Femmes députées : "si on veut vraiment agir, il faut imposer"
"Le féminin d'un député, c'est une suppléante". La "blague" rappelant que les femmes sont au mieux là pour les quotas était encore récemment très à la mode à l'Assemblée nationale, selon la députée et porte parole LREM Aurore Bergé.
Sa collègue de la majorité Laetitia Avia rapporte des souvenirs du même ordre de sa carrière d'avocate: "Combien de fois les clients m'ont prise pour une assistante... Combien de fois on m'a demandé un café...".
Et ce n'est pas Muriel Ressiguier, pourtant leur opposante de La France insoumise, qui les contredira. "Quand une femme parle dans l'hémicycle, c'est normale de lui couper la parole, de rire. J'ai vu des femmes tomber dans l'agressivité parce que pour prendre le pouvoir, il faut agir comme un homme".
Voir: Pour Jean-Michel Apathie, Aurore Bergé n'avait pas une tenue "adaptée"
"Je rêve qu'en 2022 la présidente de l'Assemblée nationale soit une femme, qu'un groupe parlementaire soit dirigé par une femme", espère de son côté Sira Sylla, députée LREM de Seine-Maritime, rappelant ainsi que si l'Assemblée nationale est en pleine féminisation (18,7% de femmes en 2007 puis 26,9% en 2012 et 38,7% en 2017), les postes de dirigeants restent masculins.
Invitées du Conseil national des barreaux ce jeudi 8 dans le cadre de la Journée des droits des femmes, ces quatre députées ont livré un même constat. Oui l'égalité femmes/hommes s'est améliorée, mais il reste du chemin à parcourir, notamment face à des réflexes plus ou moins inconscients mais néanmoins discriminatoires:
"Certains comportement ne peuvent plus exister du fait même du nombre de femmes à l'Assemblée (mais) il y a encore des représentations du genre très persistante", juge Aurore Bergé.
Lire aussi: Inégalités salariales hommes-femmes: derrière les chiffres, les réalités sociales qui expliquent les écarts
Face à cette situation "il est important de féminiser nos fonctions", selon Laetitia Avia. Mais aussi d'imposer de nouvelles règles, même si le recours aux fameux quotas peut susciter les critiques en égalitarisme.
"Au début je n'étais pas trop pour", reconnaît Sira Sylla, interrogée par France-Soir. "Mais si on veut vraiment agir il faut imposer. Ne pas permettre l'accès à un métier pour une femme, c'est nier ses droits. Il y a moins de 25% de femmes dans le conseils d'administration. Il faut passer aux actes".
"Je crois à la nécessité de légiférer" et aux"quotas pour bousculer" la situation, abonde Muriel Ressiguier. Que ce soit pour l'égalité au travail ou la question des violences faites aux femmes "il nous manque un certain nombre d'éléments juridiques. Notre rôle est de combler ces manques" selon Aurore Bergé.
Toutefois le changement ne passe pas que par les règles et les sanctions pour Sira Sylla, mais avant tout par l'éducation, la lutte contre les stéréotypes qui font que "les femmes se mettent des barrières, n'osent pas. Elles doivent aussi prendre leurs responsabilités. L'égalité femmes/hommes est l'affaire de tous, il est important d'impliquer les hommes", conclut-elle.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.