Appelée à la démission, Oudéa-Castéra demande la fin des "attaques personnelles"
Face aux appels à la démission, la ministre de l'Éducation nationale Amélie Oudéa-Castéra a demandé lundi de clore "le chapitre des attaques personnelles" au sujet de la scolarisation de ses enfants dans le privé, dans l'espoir d'éteindre la première crise du gouvernement Attal.
Première semaine, premier cas d'école. À peine promue à l'Éducation nationale, "AOC" est obligée de se justifier sur l'inscription de ses trois fils à l'école Stanislas, prestigieux établissement privé des beaux quartiers de la capitale.
Choix motivé par "des paquets d'heures pas sérieusement remplacées" dans le public, a-t-elle expliqué dans un premier temps. Propos vécus comme une provocation par les syndicats, au point que la ministre a aussitôt battu sa coulpe, disant "regretter" d'avoir "pu blesser certains enseignants".
Mais la deuxième salve n'a pas tardé : dimanche soir, le journal Libération a mis à mal la défense de la ministre, contredite par une ex-enseignante. Celle-ci a démenti l'absence de professeurs invoquée par Mme Oudéa-Castéra pour avoir mis son fils ainé dans le privé après quelques mois en petite section de maternelle dans une maternelle du VIe arrondissement de Paris.
Cette enseignante — aujourd'hui à la retraite — a indiqué que les parents voulaient que leur fils saute une classe, un souhait auquel l'école maternelle publique s'était opposée.
Des révélations dont se sont saisies les oppositions. "C'est un mensonge qui la disqualifie pour continuer à occuper cette fonction", a ainsi affirmé l'insoumis Manuel Bompard sur franceinfo, tandis que le communiste Fabien Roussel a estimé sur le réseau social X qu'"il est temps de démissionner".
Dans un message posté sur X (ex-Twitter), la députée écologiste Sabrina Sebaihi a, de son côté, pointé l'école Stanislas. "Avec ma collègue @FMPasquini nous saisissons aujourd'hui @GabrielAttal et @AOC1978 (la ministre: ndlr) concernant les programmes de l'institution #Stanislas faisant notamment suite à l'enquête menée par @davidperrotin pour Mediapart".
Début 2023, le ministère de l'Éducation avait saisi l'Inspection générale et lancé un appel à témoignages après des accusations de dérives homophobes et sexistes relayées dans la presse visant cet établissement.
Mauvais démarrage
"Je ne veux pas aller plus avant sur le terrain de la vie personnelle et de la vie privée. Il y a des attaques auxquelles j’ai essayé de répondre avec le plus de sincérité possible. Il faut clore ce chapitre des attaques personnelles et de la vie personnelle", a répondu lundi la ministre, également chargé de la Jeunesse et des sports, lors d'une visite au village olympique de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
Mais les collègues de la ministre peinaient à cacher leur embarras. La porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot a botté en touche sur France Inter : "Je ne sais pas si elle a menti, je dis simplement qu'elle a expliqué pourquoi son fils a été scolarisé dans le privé".
C'est dans ce contexte très tendu qu'Amélie Oudéa-Castéra a débuté lundi ses rencontres avec chacun des syndicats, pour évoquer les priorités de son ministère.
"Tous les enseignants se sont sentis blessés, humiliés", a déclaré à l'AFP Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du second degré (collèges et lycées), après sa rencontre avec la ministre. Le syndicat lui a demandé "des excuses publiques", mais "nous n'avons eu ni réponse claire, ni engagement" et la FSU a "coupé court à la réunion".
"Je ne sais pas si on a déjà démarré aussi mal une prise de fonction comme ministre de l'Éducation nationale", a résumé Benoît Teste, secrétaire général de la FSU.
Elisabeth Allain-Moreno, du SE-Unsa, a indiqué à l'AFP que la ministre s'était "excusée" : "elle regrettait, elle était consciente que ça avait vraiment blessé au sein de la profession" et "elle a reconnu une erreur".
Les syndicats ont appelé à des grèves le 25 janvier et le 1ᵉʳ février.
Selon une source au sein de l'exécutif, "l'important, c'est le dialogue social".
La polémique contrarie les plans de l'exécutif, moins d'une semaine après le changement de gouvernement censé lui donner un nouveau souffle incarné par Gabriel Attal. D'autant que l'ancien titulaire de l'Éducation nationale a assuré qu'il serait le "garant" de la "priorité absolue" accordée à l'école.
Emmanuel Macron, qui considère que le sujet "fait partie du domaine réservé du président", doit préciser mardi soir lors d'une conférence de presse comment il entend mener à bien le "réarmement" du pays, qui pourrait passer par des annonces en matière d'éducation.
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