Agression de Jean-Baptiste Trogneux : une dénonciation unanime qui tombe à pic pour l'exécutif ?
AMIENS - Que sait-on exactement à propos de l’agression de Jean-Baptiste Trogneux, le petit-neveu de Brigitte Macron, devant la chocolaterie familiale lundi dernier à Amiens ? Le père de la victime, Jean-Alexandre Trogneux, a relaté sa version des faits dans les colonnes du Parisien.
Selon lui, peu après l’interview d’Emmanuel Macron au 20 heures de TF1, Jean-Baptiste Trogneux est pris à partie par quelques jeunes. Le patron de la chocolaterie voit ceux-ci “tambouriner sur les portes et sur les vitres” de son enseigne. Une fois reconnu, “les coups ont commencé à pleuvoir” : “des coups de poings et des coups de pied” qui le contraignent à se mettre à terre “en boule, pour se protéger”. Les individus prennent la fuite suite à l’intervention de plusieurs voisins.
Huit personnes sont placées en garde à vue : sept hommes de 20 à 35 ans, et une adolescente de 16 ans. Deux d’entre eux sont sous curatelle et un autre sous tutelle. Trois ont été relaxés et se sont exprimés au micro de RMC afin de communiquer une version différente des faits. Ils expliquent notamment que Jean-Baptiste Trogneux aurait préalablement bousculé leur camarade.
Trois des agresseurs présumés ont fait l’objet d’une comparution immédiate ce jour. Elle s’est soldée par un renvoi au 5 juin 2023 et, dans l’intervalle de temps, les trois resteront incarcérés. Le procureur n’a pas encore communiqué publiquement au sujet de cette affaire dont le procès-verbal, une fois n’est pas coutume, n’a pu être consulté par la presse.
Souffrant de “blessures à la tête, au visage, au genou et à un doigt”, il est prescrit à Jean-Baptiste Trogneux plusieurs jours d’ITT.
Réactions unanimes de la classe politique
La classe politique est unanime : il est inacceptable qu'un membre de la famille présidentielle soit intimidé, puis violenté, de cette manière. Tous les membres de la majorité ont condamné cette agression.
Même son de cloche du côté de l’opposition. Alexis Corbière (LFI) a déclaré que “frapper le petit-neveu d’un responsable politique, pour atteindre ce dernier, est un acte lâche”. Marine Le Pen (RN) a indiqué que “les violences vont de plus en plus loin et l’agression du petit-neveu de Brigitte Macron devra être très sévèrement sanctionnée par la justice.” Sandrine Rousseau (EELV) évoque un acte “absolument scandaleux”.
À noter que Jean-Luc Mélenchon, le leader de LFI, a préféré rappeler avant tout que des militants de sa formation politique ont été aussi agressés, sans que cela ne provoque l’émoi “des commentateurs indifférents aux tentatives de meurtres et agressions racistes contre les insoumis”. Une prise de position “ambiguë” selon Eric Ciotti, le président de LR, du fait que Jean-Luc Mélenchon n’ait pas évoqué le lien familial entre “le chocolatier Trogneux” et le couple présidentiel.
Une communication présidentielle très rapide
Brigitte Macron a dénoncé à l'AFP “la lâcheté” et “la bêtise” des agresseurs avant de condamner “cette violence qui ne peut que mener au pire.” Quant au chef de l'État, il a rappelé que “la violence n'a pas sa place en démocratie.”
Cette agression, qui s’est produite dans un contexte de “casserolades” et de défiance de la population française contre la politique menée par l'exécutif, après une douzaine de journées de mobilisation contre la loi retraites, pose plusieurs questions.
Si la condamnation à laquelle se joint l’ensemble des éditorialistes médiatiques du pays relève d’un évident bon sens, plusieurs déclarations de personnes impliquées dans l’affaire restent à être éclaircies. Des éclaircissements que la communication présidentielle n’a pas voulu attendre, privilégiant le terrain de l’émotion.
La tentation de mettre en avant au sein du débat public les faits (condamnables) d’individus apparaît particulièrement forte pour la majorité, placée dans une impasse politique majeure. Une impasse qui voit le dialogue social réduit à néant et l'augmentation manifeste d'une logique de répression ordonnée aux forces de l'ordre, signalée dans un rapport de l’ONU.
La possibilité de dénoncer une violence, intolérable, tomberait-elle à pic pour le président de la République? Un président dont la protection de sa famille interroge aussi, suite à l’hostilité grandissante des Français à l'encontre de sa politique, avec un refus de tourner la page de la réforme des retraites.
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