Crimes "antisémites" et islamisme radical : Macron fait un choix dangereux
Alors que les affaires Sarah Halimi puis Mireille Knoll ont entraîné un débat sur le caractère antisémite de ces meurtres, Emmanuel Macron a de nouveau marqué sa volonté de reconnaître comme telles "les agressions à l'égard de nos concitoyens juifs en raison de leur confession". Il prend cependant le risque de s'exprimer sur des affaires donc certaines sont encore en cours et dans lesquelles la dénonciation de l'antisémitisme est parfois accusé de dissimuler la stigmatisation des musulmans.
Dans un courrier du 22 mai, il a qualifié de "crime à caractère antisémite celui de Sébastien Selam". Le jeune homme connu aussi sous le nom de "DJ LamC" avait été tué en 2003 à coups de couteau par son ami d'enfance Adel Amastaibou. Celui-ci avait reconnu devant les enquêteurs avoir"tué un juif" car "Allah le voulait". Mais aussi que des "voix" lui en avaient donné l'ordre.
Lire aussi: En France, l'islam radical au coeur du débat sur l'antisémitisme
En 2006, la justice avait finalement tranché par un non-lieu. Les experts psychiatres avaient en effet conclu que l'accusé souffrait d'une "schizophrénie délirante paranoïde". Le jugement d'Adel Amastaibou avait donc été considéré comme "aboli" au moment des faits et son irresponsabilité pénale retenue.
Le député des Français établi hors de France Meyer Habib a écrit à Emmanuel Macron en avril dernier afin d'obtenir une telle reconnaissance, dénonçant "l'antisémitisme arabo-musulman qui sévit dans les quartiers". Les divagations d'Adel Amastaibou était tintée d'antisémitisme. Il venait au moment des faits d'être condamné pour l'agression d'un rabbin.
Dans sa réponse publiée par l'élu (voir ci-après), Emmanuel Macron rappelle: "iI ne m'appartient pas de me prononcer sur une décision de justice eu égard au principe constitutionnel de séparation des pouvoirs". Plus haut pourtant il évoque bien un "crime à caractère antisémite".
Dans l'affaire Sébastien Selam comme dans l'affaire Mireille Knoll, les proches des victimes et leurs avocats ont avancé la thèse que l'antisémitisme devait être retenu même s'il n'était pas la première ou unique motivation. L'enquête sur le meurtre de l'octogénaire encore en cours laisse une large place à la piste vengeance et du crime crapuleux tout en s'interrogeant sur la place de la religion de la victime.
Voir: Meurtre de Mireille Knoll: finalement pas un acte antisémite?
Emmanuel Macron se lance donc sur un terrain glissant en prenant position. En plus du problème lié, comme il le souligne lui-même, à la séparation des pouvoirs, il s'aventure dans un débat où s'affrontent certaines positions radicales. Une récente tribune visant à dénoncer ce "nouvel antisémitisme" présent notamment dans les quartiers, avait ainsi été critiquée comme stigmatisant les musulmans.
Lire: Manifeste contre l'antisémitisme: "procès injuste et délirant" fait aux musulmans
Or dans sa lettre, le président de la République parle de Sébastien Selam comme "ce jeune Français tombé sous les coups du fanatisme le plus sombre encore vif aujourd'hui", comprendre l'islamisme radical. Il avait déjà cité l'affaire Mireille Knoll dans son hommage à Arnaud Belltame, établissant un parallèle entre ce meurtre -dont le caractère antisémite est encore incertain pour la justice- et une attaque terroriste revendiquée par l'Etat islamique.
Voir ci-desssous la lettre de Meyer Habib et la répondes d'Emmanuel Macron:
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