La colère des agriculteurs entendue par le gouvernement ? Le Parlement européen adopte une nouvelle PAC moins verte
Votée à une large majorité d’eurodéputés, la Politique agricole commune (PAC) se voit révisée afin d’assouplir les normes environnementales et ainsi juguler la colère des agriculteurs. Ce mercredi 24 avril, le Parlement européen approuve la révision de la PAC dans l’espoir de répondre aux demandes des agriculteurs après les manifestations qui ont sévi dans le secteur.
Le vote a été effectué dans le cadre d’une procédure d’urgence afin de tempérer les colères des agriculteurs. Témoin d’une action efficace rare de la part du Parlement européen, le vote mène même à une large majorité favorable à la révision de cette loi agricole, avec 425 votes favorables, 130 oppositions et 33 abstentions. Dernière session plénière avant les élections de juin, un regain d’efficacité motive les eurodéputés à se montrer clément.
Les ONG écologistes lésées, la Commission européenne avait proposé dès la mi-mars, au cœur des manifestations agricoles, d’assouplir, voire même de supprimer certains critères parmi les plus « verts » de la nouvelle PAC. Mise en place en 2023, des révisions sont déjà nécessaires dans l’urgence. Le nouveau texte permettrait alors de cesser l’obligation de laisser au moins 4% des terres arables en jachères ou en surfaces non-productives (bosquets, haies, mares, etc), qui suscitait de vives critiques de la part des organismes agricoles. L’obligation de rotation des cultures serait elle aussi révisée, admettant d’être remplacée par le procédé de la « diversification ». Lors d’épisodes climatiques extrêmes, les dérogations seront par ailleurs possibles afin d’éviter les pénalités.
La membre du PPE Anne Sander salue « une réponse concrète au ras-le-bol des agriculteurs qui n’en peuvent plus de ce millefeuille administratif ». Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau salue lui aussi ce geste, affirmant par un point qui peut interroger que la France aurait été « à la pointe du combat pour la simplification des règles européennes ». Les résidents français n’ont pourtant pas tendance à retenir de leur pays une volonté de simplicité législative.
Des membres de la gauche ainsi que Les Verts sont bien moins enthousiastes face à une telle mesure.
« Cette initiative sape les stratégies de l’UE en matière de climat, de biodiversité et de protection des sols » affirme Benoît Biteau. Il avance que « Aujourd'hui, plutôt que de faire le constat que le dérèglement climatique menace à la fois la souveraineté alimentaire et la compétitivité de l'agriculture, on est en train d'effacer toutes les mesures qui permettaient justement de préserver ce qui peut demain être le socle de la compétitivité du revenu et de la souveraineté alimentaire. Il faudrait au contraire que l'on accélère le mouvement pour les préserver de tout cela et au moins rémunérer les agriculteurs pour qu'ils puissent continuer à produire. »
L’heure est cependant à l’efficacité, ainsi après l’approbation formelle de la loi par le Conseil, elle sera publiée au Journal officiel de l’UE, lui permettant d’entrer immédiatement en vigueur.
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