EELV de plus en plus proche de l'explosion
Les tensions au sein d'Europe Ecologie-Les Verts se sont encore creusées depuis l'échec des régionales, la question de son positionnement par rapport au gouvernement attisant des dissensions qui semblent rapprocher un peu plus le jeune parti de l'explosion.
Mercredi devant des journalistes, le député EELV Denis Baupin n'a pas pris de détour. Interrogé sur une entrée des Verts au gouvernement en cas d'éventuel remaniement, il a répondu: "Oui, j'espère que des écologistes seront aux responsabilités au sein du gouvernement pour mettre en œuvre les conclusions de la COP21 ou l'application de la loi de transition énergétique".
"Ça nécessite d'en discuter avec l'exécutif pour avoir un accord sur ce que pourrait être la feuille de route de la fin du quinquennat", a-t-il détaillé, alors qu'ont surgi des rumeurs sur un remaniement dans les semaines à venir.
La veille sur le plateau de Preuve par trois (Public Sénat/AFP), la secrétaire nationale d'EELV Emmanuelle Cosse a défendu la "discussion politique" mais a assuré ne "pas avoir de rendez-vous à l'Elysée pour discuter de (son) avenir ministériel".
Rentrer au gouvernement? "Je dirais pour quoi faire? Qu'est-ce que vous voulez dans la fin de la mandature, quels sont les projets de ce gouvernement?", a-t-elle répondu, estimant que le président dirigeait la France "jusqu'au dernier jour".
Celle qui défend depuis l'échec des régionales une position "indépendante" de son parti, estimant que celui-ci est "tombé dans le piège" d'un choix imposé entre le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon et le gouvernement de Manuel Valls, n'a donc rien exclu.
Comme Denis Baupin, elle a rappelé que des conditions sont à réunir avant tout compromis: l'arrêt de Notre-Dame-Des-Landes, la fermeture de Fessenheim ou encore l'utilisation de l'écologie comme levier pour la création d'emploi en passant par exemple par un grand plan de rénovation thermique.
"Nous ne sommes pas contre le principe d'entrer au gouvernement mais sur quel projet?", a interrogé Sandrine Rousseau, une des porte-parole de la formation politique, citant la baisse répétée des budgets pour l'écologie, l'autorisation de rejet de boues rouges dans le parc des Calanques ou encore la déchéance de nationalité.
"Les raisons pour lesquelles on est sorti du gouvernement sont toujours valables", renchérit Julien Bayou, autre porte-parole d'EELV. "Si Emmanuelle Cosse entre au gouvernement, ce sera sans le mouvement", a-t-il prédit.
Mais, a reconnu Denis Baupin, "il peut y avoir des écologistes qui rentrent au gouvernement en désaccord avec Europe Ecologie-Les Verts". Il a dit à ce titre préférer les "écologistes pragmatiques" aux "écologistes protestataires", tentés par l'aventure de la gauche de la gauche.
Le vice-président de l'Assemblée nationale a d'ailleurs anticipé les antagonismes latents au sein de son parti.
Avec sept autres députés, il a demandé mercredi à être considéré au sein du groupe écologiste séparément de ceux qui ont soutenu la sortie du gouvernement en mars 2014 notamment de Cécile Duflot, ancienne secrétaire nationale d'EELV, redevenue parlementaire.
"Il y a aujourd'hui à l'Assemblée nationale, comme dans la société, deux écologies", écrivent ces huit députés dans un texte intitulé "écologistes déterminés, réformistes assumés". Parmi eux, Barbara Pompili, qui a quitté EELV cet automne, a assuré à l'AFP ne pas avoir été contactée pour un éventuel remaniement.
Mais, a-t-elle précisé, "Manuel Valls a toujours dit qu'il voulait faire entrer des écologistes". La question demeurant lesquels puisque la rupture de 2014 a initié une crise sans précédent dans ce parti créé en 2010. A l'époque, le bureau fédéral (15 membres) avait voté par sept voix pour le départ, contre trois contre et cinq abstentions. Un résultat qui a toujours entretenu un doute sur une ligne claire dans le parti.
Denis Baupin rappelle que les écologistes appartiennent à la majorité, d'autant plus, a-t-il ajouté, utilisant les mêmes termes que ceux d'Emmanuelle Cosse la veille, depuis "la conversion écologiste de François Hollande" dans le cadre de la COP 21.
De même, ont-ils tous deux rendus un hommage appuyé à la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, qui "se bat" et "sait de quoi elle parle" parce qu'"elle a compris" l'importance des enjeux.
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