La revue d’actu de France-Soir : semaine du 26 juin 2023
La revue d’actu de France-Soir est une revue de presse hebdomadaire articulée autour de l’actualité politique, économique et médiatique, tant française qu’internationale. Sans pour autant chercher à les ignorer, cette rubrique n’a pas vocation à s’attarder sur les sujets les plus discutés de la semaine. Elle s’attache plutôt à revenir – avec un regard gentiment acerbe – sur des nouvelles parfois passées inaperçues au milieu de l’intense flux d’informations hebdomadaires.
Au programme de la "RDA" de France-Soir cette semaine : majorité numérique, Macron et Dupond-Moretti en pères fouettards, privilège de classe, Borne et Kohler face à Anticor, pesticides d’hier et d’aujourd’hui, ONU, syndicats de police, surveillance et taxe des voitures électriques… mais aussi Captain America qui sauve (ou pas) le Haut-Karabakh, ainsi qu'un brin de méditation sur fond de Léo Ferré !
Une cinquième RDA anarcho-chaotique... zen !
FRANCE
Si l’actualité française de la semaine a été très largement phagocytée par le drame de Nanterre et par l’embrasement politique et social qu’il a engendré, pendant ce temps-là, certaines nouvelles importantes n’ont pas forcément eu toute l’attention qu’elles méritaient.
Par exemple, lundi, la chaîne d’information politique, LCP, nous prévenait que l’Assemblée nationale allait examiner « l'accord qui a été trouvé entre députés et sénateurs sur la proposition de loi "visant à instaurer une majorité numérique et à lutter contre la haine en ligne" ».
LCP nous explique que ce texte « prévoit à l'article 2 l'instauration d'une "majorité numérique" à 15 ans ». Pour le président du groupe Horizons, Laurent Marcangeli, qui a présenté et porté cette proposition de loi, l’idée est d’apporter « une réponse aux "multiples dangers" du numérique auxquels peuvent être confrontés les enfants. "Addiction aux écrans, problèmes de sommeil, insatisfaction liée au niveau de vie ou au physique [...], cyberharcèlement ou le revenge porn" ».
Et, pour jouer le rôle de la BRI ou du RAID numérique, c’est bien évidemment l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et électronique (Arcom) qui a été choisie en voyant son pouvoir renforcé. Sans surprise, mercredi, la loi était votée à l'unanimité par l’Assemblée nationale, avant que le Sénat ne parachève le processus législatif dès le lendemain.
Dans la continuité, vendredi, Le Point nous rapportait qu’entre deux déplacements loin des zones de turbulences de la région parisienne, Emmanuel Macron profitait d’un saut à l’Élysée pour exprimer son point de vue. Pour le chef de l’État, les raisons de la chienlit actuelle sont simples : « Les plateformes et les réseaux sociaux jouent un rôle considérable dans les mouvements des derniers jours. (…) Nous avons vu sur plusieurs d'entre elles – Snapchat, TikTok et d'autres – à la fois l'organisation de rassemblements violents se faire, mais une forme de mimétisme de la violence. (…) Ce qui, chez les plus jeunes, conduit à une forme de sortie du réel, et on a le sentiment parfois que certains d'entre eux vivent dans la rue les jeux vidéo qui les ont intoxiqués ».
De son côté, 20 Minutes notait que, lors de ce point presse, le président de la République avait également souhaité pointer du doigt les exactions des jeunes qui, selon lui, relèvent de « la responsabilité des parents [puisque c’est à eux de] les garder au domicile. Donc il est important pour la quiétude de tous que la responsabilité parentale puisse clairement s’exercer. (…) La République n’a pas vocation à se substituer à eux ».
« Pour la quiétude de tous », le papa ou la maman (voire la tutrice) du petit Emmanuel M. sont également – urgemment – invités à assumer leur « responsabilité parentale ». Leur progéniture, totalement « sortie du réel », ne cesse de s’amuser à vandaliser et saccager la démocratie française.
Hier, samedi, Éric Dupond-Moretti était, lui aussi, tout colère devant les caméras de BFM. Le ministre de la Justice, dont le ton de la voix se rapprochait davantage d’un caïd mafieux que de celui du père fouettard, tenait à faire passer un message ferme à l’attention de la jeunesse révoltée : « Que les gamins sachent clairement qu'on va péter les comptes (…) 12, 13, 14, 15, 16, 17 [ans], vous restez chez vous ! Et, si vous balancez des trucs sur Snapchat, le compte on va le péter, vous serez retrouvé et vous serez sanctionné ! »
En guise de menace supplémentaire, le ministre avertissait que « l'autorité judiciaire peut [également], sur réquisition, demander aux opérateurs de livrer les adresses IP ».
Alors faites bien attention à vous les jeunes (et les vieux), Big bro’ Éric is watching you !
Déjà, la veille, Le Monde rapportait que le garde des Sceaux entendait être extrêmement strict envers les multiples délits recensés au cours de la semaine. Le ministre annonçait vouloir dorénavant apporter une réponse judiciaire « rapide, ferme et systématique ».
Chiche ! Apportons une réponse judiciaire rapide, ferme et systématique pour tous… y compris pour le ministre de la Justice accusé de « prises illégales d’intérêts » (dans le cadre de ses fonctions) et dont le procès – totalement inédit – n’est manifestement pas assez compromettant à ses yeux pour le motiver à démissionner.
En parlant de garde des Sceaux, comment ne pas s’arrêter un instant sur les propos relatés par Juan Branco, ce dimanche, en pleine nuit ?
Sur Twitter, l’avocat racontait avoir été approché par la sœur d’un membre très influent de l’exécutif : « Quand le pilier de la macronie Gabriel Attal, en pôle position pour devenir ministre de la justice, mobilise ses proches pour faire passer des messages et menacer en pleine rue un avocat et opposant ».
Pour étayer ses allégations, Juan Branco partageait deux extraits de son échange avec la sœur de Gabriel Attal. D’abord, via un court enregistrement audio dans lequel on les entend discuter :
Sœur de Gabriel Attal : « Tu ne me connais pas ? Je m’appelle Fanny Attal. Ca te dit quelque chose Fanny Attal ? »
Juan Branco : « Vous êtes déjà venue m’agresser une fois. »
Fanny Attal : « Non, j’crois pas, c’était ma sœur ! »
Juan Branco : « Ah, d’accord, donc vous bouclez… »
Fanny Attal : « T’es dans la merde ! »
Juan Branco : « Ah oui, pourquoi ? »
Fanny Attal : « T’es dans la merde ! »
Juan Branco : « Mais racontez-moi, racontez-moi ! Parce que votre petit frère va devenir ministre de la Justice, c’est ça ?! »
Fanny Attal : « Ne me vouvoie pas, tu sais très bien qui je suis ! »
En complément, l’avocat publiait un autre extrait, écrit cette fois, des menaces qu’il aurait reçues de la part de Fanny Attal :
« T’as pas idée de ce qui va t’arriver.
Tu crois que tu vas tenir longtemps ? Tu ne sais pas ce qui t’attend.
Tu as vu ce qui t’es arrivé ? On va s’occuper de tes affaires ».
En résumé, qu’il s’agisse de ce témoignage ou de la photo d’illustration de cette RDA, en ce moment, en France, dans le pays de la gastronomie… et de l’ancien régime de Vichy, on apprend candidement à découvrir ce qu'est l’âcre parfum du Chili con Pinochet...
Dans un tout autre registre, lundi, Le Parisien nous apprenait que, durant les Jeux Olympiques de Paris 2024, « le comité d’organisation des JO (Cojo) a[vait] décidé de se passer de boissons alcoolisées dans son offre de restauration destinée au grand public ». Le quotidien précise que « le Cojo affirme s’être passé d’alcool “en raison de la loi Evin” »… même si une petite entorse au règlement sera tout de même autorisée. En effet, selon le journal francilien, « les VIP ne seront pas concernés par les restrictions de la loi Evin. Les offres d’hospitalités en ligne sur le site officiel des JO 2024 de Paris proposent ainsi un menu “comprenant le champagne à l’arrivée des invités et service au bar avec vins, bières” ».
Gracieusement, Le Parisien nous dévoile le prix à payer pour avoir le droit de se placer au-dessus de la loi : « La prestation dans un salon du Stade de France se chiffre à 4 900 euros hors taxes par personne pour assister, coupe à la main, à la finale du 100 m masculin le 4 août 2024. »
Dura lex, sed lex… sauf pour les « très importantes personnes ».
Mercredi, France Info rapportait qu’une semaine après avoir perdu son agrément, Anticor, l’association de lutte contre la corruption, venait de déposer une plainte « pour favoritisme ». Selon la chaîne d’info, « cette procédure, révélée par "Complément d'Enquête" en collaboration avec Marianne, [porte sur un] accord négocié entre le gouvernement Valls et les trois principales sociétés concessionnaires d'autoroutes : Vinci, Eiffage et la Sanef ».
France Info se souvient que ces discussions, entre le gouvernement Valls et ces trois sociétés autoroutières, avaient « été menées par Alexis Kohler, alors directeur de cabinet d'Emmanuel Macron à Bercy, et Elisabeth Borne, à l'époque directrice de cabinet de Ségolène Royal, ministre en charge de l'Environnement ».
Pour Alexandre Luc-Walton, l'avocat d’Anticor, « il y a eu une opacité quasi-totale sur les conditions dans lesquelles ces contrats de concession ont été négociés et préparés entre 2013 et 2015 (…) [alors que] les autoroutes sont un bien public. Les citoyens doivent [donc] avoir la certitude que ce bien n'est pas bradé ».
D’après Frédéric Fortin, un ancien banquier d'affaires interrogé par la chaîne du service public, « l’État n'aurait dû accorder qu'une année de prolongation de contrats aux sociétés autoroutières au lieu des trois qui ont été accordées en moyenne ».
France info nous fait également remarquer que le monde peut parfois être petit… puisque la direction des infrastructures du ministère des Transports, directement impliquée dans le processus de décision politique autour de cet accord, a vu son directeur de l’époque quitter ses fonctions… pour « occupe[r] désormais un poste de dirigeant au sein de Vinci Autoroutes ».
On ne va pas se mentir, on a déjà connu meilleure défense dans un procès pour corruption.
Jeudi, Le Monde titrait l’un de ses papiers : « Pesticides : l’État condamné pour fautes en matière de protection de la biodiversité ».
Dans cet article, le quotidien nous explique que « le tribunal administratif de Paris reconnaît l’existence d’un “préjudice écologique” résultant de la “contamination généralisée, diffuse, chronique et durable” des eaux et des sols par les pesticides ». Le Monde précise que « l’État (...) [a été] condamné pour ne pas avoir respecté ses objectifs en matière de baisse de l’usage des pesticides, et devra mettre sa trajectoire en cohérence avec ses ambitions d’ici un an ».
L’ironie de l’histoire, c’est que le lendemain, vendredi, France Bleu annonçait qu’en avril, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) avait – de nouveau – découvert « une contamination de l’eau par des résidus de pesticides, d’explosifs et d’un solvant », ce qui a ensuite entraîné « la fermeture de plusieurs captages, alors même que la sécheresse se fait sentir ». France Bleu ajoute que l’ANSES a « trouvé des résidus de pesticides à des taux importants dans plus d’un tiers des échantillons d’eau potable lors de sa dernière campagne d’analyses ».
Face à la prolifération du phénomène, « la cellule investigation de Radio France » nous propose une carte recensant une multitude de points où des niveaux anormalement élevés de pesticides ont été relevés dans l’hexagone. France Bleu précise que le seuil de pesticides autorisé devrait « bientôt être révisé après communication des études de Syngenta (l’industriel qui fabrique le chlorothalonil) et après avis de l’Anses »
Jean-François Humbert, vice-président du comité d’experts "Eaux" à l’Anses, « se demande si [il] est [bien] raisonnable de confier de telles études à l’industriel »… d’autant qu’il s’était déjà produit exactement la même chose « lors de la mise sur le marché des pesticides. On n’attend pas d’avoir une étude académique indépendante pour les autoriser ».
Traduction : l’État s’appuie sur des études fournies par des industriels spécialisés dans le commerce de pesticides… pour mieux autoriser, à grande échelle, les produits de ces mêmes industriels… avant d’endosser, par la suite, les éventuelles condamnations judiciaires qui pourraient en découler.
En d’autres termes, Syngenta et l’État français sont, peu ou prou, les Pfizer et Ursula des pesticides.
MONDE
Mercredi, France 24 observait un « regain de tensions au Haut-Karabakh [où] quatre soldats arméniens ont été tués par des tirs azéris ».
La chaîne d’info internationale nous rappelait que « l'Azerbaïdjan et les forces séparatistes arméniennes (…) se sont affrontés lors de deux guerres, l'une à la dislocation de l'URSS, l'autre à l'automne 2020. Lors de la première, (…) les séparatistes ont pris le contrôle du Haut-Karabakh et de zones tampons autour de ce territoire montagneux. Lors du deuxième conflit, (…) l'Azerbaïdjan a repris ces zones tampons et une bonne partie du Haut-Karabakh ».
Là où l’histoire devient mordante, c’est que la veille, mardi, à Washington, Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, avait justement rencontré « séparément ses homologues arménien, Ararat Mirzoïan, et azerbaïdjanais, Djeyhoun Baïramov, avant de les réunir ».
Jake Sullivan, le conseiller à la Sécurité nationale des États-Unis, qui faisait également partie de la sauterie diplomatique, s’était même félicité dans un tweet d’être parvenu à « encourage[r] l'Arménie et l'Azerbaïdjan à continuer d'avancer vers la paix, à éviter les provocations et à réduire les tensions afin de restaurer la confiance ».
En résumé, de leur côté, les Azerbaïdjanais n’ont pas été spécialement emballés par leurs discussions avec Captain America.
Vendredi, France 24 nous apprenait que « la France [venait d’être] épinglée par la Confédération syndicale internationale ». Les raisons ? Comme d’hab’ : « "Brutalités policières", "arrestations aveugles" : dans un monde où les atteintes aux droits des travailleurs restent "à des niveaux record", la France est sèchement épinglée pour sa réponse musclée à la contestation contre la réforme des retraites ».
En parallèle, ce même jour, l'AFP nous rapportait que « l'ONU a[vait] demandé à la France de se pencher "sérieusement" sur les "profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale" au sein des forces de l'ordre ».
Réaction immédiate de la macronie, via le Quai d’Orsay, relayée par RTL : « Toute accusation de racisme ou de discrimination systémiques par les forces de l'ordre en France est totalement infondée (…) La France et ses forces de l'ordre luttent avec détermination contre le racisme et toutes les formes de discriminations. Aucun doute n'est permis dans cet engagement. »
Comme pour mieux donner tort à l’ONU, le même après-midi, Alliance Police Nationale et UNSA-Police décidaient conjointement de publier un communiqué. Partagé par Le Monde… en pleine révolte des quartiers populaires, ce texte déplore que « les policiers sont au combat car nous en sommes en guerre. (…) Face à ces hordes sauvages, demander le calme ne suffit plus, il faut l’imposer ! (…) L’heure n’est pas à l’action syndicale mais au combat contre ces “nuisibles” ».
Didier Lallement, l’ancien Préfet de Police de Paris, habitué des sorties républicaines bien senties, aura très certainement su apprécier ces propos mesurés et exprimés aux seules fins de chercher à apaiser une situation sociale explosive.
Bien malgré lui, ce communiqué fait indirectement écho à une manifestation organisée trois ans et demi plus tôt, le 2 octobre 2019… par Alliance. Comme le rapportait à l'époque Libération, les membres de ce syndicat avaient déjà su faire preuve d’un sens aigu du républicanisme. Lors de ce rassemblement, plusieurs de leurs membres avaient cru amusant de se moquer des Gilets Jaunes présents sur place… en se recouvrant un œil avec leur main afin de singer les victimes d’éborgnements causés par les LBD de la police.
Le sens du civisme et de l’exemplarité républicaine par excellence ! Alors, certes, peut-être que certains esprits un peu trop sensibles se sentiront choqués par le communiqué publié vendredi ou par le « second degré » de ces syndicalistes hilares de s’énucléer – pour de faux – en 2019… mais, dans le fond, comment ne pas faire preuve de mansuétude à l’égard de l’UNSA et d’Alliance ? Après tout, il n’y a que peu de lettres de différence entre Défendre les intérêts légitimes des policiers et Défendre les intérêts illégitimes d’un État policier. La nuance est si subtile pour ces deux organisations ultra-politisées et radicalisées qu’il leur est intrinsèquement difficile d’en mesurer la teneur. Errare humanum est !
Dans tous les cas, pas d’inquiétude à avoir pour ces deux syndicats, en France, royaume des aveugles, les borgnes ont toujours été des rois.
ÉCONOMIE
Jeudi, France Info notait que « pour compenser la baisse des recettes fiscales sur les carburants liée, notamment, à la montée de la voiture électrique, le législateur américain s’interroge[ait] sur une possible taxation à la distance parcourue ». La chaîne d’info ajoute que cette « réflexion est aussi en cours en France ».
Pourquoi imposer une nouvelle taxe sur les kilomètres parcourus en voiture ? Tout simplement « pour réparer [les] routes. [Or, pour cela,] il faut de l’argent et cet argent vient des taxes sur l’essence », explique France Info. Par exemple, « en Californie, les voitures électriques représentaient presque 20% du marché l’an dernier et l’État s’est fixé comme ambition de ne vendre que des véhicules sans émission dès 2025. Résultat : [cela équivaut à] un manque à gagner énorme pour le financement des travaux routiers. »
La chaîne du service public observe toutefois que cette taxe n’est pas forcément bien accueillie par tout le monde. Une « association, Reform California, affirme que l’État a déjà les taxes sur l’essence et les véhicules les plus élevées du pays et estime que le conducteur moyen paierait 600 à 800 dollars de plus par an pour rouler sur des autoroutes pas spécialement entretenues ».
France Info voit aussi un « autre problème : la peur de l’intrusion du gouvernement dans les affaires privées des citoyens parce que pour connaître le kilométrage d’un véhicule, il faut le tracer avec, potentiellement, un dispositif installé sur chaque voiture ».
Quelle riche idée ! Taxer et surveiller, encore et « potentiellement » toujours plus !
Le même jour, France Info s'intéressait à une autre actualité économique : l’administration fiscale vient de publier son rapport d’activité pour 2022. Selon la chaîne d’info, qui s’appuie sur un extrait du JT du 20 heures de France 2, cette année, « tout impôt confondu, l’État a perçu 759 milliards d’euros. (…) En un an, la hausse est de 50 milliards, soit 7% supplémentaires ». Le journaliste présent sur le plateau de France 2 l’assure : « C’est du jamais-vu. Record absolu ! (…) C’est l’inflation qui explique cette flambée, la [TVA] est toujours au même taux, mais les prix, eux, ont explosé ».
Dès le lendemain, vendredi, La Tribune calmait instantanément nos ardeurs concernant cette bonne nouvelle pour les caisses de l'État. Selon le journal économique, dans le même temps, « l’endettement public s’est alourdi de 63,4 milliards d’euros au premier trimestre 2023. La dette atteint désormais 3.013,4 milliards d’euros en valeur absolue, fin mars, a annoncé l'Insee ce vendredi »… soit, là aussi, un « record en volume qui équivaut à 112,5% du PIB et qui menace les comptes de l’État confronté à une hausse de ses taux d’intérêts ».
En résumé, si l’argent rentre dans les caisses de l'État dans des proportions record, il se dilapide encore plus vite !
Un vrai tour de magie… « parce que c’est notre projet ! », celui d’une France progressiste et réformée.
MÉDIAS
Jeudi, sur Twitter, le journaliste et ancien patron de Sud Radio, Didier Maïsto, exprimait son dégoût face à la désagrégation politique du pays : « Il se produit en France exactement ce que je prédis depuis quelques années (…).
Les politiciens qui se sont succédé depuis plus de 30 ans ont créé et alimenté cette situation, désormais hors de contrôle. Ceux qui espèrent accéder au pouvoir ne sont pas en reste, [ils] soufflent sur les braises avec une application obsessionnelle.
Les médias mainstream s’en régalent. Nul n’en assume la moindre part de responsabilité, chacun accusant l’autre.
La France n’est plus un pays, elle n’est plus une nation, mais le résultat territorial d’une déliquescence régalienne, économique, sociale, judiciaire, culturelle, envahissant les moindres interstices.
Un monstre sortira de ces décombres, mû par des forces antagonistes auxquelles il finira aussi par échapper. Nous sommes entrés dans l’ère de l’arbitraire, dont la violence est l’expression élémentaire et l’impuissance le quotidien réitéré.
Il y a ceux qui s’en sortiront – et partiront en vacances au bout du monde avant de revenir cracher leur venin à la télé – et l’immense majorité des citoyens piégée dans cet enfer. La société du spectacle, oui. Mais ce spectacle n’est jamais que la mise en scène de notre mise à mort ».
À moins que…
DIVERS
Jeudi, sur Twitter, Alexis Haupt était conscient de l’alerte donnée par Didier Maïsto. L’essayiste dressait, à son tour, un bilan de la situation politique et sociale du pays… en lançant un appel aux citoyens : « Gens de droite, gens de gauche, vous êtes actuellement instrumentalisés dans une gigantesque entreprise de manipulation dont les objectifs sont décidés en coulisse.
Ne cherchez l'ennemi ni à droite ni à gauche, levez plutôt la tête. Il est là-haut l'ennemi. Et il fait tout pour horizontaliser les conflits, c'est-à-dire pour que vous ne leviez jamais la tête justement.
Je ne vous demande pas de me croire, seulement de méditer sincèrement, sérieusement et objectivement sur ce que je viens de dire ».
Méditez, méditez… mais méditez vite !
Le même jour, Radio France internationale mettait en avant la chouette nouvelle de la semaine : « Léo Ferré : Ni Dieu, ni Maître », une BD de Pascal Boniface et Lukino qui relate « la vie du célèbre musicien et poète ». Si RFI estime que Léo Ferré a connu une « existence d’ombre et de lumière, d’amour et de solitude, d’anarchie et d’opulence, de poésie et de querelles triviales », la station de radio n’oublie pas de rappeler que le poète, « anar dans l'âme, a toujours été debout, sans jamais transiger avec les pouvoirs, repoussant toute compromission ».
Léo, un modèle à suivre… Et Basta !
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Wolf Wagner, journaliste indépendant pour France-Soir
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