Béziers : Marion Maréchal-Le Pen agacée par Robert Ménard
Le Front national, vexé par plusieurs initiatives et déclarations successives de Robert Ménard, a sèchement rejeté ce samedi 28 son mouvement citoyen "Oz ta droite", la députée du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen quittant la ville héraultaise. Le parti d'extrême droite se méfiait du "Rendez-vous de Béziers" organisé par le maire de Béziers élu avec son soutien en 2014. L'ancien journaliste critique fréquemment le programme économique du FN et son positionnement "ni droite ni gauche". Il prétendait de surcroît réunir la "droite hors les murs", insatisfaite par l'étatiste FN comme par les "européistes" des Républicains, pour peser sur la présidentielle.
L'agacement est monté peu à peu dans la semaine, la députée du Vaucluse, mandatée par Marine Le Pen, hésitant jusqu'au dernier moment à honorer son invitation. Premier couac: l'annonce mercredi par M. Ménard du lancement d'un mouvement citoyen "Oz ta droite", d'aucuns parmi les frontistes y voyant une prémisse de parti politique concurrent du FN. Ensuite, la fuite dans la presse de premières propositions radicales (non-renouvellement des titres de séjour tant que le chômage ne descend pas sous les 5%; 25% de fonctionnaires en moins sur cinq ans; etc.), les proches de Marion Maréchal-Le Pen y voyant un jeu déjà joué. Une cinquantaine de propositions ou "marqueurs politiques de droite" doivent être adoptés dimanche.
La goutte d'eau fatale a été la déclaration de Robert Ménard, samedi sur les marches du Palais des Congrès biterrois: le maire n'entend être un marchepied "de personne" et notamment pas du FN, mais promet en revanche des propositions "surprenantes" et une démarche "offensive" pour les faire accepter par les partis de droite. Très rapidement, la députée du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen, proche idéologiquement de cette mouvance et très populaire parmi ses représentants, a annoncé son départ de Béziers face à l'"erreur politique majeure et historique" de M. Ménard. Elle lui a reproché de nier le caractère "incontournable" du Front national dans l'actuel système politique français.
"L'idée c'est: +On veut vos voix et pas vos gueules+", a pesté la benjamine de l'Assemblée nationale, pourtant régulièrement suspectée d'indiscipline à l'égard de sa tante et présidente du FN, Marine Le Pen. Puis elle a ajouté: "le FN si je me souviens bien a été son marchepied", quand Robert Ménard a été élu avec le soutien du parti d'extrême droite à la mairie de la sous-préfecture héraultaise en 2014.
L'ancien patron de Reporters sans Frontières a rapidement tenté de dédramatiser, devant la presse au Palais des Congrès, et mis le départ de la députée sur le compte de pressions externes: "Je la remercie d'être venue. C'était difficile pour elle d'être là (...). Elle a des gens autour d'elle qui ne veulent pas entendre parler d'une ouverture au-delà du FN. Elle subit des pressions", a-t-il jugé, visant directement Florian Philippot, bras droit de Marine Le Pen. "+Rupture de Marion Maréchal-Le Pen+ avec moi-même? Décidément, les journalistes prennent leurs désirs pour la réalité!", a-t-il tenté ensuite dans un tweet.
Avant même l'annonce du départ de Marion Maréchal-Le Pen, un proche de la patronne du FN donnait "peu d'avenir" à la stratégie de M. Ménard: il "touche la limite de sa démarche (...). Il découvre la force des partis politiques face aux causeries". Cette force s'est aussi exprimée par la discrétion des représentants du parti Les Républicains, également visés par l'initiative du maire de Béziers. A part Jean-Frédéric Poisson, candidat à la primaire de la droite via le Parti Chrétien-démocrate, aucun autre candidat n'est venu à Béziers participer aux débats.
Nadine Morano, par exemple, a refusé de venir, dénonçant la proximité actuelle de M. Ménard avec Marine Le Pen. Nicolas Dupont-Aignan, candidat à la présidentielle "Debout la France", a aussi décliné l'invitation. Restent des débats et de nombreuses tables rondes, jusqu'à dimanche matin, et un millier d'invités.
Lors d'une table ronde dans la matinée sur l'économie, "Plutôt Colbert ou plutôt Thatcher?", un chef d'entreprise en colère avait critiqué la "ligne Philippot" du FN: "On vote pour le FN malgré son programme économique, pas pour". Avant de constater: "Marine Le Pen, sans nous elle ne peut rien, et nous, sans Marine Le Pen on ne peut rien". Mais pour Marion Maréchal-Le Pen, pas besoin d'attendre dimanche pour conclure: "Il ne sortira rien de ce séminaire".
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