Claude Guéant : mise en examen et contrôle judicaire pour l'ancien ministre
C'est une affaire aux ramifications mondiales. Présenté à un juge après avoir passé trente heures de garde à vue à la brigade financière de Nanterre, samedi 7, Claude Guéant a été mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale en bande organisée et faux et usage de faux.
L'enquête porte sur la vente de deux tableaux d'un peintre flamand que l'ex-premier flic de France avait vendu à un avocat malaisien. Des investigations en lien avec la procédure initialement ouverte après des accusations de financement par la Libye de Mouammar Kadhafi de la campagne présidentielle en 2007 de Nicolas Sarkozy lancées par d'anciens dignitaires du régime du dictateur –sans apporter de preuves.
L'ancien ministre et secrétaire général de l'Elysée sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, aurait ainsi dissimulé la vente de ces deux tableaux du peintre flamand Andries van Eertvelt (XVIIe siècle) à un avocat malaisien Sivajothi Muthiah Rajendram. Surtout, la vente, conclue en 2008 selon Claude Guéant, porte sur un montant qui a éveillé les soupçons des juges: 500.000 euros, alors qu'aucune œuvre de cet artiste somme toute confidentiel ne s'était jusqu'ici vendue plus de 150.000 euros.
Enfin, les enquêteurs estiment que Sivajothi Muthiah Rajendram n'aurait pu être qu'un intermédiaire entre l'ancien ministre de l'Intérieur et Khaled Ali Bugshan, un industriel saoudien qui aurait officié par le passé comme "facilitateur" dans de gros contrats d'armements entre la France et le royaume du Golfe. L'homme, qui est également mêlé au volet financier de l'affaire Karachi, a lui aussi été mis en examen.
Ce montage financier aurait pour but de dissimuler la provenance de fonds qui, estiment les juges, pourrait être en lien avec un possible financement par la Libye de Kadhafi de la campagne présidentielle de Sarkozy. Une thèse que réfute l'avocat de Claude Guéant. "On reproche (à mon client), non pas des faits de corruption liés à ce soi-disant financement libyen de la campagne présidentielle, mais simplement on lui demande de s'expliquer davantage sur la vente des fameux deux tableaux qu'il a acquis il y a près de 22 ans", a ainsi estimé maitre Bouchez el-Ghozi. Puis de conclure en assurant que l'affaire "se dégonfle tout à fait dans ce dossier présenté comme faramineux".
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.