Hollande, Sarkozy, Chirac : les présidents français écoutés par la NSA
Après l'Allemagne, la France. Selon des documents de Wikileaks dévoilés mardi par Libération et Mediapart, les services de renseignement américains ont espionné, au moins entre 2006 et 2012, les trois derniers présidents français, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande ainsi que certains de leurs collaborateurs.
Ces documents classés "Top Secret" et regroupés sous le nom "Espionnage Elysée" rendent ainsi compte des écoutes téléphoniques menées par la NSA (National Security Agency) au sommet de l'Etat français. Le document le plus récent date du 22 mai 2012, soit quelques jours après l'entrée en fonction de François Hollande. Il fait état de réunions secrètes destinées à discuter d'une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro. "Hollande est très inquiet pour la Grèce", écrit l'agence de sécurité américaine, qui affirme également que le chef de l'Etat avait trouvé la chancelière allemande Angela Merkel, "obnubilée par le +Pacte budgétaire+ et surtout par la Grèce qu'elle a laissée tomber, selon lui, et n'en bougera plus".
Si dans un premier temps, la Maison Blanche se refusait à commenter ces informations, elle a tout de même souhaité réagir dans la soirée. "Nous ne ciblons pas et nous ne ciblerons pas les communications du président Hollande", a indiqué Ned Price, porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC), sans autres précisions sur les opérations qui ont pu être menées dans le passé. "Nous travaillons étroitement avec la France sur tous les sujets de dimension internationale et les Français sont des partenaires indispensables", a-t-il ajouté.
Ces révélations, qui vont sans doute jeter un froid dans les relations internationales, ne sont à priori pas les seules que WikiLeaks disposent. "Les Français ont le droit de savoir que le gouvernement qu'ils ont élu fait l'objet d'une surveillance hostile de la part d'un allié supposé", a assuré Julian Assange, le fondateur du site, avant d'ajouter: "nous sommes fiers du travail que nous avons mené avec des médias français de premier plan, Libération et Mediapart, afin de rendre publique cette information. Les lecteurs français peuvent s'attendre prochainement à d'autres révélations précises et importantes".
Alors que ces révélations ont entrainé de nombreuses réactions au sein de la classe politique, le président de la République François Hollande a décidé de réunir un Conseil de défense ce mercredi matin à 9 heures pour "évaluer la nature" de ces révélations, et en "tirer les conclusions utiles". Du côté de l'ancien président, Nicolas Sarkozy, son entourage a fait savoir qu'il jugeait "ces méthodes" d'espionnage "inacceptables en règle générale, et plus particulièrement entre alliés". Seul l'entourage de Jacques Chirac n'a pas souhaité réagir "à ce stade".
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