Crise du porc : les éleveurs en appellent à Manuel Valls
Pour la deuxième fois cette semaine, le marché du Plérin (Côtes-d'Armor) –la "bourse" du porc en France– a suspendu sa cotation ce jeudi 13. En cause: l'absence, encore une fois, des deux principaux acheteurs de cette viande, les sociétés Cooperl et Bigard/Socopa.
Une absence volontaire en raison du tarif minimum de 1,40 euro le kilo réclamé par les éleveurs et fixé comme objectif par le gouvernement. Ce prix est censé permettre aux éleveurs du secteur porcin de vivre de leur travail, alors que nombre d'entre eux vendent à perte.
Un tarif intenable, selon ces deux sociétés, par rapport à la concurrence européenne. Selon Patrice Drillet, président de la Cooperl, cela représente 30 centimes d'écart avec les prix pratiqués sur le marché européen. Les industriels dénoncent également des règles françaises plus contraignantes par rapport à leurs concurrents étrangers, qui ne leur permettent pas d'augmenter leurs prix d'achat.
De leur côté les éleveurs en ont appelé à Manuel Valls, à qui ils demandent d'intervenir directement dans cette crise. Ils ont demandé à être reçus par le Premier ministre ou un membre de son cabinet ce jeudi 13 ou au plus tard vendredi 14.
Suite à l'annonce d'absence de cotation ce jeudi, Stéphane Le Foll a tenu une conférence de presse dans l'après-midi: "je rencontrerai la semaine prochaine M. Bigard et le président de la Cooperl pour continuer les discussions", a déclaré le ministre de l'Agriculture. Il a rappelé que ces deux sociétés ne représentaient que 30% des achats et que "la grande distribution et les opérateurs du cadran ont maintenu leurs engagements d’achat". Stéphane Le Foll a également déclaré que le tarif de 1,40 euro le kilo "n'est pas un prix politique".
Face à l'importante mobilisation des éleveurs du secteur porcin, bovin et laitier depuis juillet, le gouvernement avait lancé un plan d'aide de 600 millions d'euros et fixé des objectifs de prix de vente. Mais le refus de grands industriels vient mettre à mal ces négociations entre les différents acteurs du secteur.
De chaque côté, on réclame des mesures structurelles plutôt que d'urgence. Des mesures qui ne semblent pouvoir être discutées qu'à l'échelle européenne pour fixer de nouvelles règles de concurrence. Le secteur du porc souffre également de l'embargo russe sur les produits européens suite à la crise en Ukraine.
"Il n'y aura pas de solution si, collectivement, nous ne sommes pas capables d'avoir une démarche d'ensemble sur la cotation, l'organisation de la filière et les enjeux européens et mondiaux", a d'ailleurs précisé Stéphane Le Foll.
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