Brexit : pour Hollande, "l'Europe ne peut plus faire comme avant"
François Hollande a appelé solennellement ce vendredi 24 depuis l'Elysée à un "sursaut" européen pour parer le "choix douloureux" des Britanniques qui ont décidé par référendum de claquer la porte de l'Union européenne. Dans une allocution d'un peu moins de six minutes, le chef de l'Etat a tenté de placer la France au coeur d'un renouveau européen, assurant qu'elle serait "à l'initiative" pour faire face à une situation qu'il regrette "profondément" et qui met "gravement l'Europe à l'épreuve".
"L'Europe ne peut plus faire comme avant", a souligné le chef de l'Etat qui l'appelle désormais à "se concentrer sur l'essentiel", une feuille de route dont les têtes de chapitre seraient "l'investissement pour la croissance et pour l'emploi", l'"harmonisation fiscale et sociale" ainsi que "le renforcement de la zone euro et de sa gouvernance démocratique". L'UE, a-t-il insisté, doit "porter les projets et non pas se perdre en procédures" et "être comprise et contrôlée par ses citoyens".
Dans l'immédiat cependant, a observé le président de la République alors que les Bourses européennes dévissaient, il s'agit d'"apporter les réponses nécessaires pour maîtriser les risques économiques et financiers". Ferme à l'égard de Londres, il a prévenu que "les procédures prévues par les traités" pour la sortie de l'UE seraient "rapidement appliquées" comme "c'est la règle et la conséquence" même si la France continuera de "travailler avec ce grand pays ami".
François Hollande devait présider dans l'après-midi un Conseil des ministres extraordinaire post-Brexit avant de recevoir le président du Sénat Gérard Larcher (LR) puis celui de l'Assemblée nationale Claude Bartolone (PS). Quant aux dirigeants des grandes formations politiques françaises, y compris le Front national, ils seront reçus tout à tour samedi 25 dans l'après-midi par le chef de l'Etat. Pour François Hollande, "la décision britannique exige de prendre lucidement conscience des insuffisances du fonctionnement de l'Europe et de la perte de confiance des peuples qu'elle porte". "Le danger est immense face aux extrémistes et aux populistes", a-t-il enchaîné alors que son propre pays est travaillé par le message anti-européen du FN qui réclame la tenue d'un référendum sur l'appartenance de la France à l'UE.
Amer, le président français a constaté aussi qu'"il faut toujours moins de temps pour défaire que pour faire, pour détruire que pour construire"."Aujourd'hui, c'est l'Histoire qui frappe à notre porte. Ce qui se joue, c'est la dilution de l'Europe au risque du repli, ou la réaffirmation de son existence au prix de changements profonds. Je ferai tout pour que ce soit le changement profond plutôt que le repli", a conclu François Hollande. Il sera lundi 27 à Berlin, a-t-il par ailleurs confirmé, pour y retrouver la chancelière allemande Angela Merkel, le chef du gouvernement italien Matteo Renzi et le président du Conseil européen Donald Tusk. Puis il participera mardi et mercredi 29 à un sommet européen post-Brexit prévu de longue date.
Peu après l'annonce officielle du Brexit, le chef de l’État français s'était déjà entretenu pendant une vingtaine de minutes ce vendredi matin avec Angela Merkel et Donald Tusk. Puis il avait réuni autour de lui pendant près d'une heure les principaux ministres concernés. Fait exceptionnel, le commissaire européen aux Finances et à l'Economie et ancien ministre Pierre Moscovici a été convié à cette réunion à laquelle participaient également les ministres des Finances, Michel Sapin, et des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, ainsi que le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll et le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Harlem Désir.
Dans les jours précédant le référendum britannique, François Hollande avait multiplié les avertissements, déclarant avec des accents dramatiques qu'au-delà de l'avenir du Royaume-Uni, c'était celui de l'Union européenne qui se jouait avec ce scrutin. Alors que des millions de Britanniques se rendaient aux urnes jeudi 23, ils disait encore "bien sûr" souhaiter le maintien de leur pays dans l'UE. Aux yeux de Paris, avait-il prévenu sans craindre de s’immiscer dans le débat qui faisait rage outre-Manche, la sortie de la Grande-Bretagne serait "irréversible" et "aurait forcément des conséquences extrêmement graves".
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