De Vierzon à Vichy, Macron se plonge deux jours dans le quotidien des Français
Des commerces de Vierzon au village de Chateaumeillant, Emmanuel Macron est retourné mardi au contact des Français et de leurs soucis quotidiens, Covid en tête. En démentant être entré en campagne comme l'en accusent ses opposants.
Sujet omniprésent, la crise sanitaire mais aussi la pénurie de médecins dans ces départements ruraux, qui avaient peu voté pour lui en 2017. La cinquième vague de l'épidémie "met un coup au moral" de Français "moins positifs qu'il y a deux mois", a estimé le chef de l'Etat après avoir rencontré des habitants d'une ville de Vierzon quasiment vide.
Masque sur le nez, il a discuté avec quelques dizaines d'habitants retenus derrière des barrières, qui lui ont parlé de leurs inquiétudes face à la crise sanitaire, des problèmes sociaux de la région ou encore des difficultés de l'hôpital local.
Une occasion pour lui de rappeler son bilan, comme le plan "Action coeur de ville" qui a permis de réinstaller plusieurs commerces. Ou encore, lorsqu'un ex-agent d'entretien se plaint de ne percevoir que 800 euros de retraite, de citer la revalorisation du minimum vieillesse.
Quand un journaliste lui demande s'il ne fait pas ainsi campagne, il dément: "Je me déplace depuis quatre ans et demi, parfois pour le meilleur, parfois pour le pire".
D'ailleurs selon lui, "les gens ne sont pas du tout dedans (dans la campagne), ils sont dans le sanitaire, dans l'économique, ça me frappe".
Cherchant à se présenter comme président de "l'unité", il tente d'éviter toute polémique. Ainsi, lorsqu'un passant se déclare "pour (Eric) Zemmour", il plaide pour "prendre de la hauteur" car "notre pays a besoin d'ambition et de bienveillance", mais aussi de "calme".
A un patron de discothèque qui lui lance: "C'est encore nous que vous fermez" après la décision prise lundi de clore leurs établissements pendant quatre semaines, il "s'engage" à les rouvrir "au plus vite" et promet "des indemnités exemplaires".
- Parler Ukraine à Chateaumeillant -
Après Vierzon, Emmanuel Macron s'est arrêté pour déjeuner sans façons dans un relais routier, au milieu d'habitués qui se sont contentés de le regarder de loin. Dans l'après-midi, il a discuté avec des auxiliaires de vie de Bourges, qui ont déploré leur maigres salaires et réclamé des indemnités kilométriques plus élevées.
Sa soirée s'est terminée avec le conseil municipal de Chateaumeillant, dont les élus lui ont réclamé des mesures pour faire revenir des médecins dans ce territoire qui en manque cruellement.
"Peut-on donner des points à la retraite pour les médecins qui partent en rural ? Une mesure fiscale forte pourrait inciter les gens à venir", lui a suggéré un élu.
"Ce peut être des avantages tarifaires", a répondu Emmanuel Macron, écartant l'idée d'une contrainte. "Jouer sur la rémunération du médecin par l'assurance maladie pour compenser dans les zones très carencées. C'est ce que j'ai demandé aux équipes de commencer à réfléchir".
Les élus de Chateaumeillant, village qui perd des habitants, lui ont aussi demandé à accueillir un centre pénitencier.
Avant cette réunion, c'est dans le modeste bureau du maire, à l'étage, qu'Emmanuel Macron s'est installé pour une conférence téléphonique entre les dirigeants cinq grands pays occidentaux (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie) consacrée à la lutte contre l'escalade militaire concernant l'Ukraine. Une ligne sécurisée avait été installée pour l'occasion.
- Halte mémorielle à Vichy -
Mercredi, le chef de l'Etat présidera en visio-conférence depuis Moulins, dans l'Allier, le conseil des ministres réuni à l'Elysée.
Puis, à Vichy, il échangera avec une cinquantaine d'associations locales pour marquer "les 120 ans de la loi sur la liberté d’association".
L'étape sera particulièrement suivie, le nom de la sous-préfecture de l'Allier faisant encore écho au régime de Pétain, de juillet 1940 à août 1944.
Le maire de Vichy le maire de Vichy, Frédéric Aguilera, pourrait d'ailleurs l'interpeller contre l’usage du nom de sa ville pour qualifier le régime de Pétain.
Emmanuel Macron pourrait se recueillir devant une stèle en l'honneur des juifs déportés et rendre hommages au 80 parlementaires qui lors d'un vote à Vichy avaient refusé les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
Cette période est revenue à la une lorsqu'Eric Zemmour, avant d'officialiser sa candidature à la présidentielle, a suscité un tollé en affirmant que le maréchal Pétain avait contribué à sauver des juifs français.
Avec ce déplacement, le président cherche à ne pas se laisser distancer par les candidats déclarés pour 2022, désormais tous en mouvement depuis le choix de Valérie Pécresse pour représenter Les Républicains.
Un sondage Elabe pour BMFTV et L'Express publié mardi le donne en tête au premier tour avec 23% des intentions de votes contre 20% pour la candidate LR mais il est donné battu par Valérie Pécresse au second tour, par 52% contre 48%.
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