Bernard Cazeneuve sur la mort de Rémi Fraisse : "à ma connaissance, il n'y a pas eu de bavure"
Les circonstances de la mort de Rémi Fraisse
"J'ai appris dans la matinée de dimanche (le 26 octobre, NDLR) qu'il y avait eu un mort à Sivens, par mon cabinet et la direction générale de la gendarmerie. La gendarmerie m'a annoncé immédiatement que c'était lié à une grenade offensive mais en précisant +Nous doutons qu'elle soit la source de la mort de Rémi Fraisse+, car aucun cas de décès du fait d'une grenade offensive n'était survenu au cours des dernières années".
"A partir du moment où l'affaire a été connue et judiciarisée, mon seul objectif a été de tout faire pour qu'il n'y ait pas de pressions sur la justice".
Le délai de 48 heures avant de communiquer après le drame
"Je n'avais pas certaines informations le dimanche matin, car elles étaient tenues au secret judiciaire. Le dimanche 26 à 18h, le procureur a déclaré qu'il n'était pas possible de déterminer les causes du décès".
Les conversations des gendarmes de cette nuit-là révélées par la presse
"Ces PV n'ont jamais été portés à ma connaissance car ils sont couverts par le secret de l'instruction. Ces éléments sont entre les mains du seul procureur en charge de l'enquête. (…) Je n'en ai pas eu connaissance car nous ne voulons influer a aucun moment sur la justice en charge de cette affaire".
Une tentative de camoufler l'affaire?
"Comment peut-on dire cela? Comment pourraient-ils connaître les causes de la mort? Le procureur fait son enquête, qui est en cours, il a auditionné l'ensemble des protagonistes qui étaient sur le terrain ce jour-là, ce qui n'est pas mon cas, et s'il n'a pas encore rendu de décision c'est bien qu'il y a encore des incertitudes. Si j'avais fait des déclarations, cela m'aurait été reproché comme tentative de pression par ceux-là mêmes qui me reprochent de ne pas les avoir faites".
Des consignes de fermeté données aux gendarmes ce soir-là?
"Ce n'étaient pas mes consignes et je le prouve: il y a eu une réunion le 21 octobre, avec les représentants de la commune et des manifestants, où j'ai donné des consignes d'apaisement. J'avais donné des consignes pour ne pas positionner de forces de l'ordre sur les lieux. Mais des casseurs et des manifestants violents s'en sont pris à la zone de travaux et à la société de gardiennage présente sur place, il y avait donc des risques et le préfet a décidé de positionner des forces de l'ordre".
700 grenades ont été tirées cette nuit-là
"Il y a eu des violences cette nuit-là. Ce qui compte, c'est de vérifier s'il y a eu, ou non, un usage proportionné de la force. Mais quelles étaient les violences commises ce soir-là en face? Quels étaient les actes commis? Pourquoi mettre en accusation systématiquement les forces de l'ordre?"
"Les rapports qui m'ont été communiqués disent que les règles d'usage de la grenade offensive tirée ont été respectées et que la grenade a été tirée à côté du groupe (dans lequel était Rémi Fraisse, NDLR). J'ai dit que je dirais tout sur ces enquêtes".
Rien à reprocher aux gendarmes?
"J'avais conscience qu'il y avait un climat d'extrême tension. J'ai donné des consignes pour éviter les dérapages. (…) Ma consigne aux gendarmes a été: tout doit être donné à la justice, aucune pression ne doit avoir lieu, tout les examens doivent être menés. A ma connaissance, il n'y a pas eu de bavure ,mais les enquêtes sont en cours. C'est ça, l'Etat de droit: quand il y a une affaire si grave, il faut faire en sorte que la justice puisse aller au bout des enquêtes. Si j'avais essayé d'influer, on me l'aurait reproché. J'ai laissé la justice aller au bout de sa démarche, on me le reproche. Je dois respecter l'Etat de droit et donc la séparation des pouvoirs. Les gendarmes ont d'ailleurs tout dit, respectant ainsi mes consignes. On connaît la vérité et c'est ce qui compte pour moi".
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