Attentat de Nice : Hollande réunit un nouveau Conseil de sécurité ce vendredi
Le président François Hollande réunissait ce vendredi 22 au matin un nouveau Conseil restreint de sécurité et de défense, huit jours après l'attentat de Nice, alors que l'exécutif s'emploie à calmer la violente controverse politique sur le dispositif de sécurité face aux accusations de la droite niçoise, Christian Estrosi en tête. Ce Conseil, le quatrième depuis la tuerie du 14 juillet et destiné à faire "le point" sur la situation, a débuté vers 10h20. Y assistaient, autour du chef de l'Etat, Manuel Valls, les ministre Jean-Yves Le Drian (Défense), Jean-Jacques Urvoas (Justice) et Marisol Touraine (Santé), ainsi que les principaux directeurs du renseignement, de la police et de la gendarmerie. Jean-Marc Ayrault (Affaires étrangères) et Bernard Cazeneuve étaient "représentés".
Dans la journée, le ministre de l'Intérieur doit se rendre à Nice pour participer, en dehors de toute présence médiatique, à un hommage rendu au commissaire Emmanuel Grout, directeur départemental adjoint de la police aux frontières des Alpes-Maritimes, tué jeudi sur la Promenade des Anglais. Il rencontrera également les forces de sécurité présentes le 14 juillet ainsi que des intervenants des différents métiers de secours et d'urgence, alors que le gouvernement est sous le feu des accusations sur le dispositif policier retenu le soir de l'attentat.
M. Cazeneuve a ordonné jeudi une enquête administrative à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), dont François Hollande a promis les résultats "la semaine prochaine" au nom de la "vérité" et de la "transparence". Jeudi, le ministre de l'Intérieur avait dénoncé une "contre-vérité" après une Une de Libération l'accusant de "mensonge" sur l'exact dispositif policier de Nice. "Arrêtons ce jeu délétère" qui est "dangereux" pour la démocratie, a averti vendredi le secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen, qui s'est montré ouvert à une commission d'enquête parlementaire demandée par la droite. "Il y aura quatre ou cinq voies différentes (d'enquête) pour exposer de façon transparente la réalité de ce qui s'est passé (...) personne ne peut avoir de doute là-dessus. Et si évidemment des fautes étaient avérées -mais je me place d'un point de vue théorique, abstrait-, il n'y a pas de doute non plus pour qu'elles soient sanctionnées", a-t-il insisté.
M. Le Guen a dénoncé la course à "l'audience" médiatique et la "fuite en avant" du président (LR) de Paca et premier adjoint du maire de Nice, Christian Estrosi, accusé de "fuir" ses "responsabilités". Après avoir dénoncé des "mensonges d'Etat", M. Estrosi s'est "félicité" de l'ouverture de cette enquête mais a réclamé une enquête de l'Inspection générale de l'administration. Le volet judiciaire a par ailleurs avancé avec la mise en examen et le placement en détention provisoire de cinq personnes - quatre hommes âgés de 21 à 40 ans et une femme de 42 ans - ayant été en contact avec le tueur avant l'attentat de Nice qui a fait 84 morts et 331 blessés.
L'enquête révèle une préparation de longue date, un acte "mûri" pendant plusieurs mois avec des "complicités" et des "soutiens", selon le procureur de Paris François Molins. Des "avancées notables" dans les investigations ont permis de "confirmer le caractère prémédité du passage à l'acte" du chauffeur-livreur tunisien de 31 ans, "mais également d'établir qu'il avait pu bénéficier de soutiens et de complicités dans la préparation et la commission de son acte criminel".
Alors que l'organisation Etat islamique (EI), qui a revendiqué l'attentat de Nice, a menacé dans une nouvelle vidéo d'intensifier ses attaques contre la France, députés et sénateurs ont trouvé un compromis pour voter une quatrième prolongation de l'état d'urgence, qui s'étendra jusqu'à fin janvier 2017. Cette prorogation a été publiée vendredi au journal Officiel. Le texte rétablit notamment les perquisitions administratives, suspendues en mai. Il facilite également la possibilité de fermer des lieux de culte où sont tenus des propos incitant à la haine et à la violence ou faisant l'apologie du terrorisme, ou d'interdire des cortèges ou rassemblements dont la sécurité ne pourrait être garantie. Il autorise aussi les forces de l'ordre à effectuer des contrôles d'identité et à fouiller véhicules et bagages, sans réquisition du procureur.
Les 84 victimes tuées dans l'attentat, originaires de 19 pays, ont toutes été formellement identifiées. Selon le procureur de Nice, Jean-Michel Prêtre, 63 personnes étaient encore hospitalisées à Nice mercredi soir. Le pronostic vital de 15 d'entre elles, dont un enfant, reste engagé. Les premières provisions d'indemnisation de victimes, d'un montant de 150.000 euros, ont été versées jeudi, a annoncé la secrétaire d'Etat chargée de l'aide aux victimes Juliette Méadel. Selon les premières estimations, les indemnisations devraient s'élever au total à "300 à 400 millions d'euros".
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