en béquilles a dû être hospitalisé » et bien évidemment, « ni le chef de centre ni la tutelle départementale n'ont jugé bon d'en informer les parents ».
Résultat, poursuit le journal, « un chef de centre, un cadre de santé, un tuteur et la cadre référente sport (qui avait apporté l'apéro au chef de centre à sa demande) ont été renvoyés dans leur foyer ».
Fichtre ! Si on ne peut même plus boire un petit coup pour se rafraîchir sous un soleil de plomb sans avoir en plus à prévenir les parents que leurs mômes ont terminé à l’hosto, à quoi bon encadrer ces jeunesses macroniennes ?
Autre sujet récurrent depuis quelques années : le Covid.
Vendredi, Le Point se demandait (vraiment) « quels symptômes provoque le “supervariant” Pirola ? ».
L’hebdomadaire note que « ce jeudi 31 août, le nouveau variant d'Omicron a été officiellement identifié pour la première fois [en France] dans le département de l'Aube », avant d’ajouter que « ce “supervariant” a été placé sous surveillance par l'OMS et les États-Unis – bien que les chercheurs ne se prononcent pas encore sur sa transmissibilité et sa virulence ».
Le Point observe que « les personnes ayant contracté le variant Pirola peuvent avoir des symptômes ressemblant à une grippe avec une fièvre de 38 °C pendant quelques jours, un rhume sévère et des maux de tête ».
Alerte générale ! Merci infiniment au Point de consacrer une partie de ses colonnes afin de nous prévenir de l’arrivée de ce « rhume sévère » qui dure « quelques jours »… d’autant que l’hebdomadaire semble tracassé par le fait que ce variant puisse « échapper en partie à l'immunité attribuée par la vaccination ou les précédentes infections ».
Du coup, Le Point a-t-il une piste à nous proposer pour essayer d’échapper à ce rhume de quelques jours ?
Se vacciner bien évidemment ! En ce sens, le magazine explique « [qu’]outre-Manche, une nouvelle campagne de vaccination est prévue dès le 11 septembre pour tenter de contrer la transmission du variant Pirola ».
En France aussi, l’idée de relancer la vaccination (contre ce rhume) fait son chemin. Selon le professeur Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux interrogé le même jour par France 3, « il faudrait mettre en place une nouvelle campagne à l'automne ».
Selon lui, « le vaccin actuel est toujours efficace contre Pirola, mais il s'agirait de l'adapter, d'anticiper les prochains variants [car] les virus ont toujours une longueur d'avance sur nous ! ».
Les labos pharmaceutiques et leurs relais politiques aussi !
MONDE
Cette semaine, le feuilleton géopolitique de l’été a phagocyté le gros de l’actualité internationale avec de nombreux rebondissements, notamment grâce à l’arrivée de nouveaux personnages.
Cette série a un tel succès qu’elle est en passe d’être reconduite à la rentrée, et ce, très vraisemblablement jusqu’à la fin de l’année au moins.
Avant toute chose, de manière à bien saisir la teneur des nouvelles informations qui vont suivre, il est nécessaire de se souvenir de quelques uns des précédents épisodes de Querelles russo-sino-occidentales en terres françafricaines :
- La Françafrique de l’Ouest fait face depuis quelques années à une rébellion de juntes militaires acoquinées avec la Tsarafrique (Mali, Burkina Faso et Guinée).
- Fin juillet, le grand Reporter au Figaro, Georges Malbrunot nous avertissait que Macron avait refusé de donner l’ordre aux forces spéciales françaises d’empêcher un énième coup d’État en terres françafricaines, au Niger cette fois. Le Président aurait volontairement laisser agir les putschistes en prétextant qu’il ne voulait pas que sa politique soit assimilée à « du colonialisme », allant même jusqu’à assurer qu’il ne « peut pas rester dans la Françafrique » (cf. RDA semaine du 31 juillet).
- L’émancipation du Niger et son rapprochement avec la Tsarafrique actés, il était ainsi confirmé que « la macronie [avait bien] fait ce qu’elle avait annoncé en empêchant ce pays de “rester dans la Françafrique” » (cf. RDA semaine du 14 août).
- En parallèle, les Américains étaient (et sont toujours) soupçonnés de jouer un double jeu avec les Français en faisant « tout le contraire de ce qu’on pensait qu’ils feraient ». Autant dire « qu’avec des alliés comme ça, on a pas besoin d’ennemis ». Idem du côté des pays européens. Aucun d’entre eux « n’a remis en question la légitimité des exigences des autorités militaires nigériennes, notamment quand elles demandent le départ des troupes françaises » (cf. RDA semaine du 14 août).
- De son côté, « d’un point de vue économique, la Chine s’inscrit sur le long terme dans ce pays francophone [et dans la région]… sans que cela n’ait jamais semblé poser problème outre-mesure à la France, ni aux Américains ou aux Anglais » (cf. RDA semaine du 21 août).
- Ainsi, si face au recul de la Françafrique, « Russie, [États-Unis] et Chine s’en frottent déjà les mains », en France, tout le monde se demandait : « À qui le tour ensuite ? » (cf. RDA semaine du 14 août).
- Par ailleurs, en mars dernier, Macron assurait lors d’une visite au Gabon qu’il n’était pas là pour soutenir la candidature du président sortant, Ali Bongo : « Je ne suis venu investir personne. Je ne suis venu témoigner que mon amitié et ma considération à un pays et un peuple frère », réaffirmant par la même que « la Françafrique est révolue » (cf. RDA semaine du 14 août).
- Enfin, lors du dernier épisode, nous apprenions que « la junte au pouvoir au Niger [avait] ordonné le départ de l'ambassadeur de France à Niamey », tandis que « la France rejet[ait] la demande » (cf. RDA semaine du 21 août).
Les épisodes précédents bien remis en tête, celui de cette semaine peut à présent être apprécié à sa juste mesure.
Dès lundi, Le Figaro Live nous proposait de revoir des extraits de la prise de parole d’Emmanuel Macron, intervenue le même jour sur la question nigérienne.
Pour le chef de l’État, si la France est présente dans cette région du globe, c’est tout simplement en raison de son « implication sécuritaire parce qu'il y avait des risques terroristes et qu'il y en a toujours, et parce qu'il y a [eu] une demande d'États souverains [pour] que nous venions les aider ».
Le président de la République ajoute : « Nous sommes allés aider des pays amis et partenaires à défendre leurs sols et à lutter contre le terrorisme chez eux. C'est un reproche qu'il faut nous faire ? C'est mal d'avoir fait ça ? De grâce, non ! »
Seule la défense de la souveraineté de pays amis expliquerait la présence française au Sahel. Une jolie fable…
Le président de la République tient pourtant à le dire et à le redire « avec beaucoup de force, parce que si on l’oublie aujourd'hui et si on cède aux arguments inadmissibles de cette alliance baroque des prétendus panafricains avec les néo-impérialistes, on vit chez les fous ! ».
Traduction : si on cède aux arguments de la Tsarafrique (et de la Chinafrique), on vit chez les fous !
Emmanuel Macron se dit d’ailleurs convaincu que « si la France n'était pas intervenue [contre les djihadistes], si nos militaires n'étaient pas tombés au champ d'honneur en Afrique, (…) nous ne parlerions aujourd'hui ni de Mali, ni de Burkina Faso, ni de Niger ».
L’idée étant surtout ici que les militaires toujours présents dans la région continuent bien, eux, de souscrire à ce récit… avant de tomber au champ d’honneur pour défendre les intérêts de la macronie et de ses alliés de circonstance.
En bref, il faut bien le dire, dans ce feuilleton de l’été, l’acteur interprétant le personnage du président de la République française gagnerait à être changé, tant son jeu sonne faux.
Peu importe, The show must go on, France Info nous apprenait donc que, lors de son discours, Emmanuel Macron a également souhaité soutenir « l’action diplomatique et, quand elle le décidera, militaire de la Cédé[f]ao ».
« Quand », mais surtout « si » la Cédé[f]ao le décide un jour, puisque l’organisation françafricaine se retrouve totalement isolée sur la scène politique continentale… et même régionale (cf. RDA semaine du 14 août).
Sans compter qu’après avoir relaté qu’Emmanuel Macron avait « salué » Sylvain Itté, l’ambassadeur de France au Niger, qui selon le chef de l’État serait toujours sur place, Le Monde nous apprenait que « la junte militaire au pouvoir au Niger a ordonné, jeudi 31 août, l’expulsion de l’ambassadeur de France dans une lettre adressée au ministère des Affaires étrangères français. Selon ce courrier daté de mardi, Sylvain Itté “ne jouit plus de privilèges et immunités attachés à son statut de membre du personnel diplomatique de l’ambassade de France” », tout comme « ses “cartes diplomatiques et visas” ainsi que ceux des membres de sa famille “sont annulés” ».
L’étau se resserre donc incontestablement autour du personnel diplomatique français présent au Niger.
Intelligemment, le porte-parole du chef d’état-major des armées a su trouver les bons mots pour entretenir l’illusion de voir prochainement une opération militaire être menée par la France, avec ou sans ses vassaux. Cité par Le Monde, il assure que « les forces françaises sont prêtes à répondre à n’importe quel regain de tension et à toute menace contre les emprises diplomatiques et militaires françaises, ou contre des ressortissants français ».
De son côté, samedi, la junte nigérienne envoyait elle aussi un message à la grande muette, en demandant à ses partisans d’encercler la base militaire française de Niamey, telles que le montrent deux vidéos partagées par Anonyme Citoyen sur lesquelles apparaît une importante foule.
L’espoir de voir un remake franchouillard de la prise d’otage historique de l’ambassade américaine à Téhéran est certes un peu mince, ne serait-ce qu’au regard des budgets entre les productions américaine et française, mais il subsiste toujours.
Pendant ce temps-là, en attendant de savoir si la macronie nous offrira un improbable sauvetage de son ambassadeur au Niger digne des plus grands films d’action… un coup de théâtre incroyable est survenu dans l’intrigue !
Un autre territoire de la Françafrique (centrale) est subitement tombé dans la nuit de mardi à mercredi. Et, pas des moindres, puisqu’il s’agit du Gabon. Un pays qui marque la frontière sud des terres françafricaines et qui est tenu d’une main de fer depuis plus de trois décennies par la famille Bongo pour le compte des intérêts français et occidentaux. Autant dire que, sur ce coup-là, la macronie s’est surpassée en réussissant à accélérer de manière fulgurante (en un mois) son souhait de continuer à mettre à sac sa « France à fric ».
Ainsi, le lendemain, mercredi, La Tribune constatait « [qu’]après le coup d’État au Niger le 26 juillet dernier, c'est au tour du Gabon de connaître l'instabilité ». Le quotidien précise « [qu’]alors que la victoire du président sortant, Ali Bongo, venait d'être annoncée, une dizaine de militaires ont fait irruption à la télévision, dans la nuit du mardi 29 au mercredi 30 août pour décréter la “fin du régime” ».
Dans la foulée RFI nous apprenait que « le général Brice Oligui Nguema a été nommé “président de la transition” par les putschistes », tandis « [qu’]Ali Bongo a été placé en résidence surveillée ». En parallèle, les médias françafricains RFI et France 24 ont été, comme à l’accoutumée, immédiatement interdits d’émettre dans le pays.
De son côté, comme attendu dans ce genre de situations, « [l’]Union africaine [a] annoncé la suspension du Gabon après le coup d’État », tel que nous le précisait La Croix.
Une autre indication rapportée par BFM nous permettait également de définir un peu mieux la nature de ce nouveau putsch, puisque la chaîne d’info souligne que « quelques minutes après la réélection du président Ali Bongo, [l]es militaires ont annoncé l'annulation du scrutin ».
En résumé, les putschistes ne sont ni intervenus pour disqualifier le Président sortant en raison d’éventuelles fraudes électorales ni pour confier le pouvoir au candidat arrivé second.
La preuve a d’ailleurs rapidement été apportée lorsque 20 minutes nous indiquait que les militaires ont également annoncé « la dissolution de “toutes les institutions de la République” ».
En d’autres termes, les espoirs démocratiques nés au Gabon à la suite de la chute de Bongo sont mort-nés… il ne s’agirait finalement là que d’un vulgaire coup d’État militaire 100 % factieux comme on les aime tant dans ce coin du monde.
Du coup, en réaction, Olivier Véran expliquait, lors d’un point presse relayé par l’AFP, que « la France condamne le coup d’État militaire qui est en cours au Gabon et la France surveille avec beaucoup d’attention l’évolution de la situation sur place ».
« Surveiller » en étant incapable de réagir militairement n’a pas de sens, la phrase d’Olivier Véran aurait donc plutôt dû être : « La France regarde avec beaucoup d’attention l’évolution de la situation sur place… sans pouvoir (ni vouloir) rien faire. »
Vendredi, La Croix nous proposait un autre son de cloche en nous soumettant l’idée que, dans cette histoire, « “ce [ne serait finalement] pas un coup d’État, [mais plutôt] une révolution de palais”, [selon les propos tenus par] Albert Ondo Ossa, leader de l’opposition gabonaise interrogé par TV5 Monde ».
Le journal catholique explique que « le vainqueur probable de la présidentielle gabonaise considère que la famille Bongo est [en réalité] toujours au pouvoir » puisque, « d’après lui, le putsch qui a renversé Ali Bongo ne serait qu’un règlement de compte familial, fomenté par la demi-sœur du président déchu, Pascaline ».
Voilà qui devient intéressant et qui ménage totalement le suspense pour la suite !
Reste donc à savoir si la France est impilquée dans ce coup d’État ou si elle subit cette prise de pouvoir d’un clan contre un autre… qui œuvrerait déjà pour le compte de puissances étrangères.
Pour François Hollande, interrogé par France Info, derrière ces coups d’État en série contre la Françafrique, il « est évident » qu’il y a bien « des influences étrangères et notamment des régimes autocratiques comme la Russie et la Chine pour déstabiliser ces pays et réduire l’influence occidentale ».
Sacré « Flanby », toujours là quand il s’agit d’apporter une plus-value analytique.
Un journaliste de France Info va alors questionner l’ancien chef de l’État pour savoir si « le manque de fermeté (...) au Mali d'abord, mais également au Niger, pouvait entraîner chez les militaires le sentiment d'impunité »… avant de lui demander, dans la foulée : « Est-ce qu'Emmanuel Macron a raison de faire preuve de fermeté avec le Niger ? ».
François Hollande réussit l’exploit de comprendre l’oxymore du journaliste mais aussi de répondre à sa question. L’ancien chef de file du Parti socialiste lui explique ainsi que cette fermeté – dont on a manqué – « aurait dû se faire dès le premier coup d'État au Mali » mais, pour autant, cela ne l’empêche pas de « partage[r] » la réaction « courroucée » – et donc ferme – d’Emmanuel Macron.
Résumons cet échange lunaire entre le journaliste et François Hollande : Emmanuel Macron fait actuellement « preuve de fermeté » parce qu’il a eu une réaction « courroucée » mais la France est faible parce qu’elle a « manqué de fermeté » au Mali et au Niger.
Soit. Du coup, qui doit-on incriminer pour ne pas avoir réagi après le Mali ? Qui est donc en charge de défendre les intérêts économiques, géopolitiques et géostratégiques de la France si Emmanuel Macron n’est là que pour servir de porte-parole diplomatique vexé ?
François Hollande poursuit son « analyse » : « Au Niger, c'était le coup d'Etat de trop parce que là, il y avait aussi une réaction anti-française qui paraissait totalement exagérée, disproportionnée. Parce que je rappelle que la France au Niger n'est là que parce qu'elle y a été appelée »… alors qu’à l’inverse, l’ancien président de la République assure qu’au Gabon, la situation est différente puisque le France « a des éléments militaires qui sont stationnés et il y a des intérêts économiques importants » (cf. partie ÉCONOMIE).
Oui, donc, en définitive, exactement comme au Niger.
De son côté, le média d’investigation marocain Mondafrique nous narrait le parcours du nouveau maître (de la Transition) du Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema.
Promu en 2019 « à la tête de la Garde républicaine », le média marocain nous explique que Nguema y a ensuite « impulsé des réformes en vue de la rendre plus efficace dans sa mission fondamentale : le maintien du régime ».
Il faut croire que la mission fondamentale du militaire a quelque peu changé en cours de route.
Par ailleurs, si, ce même mercredi, Libération nous révélait « la carte des luxueuses adresses “mal acquises” du clan Bongo à Paris », Mondafrique nous apprenait également que Brice Clotaire Oligui Nguema « dispose [lui aussi] de plusieurs propriétés, [mais] aux États-Unis d’Amérique [pour] une valeur de plus d’un million de dollars selon une enquête de l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) de 2020 ». Mondafrique précise par exemple « [qu’]il a acheté – en cash ! – une propriété à Silver Spring dans le Maryland à 447.000 dollars ! »
Autrement dit, le putschiste en chef, ex-numéro 1 de la Garde républicaine gabonaise, préfère visiblement investir sa fortune naissante aux États-Unis (plutôt qu’en France).
De là à s’imaginer qu’il aurait pu être formé directement par Captain America pour prendre le pouvoir pour le compte de Pasacaline, il y a un fossé qu’il n’est pas (encore) envisageable de franchir… à la différence du cas des putschistes du Niger.
En effet, en fouillant dans les archives du Monde, il est possible de retrouver un article de 2017 expliquant que, selon les sources du journal, « les Américains ont de leur côté “formé et équipé” un bataillon de l’armée nigérienne [avec qui] “ils font beaucoup de missions conjointes” », avant de préciser que « Washington a des accords politiques avec Niamey » et que « le Niger a permis la construction d’une importante base américaine de drones à Agadez, dans le centre du pays, dont le coût est estimé à une centaine de millions de dollars et qui donne aux États-Unis une plate-forme de surveillance de premier plan ».
L’article ajoute que « le général Dunford a indiqué, lundi 23 octobre [2017], que les États-Unis allaient encore renforcer leur présence, car “l’Afrique est l’un des endroits où nous savons que le groupe État islamique [EI] espère renforcer [la sienne]” ».
Le Monde note que « les Américains semblent s’engager vers davantage d’actions militaires, selon les propos du (…) sénateur républicain Lindsey Graham » qui déclarait à l’époque : « Nous allons assister à davantage d’actions en Afrique ».
Voilà une déclaration qui explique un peu mieux pourquoi les Américains « ont fait tout le contraire de ce qu’on pensait qu’ils feraient » au Niger.
Et, concernant le Gabon, il existe également un évènement passé intéressant à prendre en compte : en 2022, le Gabon, mais aussi le Togo, deux pays francophones dans le giron de la Françafrique depuis leur naissance, ont décidé de rejoindre la Britannafrique et son Commonwealth.
Ce sont Les Échos qui s’intéressaient à la nouvelle l’an dernier. Le journal économique écrivait : « Sacrilège ! Deux anciennes colonies françaises, le Gabon et le Togo, ont rejoint samedi le Commonwealth, l'organisation [qui] se compose d'une cinquantaine de pays, en majorité d'anciennes colonies britanniques ayant pour point commun d'entretenir de forts liens historiques et culturels avec la couronne britannique. »
Si on ajoute à cela que le Nigeria, nation la plus puissante d’Afrique, également membre du Commonwealth et de la Britannafrique, est aussi un des pays anglophones les plus influents, si ce n’est le leader naturel de la Cédé[f]ao, alors il devient de plus en plus clair que la Françafrique est bien en train – certes – de tomber entre les mains russes et chinoises, mais aussi entre celles des Américains et des Anglais. Tout ce beau monde se cherchant visiblement peu de noises, le temps de finir de dépecer la Françafrique. Le tout, sous la bénédiction de la macronie qui préfère empêcher ses forces spéciales d’intervenir en amont des coups d’État de peur de faire montre de « colonialisme ».
L’avenir nous dira si la France a tout de même pris soin de négocier avec « ses alliés » le droit de conserver quelques miettes de son ancien empire politico-militaire et si ses intérêts économiques seront toujours protégés par les nouveaux maîtres des lieux.
Définitivement, le personnage du président français a vraiment été mal construit, tant l’intrigue laisse parfois penser qu’il ne défend finalement pas vraiment les intérêts de son propre pays.
En attendant, Le Progrès nous révélait, jeudi, que « le président du Nigeria évoque [finalement] une transition de 9 mois » au Niger… lui qui se montrait pourtant si belliqueux à l’encontre de ses voisins putschistes durant les dernières semaines… même si son Sénat lui avait très rapidement assuré que son pays ne s’engagerait de toute manière pas dans une opération militaire d’envergure… de quoi lui permettre de continuer à aboyer quelques semaines sans risquer de morsure ni de remontrances de ses maîtres.
Le Progrès nous prévient néanmoins que « la Cédé[f]ao dément toute proposition en ce sens ». L’organisation françafricaine entendant maintenir la pression sur la junte… envers et contre tous.
Dernier point à prendre en considération : le rôle des États-Unis. Après que Victoria Nuland se soit assise, le 7 août, à la table des putschistes nigériens, vendredi, la diplomatie américaine a visiblement décidé de siffler la fin de partie au Sahel… en enterrant définitivement l’idée que la Françafrique puisse avoir recours à la force pour déloger la junte nigérienne.
En effet, selon le communiqué de Washington, « le secrétaire à la Défense Lloyd J. Austin III s'est entretenu par téléphone avec le ministre français des Forces armées, Sébastien Lecornu, pour discuter de l'environnement de sécurité au Niger à la lumière des récents développements en Afrique de l'Ouest ».
Résultat : « Le secrétaire et le ministre ont partagé leur désir d'une solution diplomatique à la situation au Niger et ont souligné la nécessité d'un engagement continu avec les Nigériens et les partenaires régionaux africains. »
Une solution diplomatique imposée par les États-Unis à la France du même type que celle proposée par le président nigérien ?
À suivre.
Dans tous les cas, Austin vient bel et bien de notifier à Lecornu que le Niger n’appartenait à présent plus à la Françafrique.
Le communiqué prend tout de même le temps de conclure sur une note d’humour : « Le secrétaire Austin et le ministre Lecornu ont affirmé leur engagement en faveur d'une coopération continue, rendue possible par les relations de longue date entre les États-Unis et la France en matière de défense et de sécurité. »
In fine, qu’importe la lecture des faits de chacun, il est indéniable que la Françafrique disparaît progressivement dans un panier de crabe géopolitique où les alliances officielles et officieuses sont particulièrement complexes à définir.
Quoiqu’il en soit, un nouveau partage de l’Afrique entre les grandes puissances mondiales – version XXIe siècle – est en train de s’opérer sous nos yeux… tant sur le dos de la Françafrique que sur celui des peuples africains.
La suite au prochain épisode.
Dans le reste de l’actualité internationale, mardi, le média digital Anonyme citoyen publiait les images d’une manifestation « devant la résidence du premier Ministre à Londres contre l'entrée en vigueur de la zone à faibles émissions [ZFE] ». Anonyme Citoyen explique que « les véhicules non conformes sont désormais taxés 15[£] par jour ».
15 balles la balade, soit 450 GBP par mois pour toute sortie véhiculée quotidienne, voilà de quoi y regarder à deux fois avant de prendre la voiture.
Déjà la veille, lundi, le média digital nous expliquait que « 2.750 caméras sont déployées dans le Grand Londres pour taxer automatiquement les véhicules non conformes, qui sont souvent détenus par les plus précaires ». Anonyme citoyen accompagnait ce texte de photos des rues de Londres et de son agglomération montrant que la population goûtait finalement assez peu cette nouvelle mesure puisque « de nombreuses caméras [ont été] vandalisées ».
Les Bonnets Rouges anglais gagneront-ils leur combat ?
Peu de chance, car il s’agit là d’un projet censé s’étendre aux grandes villes occidentales.
En France aussi d’ailleurs, à Rouen plus précisément, les choses bougent sur le terrain de la taxation des véhicules jugés trop polluants. En ce sens, Anonyme Citoyen publiait samedi une nouvelle vidéo montrant « des centaines de motards manifest[a]nt contre la ZFE [rouennaise], alors que les motos Crit'air 4 et 5 sont désormais interdites depuis le 1er septembre ».
Le média digital ajoute que « tous les véhicules Crit'air 3 pourraient [eux aussi] être interdits au 1er janvier 2025 dans la métropole ».
De Londres à Rouen, tous les moyens sont bons pour taxer toujours plus le citoyen moyen, tout en limitant drastiquement ses capacités de déplacement.
Toujours dans le domaine des technologies numériques en passe de révolutionner notre mode de vie quotidien, vendredi, France 24 nous parlait de « la Chine [qui serait passée] sous l'emprise de l'intelligence artificielle ».
La chaîne d’info internationale explique que « l'intelligence artificielle pèse en Chine déjà 20 milliards d’euros, un chiffre qui pourrait plus que doubler d’ici deux ans ». France 24 croit d’ailleurs savoir que « Pékin ambitionne de dépasser les États-Unis, pour devenir numéro un mondial dans ce domaine, d’ici 2030 ».
Par ailleurs, la chaîne d’info remarque que l’arrivée de l’IA en Chine « bouleverse le marché du travail et même les relations humaines ». À titre d’exemple, France 24 indique que « Sima Huapeng, le PDG de Nanjing Silicon Intelligence, [a] crée des avatars IA capables de faire des lives streaming pour vendre des produits ».
Voilà bien une technologie qui pourrait séduire les futurs enseignants français.
France 24 ajoute que Sima Huapeng « a même créé une version IA de son propre fils pour lui parler quand il n’a pas le temps de le voir dans la vraie vie ».
Le rêve de tous les parents dont les maux de tête provoqués par leur progéniture peuvent parfois être bien plus persistants que ceux engendrés par Pirola !
France 24 observe également que « de nombreuses entreprises chinoises remplacent [leurs] influenceurs par des IA infatigables et bon marché ».
La chaîne d’info tient aussi à nous conter l’histoire de « Sun Kai [qui] a créé un avatar IA de sa mère décédée il y a cinq ans ». La chaîne internationale explique « [qu’]incapable de faire son deuil, il s’est servi de vidéos, d'écrits et de souvenirs pour recréer cette copie de sa mère ». Et comme Sun Kai est un malin, désormais, il s’est arrangé (avec les autorités) pour que ce nouveau service soit « commercialisé pour le grand public à partir de 6.500 euros, et jusqu’à 150.000 euros pour générer les avatars les plus sophistiqués ».
Merci Maman… et vivement le vrai transhumanisme que Sun Kai puisse enfin transférer dans un terminal tenu par une IA l’intégralité des souvenirs, voire de la conscience, d’une personne fraîchement décédée ! Avant d’espérer passer aux vivants.
Elon Musk et Yuval Noah Harari doivent être ravis de voir la manière avec laquelle leur monde évolue.
ÉCONOMIE
Mercredi, après la mise à la retraite forcée d’Ali Bongo, Les Échos expliquaient que « le réveil a été brutal pour les producteurs de matières premières présents au Gabon, secteur de première importance pour l'économie du pays. Le groupe français Eramet a perdu jusqu'à 21,59 % ce mercredi en Bourse. Même tendance pour les groupes d'hydrocarbures TotalEnergies EP Gabon, filiale gabonaise cotée à Paris, et Maurel & Prom », qui ont respectivement « sombre[r] de 22,49 % » et « jusqu'à 23,34 % ».
Le quotidien indique par ailleurs que « Eramet a annoncé mercredi matin avoir suspendu toutes ses activités au Gabon (…) [où] le groupe minier exploite le manganèse avec sa filiale (…), dont il est l'actionnaire principal aux côtés de l’État gabonais ». Le journal précise que « si la sanction à la Bourse de Paris est si forte, c'est parce que l'extraction et la transformation de manganèse représentent plus de 60 % du chiffre d'affaires du groupe ».
Les Échos notent au passage que « la ligne ferroviaire du Transgabonais qui appartient aussi à Eramet, [a] également cessé une journée. Aucun train n'a circulé ce mercredi entre Franceville et Libreville », même si le « fret ferroviaire dès mercredi soir et l'extraction minière dès jeudi » ont vite repris, « les conditions de sécurité étant réunies selon le groupe ».
Franceville bientôt rebaptisée en Chineville, en Tsarville ou en CaptainAmericaVille ? Ou gardera-t-elle finalement son nom grâce à Pascaline ?
Suspense ! Quant à Libreville…
Le même jour, dans son article consacré aux derniers déboires du SNU, Le Canard enchaîné nous apprenait également que ces jeunesses macroniennes nous coûtaient en réalité un pognon de dingue.
Le journal satirique explique que « les moyens sont là : en 2023, le coût estimé par volontaire pour les “séjours de cohésion” s'élevait, pour douze jours, à près de 2.200 euros, [soit] le prix d'une colo de luxe ».
Le palmipède de la presse française a donc pris sa calculatrice : « Avec 39. 908 participants de 15 à 17 ans, le budget annuel avoisine [actuellement] les 88 millions d'euros ».
Si, tel que souhaité par la macronie, le « Sévice » national universel venait bien à se démocratiser à tous les jeunes de cette classe d’âge, fatalement, son coût viendrait à exploser… a fortiori au regard des frais d’hospitalisations engendrés par les activités physiques retenues durant les stages.
Autre obsession de la macronie et de ses semblables : les voyages autorisés, ou plutôt interdits, selon la qualité des revenus de chacun.
À ce titre, jeudi, Nicolas Doze, éditorialiste économique sur BFMTV, se demandait si « le billet d’avion à 10 euros, c’est fini ? ».
Le journaliste rappelle que « Clément Beaune [a] expliqué dans un entretien à l'Obs que cette mesure simple doit permettre de lutter contre le dumping social et environnemental en protégeant les compagnies les plus sérieuses comme Air France ». C’est pourquoi, le ministre des Transports assure « que des billets à 10 € à l'heure de la transition écologique, ce n'est plus possible ».
Au nom de la transition écologique, qu’il s’agisse de vols en avion ou de zone à faibles émissions dans les métropoles, tous les moyens sont bons pour cloîtrer les classes moyenne et populaire dans leurs quartiers… heureusement que, la semaine dernière, Libé nous vantait le projet « alléchant » de « ville du quart d’heure » pour pallier à tous ces nouveaux désagréments en trouvant malgré tout à s’occuper autour de chez soi.
Nicolas Doze ajoute que « le prix minimum du billet a un avantage, c'est que d'autres pays d'Europe défendent [également] cette idée depuis maintenant plusieurs années. Vous avez l'Autriche, vous avez les Pays-Bas, vous avez l'Allemagne. Donc Clément Beaune, il avance un peu en terrain conquis », voire globaliste.
L’éditorialiste remarque d’ailleurs que « l'Autriche, comme l'Allemagne, plaide ces dernières années pour un minimum de 40 € », sauf que, pour Nicolas Doze, « il y a un problème quand même avec 40 €. Ça veut dire que l'aller-retour est à 80 € et que pour un Bulgare ou un Roumain, c'est 25 % du salaire minimum ». Du coup, le journaliste souligne que « peut-être qu'il faudrait que le prix minimum puisse varier d'un pays à l'autre ».
Attention toutefois avec ce type de bonnes idées ! Les autorités pourraient être tentées de la piquer pour fixer le prix de l’aller-retour à 25 % du salaire minimum pour chaque pays européen.
Nicolas Doze rappelle ensuite les propos de Matthew Krasa, un porte-parole de Ryan Air, une compagnie aérienne à bas coût qui, par le passé, s’était déjà insurgée contre l’éventualité de voir une telle mesure être mise en place. Ainsi, selon Matthew Krasa, « l'introduction d'un prix minimum pour les billets d'avion vise uniquement à protéger de la concurrence les compagnies traditionnelles qui opèrent à des coûts excessifs. Ryanair est persuadé que la Commission européenne ne permettrait pas que les vols deviennent un privilège réservé aux plus riches ».
Faire en sorte que quelques grosses compagnies s’engraissent sur le dos de toutes les autres, tout en empêchant les citoyens les moins aisés de voyager, n’est bien évidemment pas une politique que pourrait valider Ursula.
N’est-ce pas ?!
MÉDIAS
Jeudi, BFM nous prévenait qu’à « compter du 29 septembre prochain, Twitter, aujourd'hui X, va revoir sa politique en matière de collecte des données personnelles. Les données biométriques des utilisateurs pourraient être récupérées, sans plus de détails sur ce qu'il en sera fait ». BFM précise qu’il s’agit « des données relatives à l'identité d'une personne telles que les empreintes digitales ou les traits du visage ».
Pour BFM, « ces données pourront ainsi possiblement servir à vérifier l'identité d'un utilisateur, pour éviter les usurpations d'identité, devenues un temps légion sur la plate-forme avec le changement d'accès aux coches bleues ». La chaîne d’info souligne également que ces données biométriques seront collectées « en plus du nom, de l'adresse mail, du numéro téléphone, de la date de naissance, ou encore des informations bancaires ».
France Info ajoute enfin que « Twitter précise que l'application pourra [aller jusqu’à] collecter vos expériences professionnelles, votre formation ou encore vos compétences afin de vous recommander auprès de potentiels employeurs ou de vous proposer des offres d'emploi ».
La liberté numérique totale, façon Musk.
De son côté, vendredi, France Info publiait une longue enquête sur Avisa Partners, une société française sous le feu des critiques citoyennes et journalistiques.
France Info nous rappelle d’abord que « tout [a] basculé, il y a un peu plus d’un an lorsqu’une ancienne plume d’Avisa Partners a raconté les coulisses de son travail dans un long témoignage publié par le journal Fakir ».
Le principal grief exprimé à l’encontre d’Avisa Partners est celui d’avoir publié une quantité astronomique « de faux articles abrités par de vrais médias ».
Soit l’antithèse même du journalisme.
Pourtant la chaîne du service public nous fait remarquer qu’Avisa Partners a récemment « remporté un contrat auprès de la Commission européenne, portant notamment sur l’écriture de notes dans le cadre de la lutte contre la désinformation ».
Une décision finalement logique puisqu’en matière de désinformation, Avisa Partners sait indéniablement de quoi elle parle.
France Info précise toutefois qu’au sein des rédactions, la décision passe mal puisqu’une « fois l’information rendue publique, la Fédération européenne des journalistes (FEJ), s[‘est] fend[u]e d’une lettre ouverte, dénonçant les agissements et la professionnalisation des "mercenaires de l’influence en ligne" en Europe ».
France Info rappelle également que « l’an dernier, l’un des fondateurs [d’Avisa] affichait [sans honte] sa sérénité : "On est presque 300. On travaille pour les trois quarts du CAC 40 français, pour la Gendarmerie nationale, pour le commandement cyber, pour la Caisse des dépôts et consignations, mais aussi pour des hôpitaux. »
En résumé, des références pas toujours connues pour leur probité. À part – peut-être – la Gendarmerie nationale, pourtant complice de longue date d’Avisa.
En effet, France Info ajoute que « toutes ces révélations ont eu d’autres conséquences pour Avisa : l’État a décidé de boycotter l’entreprise lors du Forum international de la cybersécurité (FIC) qui a eu lieu à Lille en avril dernier, [ce qui est] une première pour ce salon pourtant organisé conjointement par Avisa et la Gendarmerie nationale ».
Autre boycott subi par la société française, celui de Wikipédia.
La chaîne du service public rapporte que « le 8 août 2022, Avisa Partners a également été bannie de Wikipédia dans sa version francophone », avant d’expliquer que « tous ceux qui représentent la société ne peuvent plus contribuer à l’encyclopédie collaborative ».
Si même Wikipédia bannit Avisa Partners, c’est véritablement que sa désinformation était devenue de notoriété publique.
La Commission européenne va-t-elle être obligée de suivre l’État français et Wikipédia en cassant son contrat avec cette entreprise de désinformation ? Ou était-ce précisément le type de services et de connaissances qu’elle recherchait pour mieux accompagner la mise en place de son Digital Services Act ?
Réponse dans les prochaines semaines.
DIVERS
Cette revue d’actu vous propose, en bonus, pour terminer deux dernières nouvelles dystopiques à la sauce américaine.
La première nous était rapportée, jeudi, par NBC.
Selon la chaîne de télévision US, « ceux qui assisteront à des fêtes en plein air ou à des barbecues à New York ce week-end remarqueront peut-être un convive non invité qui se profilera au-dessus de leurs festivités : un drone de surveillance de la police ».
NBC raconte que « la police de New York envisage de piloter ces avions sans pilote en réponse à des plaintes concernant les grands rassemblements, y compris privés », avant de préciser que « le projet a suscité une réaction immédiate de la part des défenseurs de la vie privée et des libertés civiles, soulevant la question de savoir si une telle utilisation de drones violait les lois existantes sur la surveillance policière ».
Qu’elle les viole ou non, une chose est certaine, la recherche d’intimité en extérieur des New-Yorkais risque d’être bien illusoire ce week-end.
Le même jour, c’était au tour du média américain ABC de nous mettre en avant une autre technologie innovante. Selon ABC, certains fans de baseball n’ont dorénavant « plus besoin de chercher un téléphone à l'entrée [du stade], d'attendre un scan de code barres bancal ou d’attendre dans une longue file d'attente à une porte pour assister à un match à domicile des champions de la Ligue nationale ».
ABC explique ainsi que « les Phillies de Philadelphie se sont associés à la MLB [ligue professionnelle de baseball américaine, ndla] pour utiliser leur stade comme site d'un programme pilote appelé Go-Ahead Entry, qui utilise l'entrée basée sur l'authentification faciale pour les fans munis d'un billet ».
Autre technologie utilisée par le club de baseball de Philadelphie : Evolv.
D’après ABC, il s’agit cette fois d’une « technologie composée de capteurs d'IA pour accélérer l'entrée en éliminant le besoin de placer dans un bol de contrôle les téléphones portables, les appareils photo, les pièces de monnaie et les clés, ou de faire vérifier les clients individuellement avec des baguettes de détection de métaux ».
Autrement dit, dans les stades américains où il était déjà d’usage de passer à l’épreuve d’un détecteur de métaux comparable à ceux des aéroports, une IA peut désormais vous analyser suffisamment efficacement aux abords de l’enceinte de Philadelphie pour distinguer si vous avez un objet compromettant sur vous ou dans vos affaires.
Voilà qui permet d’aller voir un match en toute sérénité...
La chaîne américaine note toutefois quelques dérives avec la mise en place de ces technologies de surveillance. En effet, « certains fans – notamment des avocats – ont [par exemple déjà] été expulsés par James Dolan et le Madison Square Garden [salle située à New York, ndla] grâce à l’utilisation de la technologie de reconnaissance faciale ».
Voilà donc un avant-goût des opportunités que de telles technologies pourraient offrir à un pouvoir totalitaire.
Mais, heureusement, nous vivons toujours en démocratie… Pas vrai ?!
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Wolf Wagner, journaliste indépendant pour France-Soir
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