Guadeloupe : le patron de l'hôpital de Pointe-à-Pitre exfiltré par la police
Le directeur du CHU de Guadeloupe et ses deux adjoints ont dû être exfiltrés par la police de leurs bureaux assiégés mardi par des militants contre l'obligation vaccinale des soignants, a annoncé à l'AFP la direction de l'hôpital.
Le bâtiment administratif du CHU de Guadeloupe, théâtre des tensions autour de la question de l'obligation vaccinale des soignants, a été assiégé mardi et la direction "séquestrée" dans ses bureaux avant d'être finalement "exfiltrée" par la police, a expliqué à l'AFP le directeur général du CHU, Gérard Cotellon.
"J'ai été extrait avec un coup de poing dans les côtes et un énorme coup sur la tête, j'ai perdu connaissance pendant 10 secondes je pense", a précisé M. Cotellon.
Son adjoint, Cédric Zolezzi, a également indiqué avoir été molesté. "On m'a déchiré ma chemise, j'ai reçu de l'urine sur moi pendant que je courais vers une voiture de police", a-t-il assuré, se déclarant "choqué". La direction a annoncé son intention de déposer plainte.
Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a exprimé mercredi à l'issue du Conseil des ministres "toute (sa) solidarité" avec le directeur du CHU, qui a été "frappé, séquestré par des militants antivax".
"C'est honteux, c'est révoltant, c'est scandaleux, et c'est inadmissible en République", a ajouté le représentant du gouvernement, en rappelant que les soignants "ne comptaient ni leurs heures, ni leurs nuits" pour combattre l'épidémie de Covid, qui a conduit le gouvernement à décréter mercredi l'état d'urgence sanitaire dans plusieurs territoires d'Outre-mer, dont la Guadeloupe.
Si cette exfiltration n'a pas donné lieu à des interpellations, elle a été comme une "mêlée de rugby", selon une source policière, alors que les manifestants étaient "plutôt calmes" tout au long de la journée.
"Nous sommes venus réclamer l'argent que l'on nous doit", a déclaré à l'AFP Gaby Clavier, ancien secrétaire de la branche santé du syndicat UGTG, présent sur les lieux avec les manifestants. Ces derniers réclament le versement des salaires des agents suspendus, suite à leur refus de se conformer à l'obligation vaccinale.
Les manifestants ont quitté les lieux en début de soirée. Ce n'est pas la première fois que ces locaux administratifs sont pris pour cible dans le cadre de cette mobilisation. Fin 2021, plusieurs dégradations avaient déjà eu lieu.
Selon le CHU, qui se prépare à un afflux de malades en raison de la résurgence de l'épidémie de Covid-19, 95% des personnels "répondent à l'obligation vaccinale".
La directrice générale de l’ARS, Valérie Denux, a fermement condamné mercredi matin sur les réseaux sociaux cette "agression", en exhortant à un retour au "calme" et en estimant que "ceux qui ne veulent pas se faire vacciner doivent tourner la page de leur exercice professionnel au sein de la santé".
Ary Chalus, président de la région Guadeloupe, a dénoncé également des "exactions", rappelant avec l'ensemble des élus régionaux "que les libertés individuelles s’accompagnent toujours de responsabilités individuelles envers autrui".
Le président Emmanuel Macron, interrogé par le quotidien Le Parisien, a déclenché mardi la polémique en déclarant avoir "très envie (d') emmerder" les non-vaccinés.
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