Bataille de Raqqa : comment les djihadistes de l'Etat islamique vont défendre la ville

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Matteo Puxton, édité par la rédaction
Publié le 12 juin 2017 - 16:33
Mis à jour le 13 juin 2017 - 22:52
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bataille de Raqqa troupes daech elite etat islamique
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L'Etat islamique compte tenir Raqqa en s'appuyant sur ses troupes d'élite, les inghimasiyyi.
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Daech se bat depuis plus d'une semaine contre les Forces démocratiques syriennes qui tentent de le déloger de la ville syrienne de Raqqa, capitale autoproclamé de son "califat". Matteo Puxton, agrégé d'Histoire, spécialiste des questions de défense et observateur de référence de la stratégie de l'Etat islamique, décrypte et analyse en partenariat avec "FranceSoir", la défense mise en place par le groupe djihadiste pour défendre les abords de la ville.

L'Etat islamique (EI) n'a pas beaucoup communiqué, en matière de vidéos longues, sur la défense extérieure de Raqqa, à partir du lancement de l'opération "Colère de l'Euphrate" par les Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition arabo-kurde, le 6 novembre 2016. Alors que la bataille de Mossoul a été couverte depuis le 17 octobre 2016 par pas moins de 12 vidéos longues de la wilayat Ninive de l'EI, la wilayat al-Raqqa n'a mis en ligne que deux vidéos sur la défense extérieure de la ville syrienne. Néanmoins, ces deux productions nous montrent ce que l'organisation veut mettre en avant dans la défense de sa capitale syrienne.

La première vidéo, intitulée "Briser les ennemis: à propos des résultats de l'armée de l'Etat Islamique contre les apostats du PKK (parti des Travailleurs du Kurdistan) à la périphérie de la wilayat" est délivrée le 27 janvier 2017. Elle couvre la défense de Raqqa depuis novembre 2016 jusqu'au mois de janvier 2017. La vidéo débute de manière sordide par l'égorgement d'un prisonnier, présenté comme un "Kurde du PKK", par un bourreau masqué. Des combattants de l'EI se préparent au combat sur fond de discours audio d'Abou Omar Al Baghdadi, le chef de l'Etat Islamique en Irak (2006-2010) avant Abou Bakr al-Baghdadi. Après le titre de la vidéo, on voit des combattants écouter le discours d'un cadre, Abou Omar Al Shami (Syrien).

Dans la séquence suivante de la vidéo, on peut voir Abou Jandal al-Kuwaiti, qui dirige plus tard la défense de l'EI pour Raqqa, encourager une dizaine de combattants qui vont partir en opération (on remarque que chacun de ces hommes porte deux grenades improvisée à la ceintures). La scène correspond à un reportage photo du 8 décembre 2016 dans la wilayat al-Barakah (Hasakah), en dehors de la wilayat al-Raqqa donc. Il y a fort à parier que l'assaut qui suit se situe dans ce secteur, contre les Kurdes. La colonne d'assaut comprend deux technicals (dont un avec mitrailleuse lourde KPV de 14,5 mm) et trois véhicules de transport blindés improvisés (dont un Land Cruiser renforcé de plaques de blindage), ainsi que deux motos. Une mitrailleuse PK placée sur le toit de la cabine du Land Cruiser ouvre le feu, de même qu'un tireur RPG-7 qui opère depuis le compartiment de combat. L'objectif est une petite position défensive protégée par des levées de terre. Avant de débarquer du véhicule de transport blindé improvisé, un des combattants de l'EI jette une grenade dans la position depuis le compartiment de combat. Pendant qu'une escouade débarquée attaque le retranchement, le Land Cruiser modifié maintient un tir de suppression en cerclant autour de celle-ci tandis que les combattants embarqués font feu. Le porteur de caméra GoPro dans ce dernier véhicule qui filmait l'assaut est tué par un tir défensif (il s'appelait sans doute Abou Ibrahim Al Qamishli, ce qui confirme que l'on est probablement dans la wilayat al-Barakah).

Les véhicules blindés improvisés de l'EI et les technicals se mettent en ligne pour l'attaque. Images probablement tournées dans la wilayat al-Barakah (Hasakah) de l'EI, pour commémorer la présence sur place (début décembre 2016) d'Abu Jandal al-Kuwaïti.

L’Etat islamique fait ensuite un éloge prononcé d’Abou Jandal al-Kuwaiti, un de ses chefs militaires, tué le 26 décembre 2016 par une frappe aérienne américaine alors qu’il dirigeait une contre-attaque près de Raqqa contre les FDS. D’après la vidéo, il aurait eu un rôle clé dans les opérations militaires de la province d’Hasakah (images d’archives de l’offensive du groupe djihadiste en mai-juin 2015 contre cette ville), dans la bataille à Kweires, à Khanasser (celle de février 2016?) et aurait coordonné la contre-attaque au sud de Tabqa contre le régime à la fin du mois de juin 2016, un succès assez net pour l'organisation djihadiste.

De son vrai nom Abdul Mohsen al-Zaghilani al-Taresh, né à al-Jahra au Koweït, il a rejoint l’EIIL, devenu l’EI en 2014. Il aurait combattu à Deir Ezzor en 2014, menant le "bataillon des chevaliers d’al-Jazeera": en juillet 2015, il est parmi les commandants militaires de première importance dans la province de Hasakah (wilayat al-Barakah). Son unité est surnommée "le bataillon de réaction rapide" par Abu Muhammad al-Adnani, le porte-parole de Daech tué en août 2016. Il aurait eu un rôle dans le conseil média de l'EI comme adjoint d'Amr al-Absi. Combattant en Syrie et en Irak, il intègre le conseil de guerre et en décembre 2016, alors qu’il participe à la reconquête de Palmyre, il est le numéro deux militaire de l’Etat islamique en Syrie. Chargé de la défense de Raqqa, il trouve la mort alors qu’il organise une contre-attaque près du village de Jabar, non loin du barrage de Tabqa. Les dernières images d'Abu Jandal al-Kuwaiti dans cette vidéo le montrent en train d'exhorter une vingtaine de combattants avant un assaut, probablement en novembre ou décembre 2016, dans la wilayat al-Raqqa.

Abu Jandal al-Kuwaïti dirigeait la défense de Raqqa. Il est tué par une frappe de la coalition le 26 décembre 2016, alors qu'il menait une contre-attaque sur le village stratégique de Jabar, au nord-ouest du barrage de Tabqa.

On voit ensuite une colonne mécanisée de l'EI monter en ligne: elle comprend un véhicule kamikaze (pick-up avec blindage artisanal, dont des protections pour les roues), plusieurs véhicules de combat improvisés (pick-up renforcés de plaques de blindage) dont certains embarquent des mitrailleuses lourdes (un avec une Type 77/85 de 12,7 mm), au moins trois technicals (dont un Land Cruiser avec un canon antiaérien bitube ZU-23-2), au moins deux motos et un char T-55 avec désignateur laser, pris au régime syrien. L'Etat islamique accompagne la séquence d'un discours d'Abou Al Hassan Al Muhajir (le nouveau porte-parole de l'organisation djihadiste), et plus loin d'un autre d'Abou Musab Al Zarqawi (fondateur d'al-Qaïda en Irak, tué en 2006). Une escouade débarque d'un des véhicules, protégée par le tir de suppression des mitrailleuses lourdes, des technicals et d'une mitrailleuse PK montée sur la cabine d'un des véhicules de combat improvisés. Le ZU-23 tente vainement de toucher un bombardier américain B-52 qui apparaît dans le ciel. Les fantassins couvrent de leur feu la progression du véhicule kamikaze, qui se fait exploser sur les positions adverses. Puis ils rembarquent dans leur véhicule, pour être déposés au plus près de l'explosion. La séquence s'arrête un peu abruptement ici et on ne voit pas la fin du combat.

Char T-55 avec désignateur laser de l'EI, capturé sur le régime syrien.

La séquence suivante de la vidéo montre un tir de missile antichar Fagot de l'EI contre une pelleteuse des FDS, un tir de char T-55 (qui visiblement n'est pas le même que le précédent), un technical avec KPV qui ouvre le feu, un tir de canon D-30 (122 mm) de l'EI, un autre tir de Fagot sur un véhicule des Forces démocratiques syriennes, un tir de missile antichars Konkurs, enfin, sur des pick-up. La caméra se déplace ensuite dans un véhicule de combat improvisé de l'EI, au milieu des fantassins transportés dans le compartiment de combat, dont plusieurs sont très jeunes. Daech  insère des images prises sur les corps de combattants des FDS tués: il s'agit d'un combat livré le 21 décembre 2016 dans le village de Jabar.

L'escouade de djihadistes débarquée du véhicule est bien armée: elle dispose d'un lance-roquettes Type 69 (copie chinoise du RPG-7), un des fantassins avec AK en est le pourvoyeur (il transporte dans son dos la sacoche avec les roquettes du RPG), l'escouade est couverte par un sniper employant un fusil anti-matériel iranien capturé AM 50 de 12,7 mm. L'EI filme cinq corps de combattants des FDS tués durant ce combat: on voit notamment celui de Ryan Lock, un Anglais qui avait rejoint l'YPG (milice kurde syrienne), et qui a péri, de même qu'un autre combattant étranger, Nazzareno Tassone, un Canadien, dont on ne voit pas le corps ici. Le groupe salafiste s'empare aussi d'un drapeau de l'YPG, d'un RPG-7, d'une mitrailleuse PK,  d'un RPG monocoup, de deux fusils d'assaut AK, de roquettes de RPG-7, d'obus de mortiers.

Un sniper de l'EI sur un fusil anti-matériel AM 50 de 12,7 mm appuie la contre-attaque sur le village de Jabar, le 21 décembre.

A la fin de la vidéo, une autre colonne de l'EI comprend un Land Cruiser avec ZU-23-2, un technical avec KPV, un BMP-1 qui transporte des combattants, et un véhicule de combat improvisé avec fentes latérales pour le tir depuis le compartiment de combat. Cinq à six corps de combattants des FDS sont filmés. Le bourreau vu au début de la vidéo s'exprime dans un anglais impossible (il s'agit probablement d'un combattant étranger non anglophone) et égorge un second prisonnier présenté comme un Kurde du PKK.

Cette première vidéo montre que l'Etat islamique est capable de conduire des contre-attaques mécanisées (impliquant jusqu'à des chars) alors que les FDS, dans une première phase, isolent Raqqa de son arrière-pays au nord (novembre 2016) puis à l'ouest (décembre 2016). L'EI n'a pas opposé une résistance acharnée à la progression des combattantas arabo-kurdes au nord de Raqqa. En revanche, les combats autour du village de Jabar, au nord-ouest du barrage de Tabqa, ont été particulièrement violents: c'est là qu'a été tué Abou Jandal al-Kuwaïti, mais aussi un des rares combattants indiens du groupe djihadiste. Outre les colonnes mécanisées, on observe que Daech engage au moins une pièce d'artillerie (D-30) et plusieurs lance-missiles antichars (Konkurs, Fagot). Les escouades de combat sont particulièrement bien armées.

La deuxième vidéo montrant la défense de Raqqa est parue le 22 avril 2017. Elle est intitulée "Allah et Son messager disaient la vérité", titre pris dans le verset 22 de la sourate Al-Azhab (les coalisés): "Et quand les croyants virent les coalisés, ils dirent: +Voilà ce qu’Allah et Son messager nous avaient promis; et Allah et Son messager disaient la vérité+. Et cela ne fit que croître leur foi et leur soumission".

L'introduction de cette vidéo mêle des images de véhicules américains Stryker du 75th Ranger Regiment, qui combat aux côtés des FDS, des véhicules détruits à l'armée turque sur le front d'al-Bab, des images de la bataille de Mossoul, et pour la première fois un discours de Donald Trump. La coalition anti-EI est assimilée à une "croisade": pour la première fois également, l'EI insère des bandeaux descriptifs en anglais dans une vidéo longue, "soldiers of Khilafah" contre "crusaders coalition". L'introduction se termine par l'emploi de véhicules kamikazes: Abou Qatada Al Shami (Syrien) jette le sien contre un bâtiment abritant des cantonnements des FDS. Le second est piloté par Abou Anas al-Faransi, un Français: il a utilisé son véhicule kamikaze le 5 avril 2017 à l'est de la ville de Tabqa. On le voit se faire sauter au milieu de véhicules des FDS.

Le kamikaze français Abou Anas al-Faransi jette son véhicule kamikaze (cercle ci-dessus) sur les véhicules des FDS. Est de Tabqa, 5 avril 2017.

La séquence suivante montre des combats s'étant déroulés début avril, probablement autour de Tabqa. L'Etat islamique insiste sur le fait qu'au moins un habitant local prend son fusil d'assaut pour venir épauler les fantassins de l'EI, dont l'un combat pieds nus (!). Un Land Cruiser avec bitube ZU-23-2 incendie un pick-up des FDS; Daech fait également tirer un canon ZU-23 monotube monté sur un camion léger type Kia Motors. Pendant le combat, on entend un discours d'Abou Muhammad al-Adnani. Deux corps des FDS sont filmés à la fin de l'extrait.

Daech montre ensuite une série de tirs antichars: contre un bulldozer, contre un technical armé d'un KPV, contre trois bulldozers, sur un groupe de combattants des FDS, de nouveau contre trois bulldozers. On voit alors un lance-missiles antichars en position sur un toit: un Konkurs, avec à côté de lui, chose rare, quatre tubes de missiles déjà tirés, ce qui veut dire que l'engin n'a pas changé de position. Il frappe une pelleteuse, puis avec le dernier tir filmé, un groupe de combattants de FDS en étant guidé par un drone (que l'on voit survoler la zone du tir juste après). Ce dernier tir semble avoir lieu au nord d'un canal situé au nord du barrage de Tabqa. L'EI emploie aussi des drones armés: le premier projectile vise un pick-up, de même que le deuxième; le troisième frappe une embarcation poussant une barge de transport sur l'Euphrate; le dernier projectile est largué sur des combattants débarquant d'une barge, et incendie des munitions stockées au pied d'un pick-up.

Lance-missiles antichars Konkurs de l'EI en action. On note les tubes de missiles déjà utilisés à l'arrière-plan.

L'Etat islamique montre ensuite avec une carte la position centrale de Raqqa, comme capitale du "califat" en Syrie, par rapport aux autres wilayats. Le groupe fait témoigner "un des sheikh des musulmans prêt à lutter dans la voie d'Allah", Abou Abdallah Al Muwahid. Il brandit un couteau et le Coran et invective l'auditeur.

La séquence qui suit est particulièrement intéressante. Avec un drone, l'EI filme les combattants inghimasiyyi du camp Sheikh Abou Muhamad Al Furqan (du nom d'un membre important de la propagande de l'EI tué l'an passé). Derrière un technical avec KPV, on voit un premier groupe de 27 hommes en colonnes par trois, un deuxième groupe de 25 hommes en colonne par trois (le dernier portant un RPG-7 en plus du fusil d'assaut), un troisième groupe de 24 hommes, soit 76 hommes en tout; et d'autres suivent derrière (probablement deux groupes de même taille au moins, ce qui nous amène à plus de 100 hommes). Tous pourvus d'uniformes assez semblables, les inghimasiyyi sont menés par un instructeur armé d'une AKSU-74. L'entraînement est filmé en caméra GoPro montée sur les combattants: course d'obstacles, tunnel... L'instructeur tire des rafales de mitrailleuse PK en l'air pour renforcer le réalisme; des pneus sont incendiés, probablement dans le même but, et aussi peut-être pour masquer quelque peu l'observation aérienne...

Les inghimasiyyi à l'entraînement au camp Sheikh Abu Muhamad Al Furqan.

L'EI montre ensuite les combats dans l'est de la wilayat, contre les FDS, en février-mars 2017. Un canon D-30 ouvre le feu. On voit ensuite des combattants débarquer d'un véhicule blindé improvisé armé d'une mitrailleuse DSHK (12,7 mm; l'escouade dispose d'un tireur RPG-7, d'un mitrailleur PK et d'un lance-roquettes improvisé à déclenchement électrique pour roquettes air-sol S-5K. Un des fantassins tire avec un M-16 équipé d'un viseur optique. Un véhicule kamikaze est jeté sur les positions adverses.

Dans un autre assaut, les fantassins de Daech progressent silencieusement par le lit d'un ruisseau, puis tirent des roquettes de RPG-7 sur les positions adverses. Un combattant tire avec un lance-roquettes monocoup RPG-75, ce qui signale d'ailleurs probablement la présence d'inghimasiyyi. L'EI filme deux corps (dont un flouté, probablement une femme des YPJ) et fait un prisonnier. Le groupe montre ensuite quatre prisonniers présentés comme des Kurdes du PKK égorgés par autant de bourreaux dans une ville, probablement Raqqa.

Les dernières images de la vidéo enfin, montrent les combats justes après le franchissement de l'Euphrate par les FDS, fin mars 2017. Un petit groupe de combat opère depuis la protection d'une levée de terre, avec tireur AK et tireur d'élite sur SVD Dragunov. Un B-52 survole la position. On voit également un hélicoptère américain, UH-60 ou AH-64, en vol. Profitant d'une tempête de sable, l'escouade de l'EI assaille les positions des Arabo-kurdes au nord du canal qui se trouve au nord du barrage de Tabqa, qui était déjà l'objet d'un tir de missile antichar de l'EI précédemment. Un tireur RPG-7 expédie une roquette tandem, puis une roquette antipersonnelle; deux combattants jettent des grenades dans la position adverse, assez proche. L'escouade (au moins une dizaine d'hommes) comprend également un mitrailleur PK. Une autre roquette tandem est envoyée. Les fantassins du groupe salafistes se rapprochent et continuent de jeter des grenades dans la position adverse. Un premier combattant des FDS qui s'enfuit est abattu, puis un second, tandis qu'un véhicule quitte les lieux au loin. Entre cinq et dix corps adverses sont filmés; l'EI fait également un prisonnier.

Un tireur RPG-7 s'apprête à expédier une roquette tandem sur les positions des FDS. L'escouade de combat compte ici une dizaine d'hommes, au moins, assez bien armés.

Cette vidéo couvre, dans le désordre, les phases de la bataille de Raqqa survenues de février à début avril 2017. Les FDS cherchent à isoler, en février-mars, la ville de Raqqa de son arrière-pays à l'est, et à la couper de Deir Ezzor et de la wilayat al-Khayr. On observe que sur ce front, l'EI continue de mobiliser des moyens assez lourds: véhicules blindés improvisés, canons D-30, inghimasiyyi bien équipés. Cela s'explique aussi probablement par la proximité du sanctuaire frontalier et de l'enjeu que constitue le cordon ombilical entre Raqqa et Deir Ezzor.

L'Etat islamique, en revanche, n'a pu s'opposer au franchissement de l'Euphrate au sud-ouest de Raqqa, au niveau de la péninsule de Shurfa et des environs de Tabqa. Il revient donc à des tactiques de harcèlement: katiba avec lance-missiles antichars, utilisation de drones armés pour bombarder les barges sur l'Euphrate ou les positions des FDS, véhicules kamikazes autour de Tabqa... La séquence du camp d'inghimasiyyi montre clairement que l'EI n'entend pas abandonner la ville, ce que l'on peut constater depuis avec les combats de rues à Tabqa, qui n'est reprise que le 8 mai 2017.

Carte de situation des différentes phases de l'opération "Colère de l'Euphrate" par rapport aux vidéos de l'EI (novembre 2016-avril 2017). Les losanges rouges correspondent aux secteurs évoqués dans la première vidéo de l'EI, les losanges jaunes à ceux évoqués dans la seconde vidéo. ©Wikimedia Commons

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