Attentat de Nice : une semaine après, où en est l’enquête ?
Contacts ou soutiens logistiques? Cinq personnes ont été déférées en vue d'éventuelles mises en examen dans l'enquête sur l'attentat perpétré par Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, qui a tué 84 personnes le 14 juillet au volant d'un camion lancé sur la foule sur la promenade des Anglais à Nice. Quatre hommes de 22 à 40 ans et une femme de 42 ans ont été présentés ce jeudi 21 au matin à la justice, car ils étaient en contact avec Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avant la tuerie ou sont soupçonnés de lui avoir fourni l'arme de calibre 7.65 mm avec laquelle il a tiré sur des policiers depuis son camion lancé sur la foule, avant d'être abattu.
L'un des déférés est un homme de 22 ans destinataire d'un SMS envoyé par le tueur juste avant son carnage. Dans son message, il le félicite pour le "pistolet" qu'il lui a fourni la veille et évoque la fourniture de "cinq" autres armes, précisant que cette nouvelle livraison est destinée à une autre personne "et ses amis". Au cours d'une perquisition dans une cave d'un proche de ce suspect, une kalachnikov et un sac de munitions ont été retrouvés mercredi. Plus de 2.500 euros en liquide et 200 grammes de cocaïne ont également été saisis à son domicile. Lors de ses auditions, le jeune homme a désigné le fournisseur du pistolet comme étant un Albanais de 38 ans, interpellé dimanche avec sa compagne.
Un homme de 40 ans, décrit comme une vieille connaissance de Lahouaiej-Bouhlel, et un suspect de 37 ans, à qui les cinq armes évoquées dans le SMS auraient pu être destinées, ont également été déférés. Tous nient à ce stade avoir été au courant des desseins du tueur, selon une source proche de l'enquête. A l'instar de Lahouaiej-Bouhlel, aucun n'était connu des services antiterroristes.
Le parquet de Paris va ouvrir dans la journée une information judiciaire et les cinq suspects vont être présentés à des juges d'instruction antiterroristes. Le Tunisien de 31 ans, arrivé en France en 2005, a été décrit comme un homme violent, instable, vivant loin des préceptes de l'islam radical, "mangeant du porc, buvant de l'alcool, consommant de la drogue et ayant une vie sexuelle débridée", selon le procureur de Paris François Molins. Il présentait un "intérêt certain" mais "récent" pour la mouvance islamiste radicale, a relevé le magistrat. Une des personnes déférées a raconté qu'il s'était laissé pousser la barbe huit jours avant les faits et lui avait dit ne pas comprendre pourquoi l'organisation djihadiste Etat islamique (EI) "ne pouvait prétendre à un territoire". Des photos de combattants arborant le drapeau de l'EI ont été retrouvées dans son ordinateur.
L'EI a revendiqué la tuerie mais rien n'indique qu'elle l'a commanditée. Le mode opératoire répond aux multiples appels aux meurtres lancés par l'organisation dans les pays de la coalition engagée contre elle, en particulier la France. L'enquête a permis de dessiner le profil d'un homme fasciné par la violence, lui-même violent avec son épouse, dont il était séparé, et ses enfants. Sa famille en Tunisie l'a décrit comme "instable", ayant traversé des épisodes dépressifs. L'homme, qui travaillait dans une entreprise de transport près de Nice, avait prémédité son acte, louant le camion puis semblant effectuer des repérages les 12 et 13 juillet sur la promenade des Anglais. Des clichés retrouvés dans son portable peuvent laisser penser qu'il s'intéressait depuis plusieurs mois à des lieux de rassemblement: l'un concerne le feu d'artifice du 15 août 2015 à Nice, un autre la fan zone mise en place par la ville pendant l'Euro de football, selon une source proche du dossier. Le 1er janvier, Lahouaiej-Bouhlel avait pris en photo, avec son téléphone, un article de Nice-Matin intitulé "il fonce volontairement sur la terrasse d'un restaurant".
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