Ambiance électorale pour le coup d'envoi du marathon budgétaire à l'Assemblée

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Par Adrien DE CALAN - Paris (AFP)
Publié le 11 octobre 2021 - 02:15
Mis à jour le 12 octobre 2021 - 01:18
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La tapisserie "L'école d'Athènes" dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale en mai 2020
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© Christophe PETIT TESSON / POOL/AFP/Archives
L'Assemblée nationale entame lundi la dernière saison budgétaire du quinquennat, avec un projet de loi de finances pour 2022 lourd de dépenses et investissements post-crise
© Christophe PETIT TESSON / POOL/AFP/Archives

L'examen du dernier budget du quinquennat a démarré lundi dans une ambiance de campagne électorale à l'Assemblée, entre la majorité qui vante son bilan et l'opposition qui fustige un projet de loi de finances incomplet et ses dépenses "électoralistes".

En ouverture des débats, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a rehaussé la prévision de croissance du gouvernement en 2021, à 6,25% au lieu de 6%, s'alignant sur celle de l'Insee.

A six mois de la présidentielle, le locataire de Bercy a appelé la majorité à être "fière" du bilan économique du quinquennat. "L'Insee prévoit que nous atteindrons ce semestre un taux de chômage de 7,6%, soit le niveau le plus bas depuis 2008", a-t-il souligné, en estimant "accessible" la perspective du "plein emploi - un niveau de chômage de 5 ou 6% - sous deux ans".

Deux importants volets sont encore attendus par voie d'amendements dans ce budget: le plan d'investissement "France 2030" qu'Emmanuel Macron détaillera mardi et le "revenu" ou "contrat d'engagement" pour les jeunes, encore nimbé d'incertitudes.

- "Les nantis" -

Ce "budget à trous" est critiqué en choeur par l'opposition.

C'est un projet de loi "insincère", voire une "manipulation", a lancé le LR Gilles Carrez, très offensif. "Ce budget est de courte vision, comme s'il y avait une élection en 2022, et met en danger les finances publiques de notre pays", a-t-il tonné.

Son collègue de droite Eric Woerth (LR) président de la commission des Finances, a plus posément dénoncé un "budget inachevé" et le risque d'une "hausse structurelle de la dépense publique".

A gauche, la socialiste Claudia Rouaux , opposée à ce "budget électoraliste", a déploré "l'absence de mesures" de solidarité "pour faire contribuer" les plus aisés.

Le communiste Alain Bruneel a condamné "cinq ans d'une politique économique qui a favorisé les nantis", Eric Coquerel (LFI) taxant à nouveau Emmanuel Macron de "président des riches".

Dans la matinée, le chef de file des députés LREM Christophe Castaner avait insisté sur les mesures prises depuis le début du quinquennat en faveur du "pouvoir d'achat de ceux qui travaillent": hausse de la prime d'activité, baisse des cotisations sociales sur le revenu du travail, défiscalisation des heures supplémentaires ou soutien à l'activité partielle face à la crise du Covid...

Ce projet de loi de finances incomplet a valu à l'exécutif des remontrances du Haut conseil des finances publiques, qui n'a pu rendre un avis "pleinement éclairé" sur ce texte et la "plausibilité" du déficit prévu à 4,8% du PIB en 2022, pour une dette toujours vertigineuse, attendue à 114% du PIB.

Bruno Le Maire a promis de saisir de nouveau cette instance le 22 octobre, afin de lui soumettre le projet de loi de finances actualisé "notamment avec le chiffre de croissance révisé".

Et "notre déficit public ne dépassera pas 5% en 2022 en incluant le plan d'investissement et les mesures répondant à la hausse du prix de l'énergie", a-t-il assuré.

- "Stabilité fiscale" -

Le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt revendique "un budget de normalisation et d'accompagnement de la reprise", après le "quoi qu'il en coûte" de la crise Covid.

Bercy promet de consacrer à la réduction du déficit une partie des meilleures recettes attendues grâce à une croissance dynamique cette année (+6,25%, puis +4% en 2022 selon le gouvernement).

Les annonces d'Emmanuel Macron et de Jean Castex se sont toutefois multipliées ces dernières semaines, entre plan pour les indépendants, coup de pouce à MaPrimeRénov, Beauvau de la sécurité, plan pour Marseille...

Et l'exécutif compte tenir ses "engagements" des lois de programmation, en augmentant les moyens alloués aux missions régaliennes - Intérieur, Justice, Armées - ainsi qu'à l'Education et à la Recherche.

"Oui nous augmenterons les ministères, notamment celui de l'Intérieur qui avait été dépecé pendant certains quinquennats précédents", a lancé le rapporteur général du Budget Laurent Saint-Martin (LREM), en réponse aux attaques de la droite.

La majorité souligne en outre la "stabilité fiscale" de ce cru 2022, sans changements notables, si ce n'est la poursuite de mouvements engagés avant la crise.

Ainsi, les 20% de ménages les plus aisés qui payent encore une taxe d'habitation verront son montant encore réduit, avant sa suppression totale prévue en 2023.

L'Assemblée nationale se prononcera le 19 octobre sur la première partie du budget consacrée aux recettes. Puis viendra le second volet dévolu aux dépenses et la navette parlementaire avec le Sénat, en vue d'une adoption définitive avant Noël.

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