"La France est un pays ami", dit le nationaliste corse Jean-Guy Talamoni
"La France est un pays ami", a déclaré ce lundi 18 le nouveau président de l'Assemblée territoriale de Corse, le nationaliste Jean-Guy Talamoni, qui veut "imposer des relations apaisées entre la Corse et Paris".
"Les Corses n'ont pas accepté que notre élection soit remise en cause par des déclarations hystériques à Paris", a déclaré M. Talamoni sur France Info avant d'être reçu ce lundi après-midi par le Premier ministre Manuel Valls, en compagnie de Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Corse (CTC). "Aujourd'hui la question est d'imposer des relations apaisées entre la Corse et Paris".
"La France est un pays ami et nous ne tenons aucun propos provocateur vis-à-vis de qui que ce soit", a-t-il ajouté, se félicitant des "messages de sympathie reçus" du continent. "Notre démarche n'est pas du tout antifrançaise. C'est une démarche pour être nous-mêmes, ce que nous n'avons jamais cessé d'être, c'est-à-dire une nation", a-t-il ajouté. "Je suis indépendantiste. Personne ne peut être surpris (...) Ce ne sont pas du tout des propos provocateurs ou agressifs à l'endroit de qui que ce soit", a précisé M. Talamoni.
Selon lui, "la France donne des leçons de droits de l'homme au monde entier et c'est vrai qu'elle a œuvré pour les droits de l'homme à une certaine époque. Mais aujourd'hui, quel est ce comportement vis-à-vis d'un peuple, un petit peuple, comme le peuple corse, qui est placé sous sa tutelle depuis le XVIIIe siècle?".
"L'opinion publique a trop souvent une vision caricaturale de la Corse", a déploré sur RMC M. Simeoni. "Au-delà de la victoire des nationalistes (aux élections territoriales de décembre, NDLR), les Corses ont exprimé une immense aspiration à la démocratie". M. Simeoni a ajouté "attendre du gouvernement qu'il considère qu'il n'y a pas de sujet tabou" dans les discussions.
Les dirigeants insulaires souhaitent notamment aborder certains points sensibles avec le gouvernement: l'amnistie des prisonniers "politiques", un statut que Paris ne reconnaît pas, la co-officialité de la langue corse, l'instauration d'un statut de résident pour limiter la spéculation et d'une fiscalité adaptée, et l'inscription de la Corse dans la Constitution pour lui accorder une plus grande décentralisation.
Ce dernier point s'inscrit dans le cadre de la réforme du statut particulier de l'île adopté en 2000 par le gouvernement de Lionel Jospin dont M. Valls était alors le conseiller. L'assemblée de Corse, à majorité de gauche, avait voté le principe de cette inscription, par 46 voix sur 51 le 27 septembre 2013. L'inscription de cette place spécifique de la Corse dans l'appareil institutionnel français nécessite une réforme de l'article 72 de la Constitution consacré aux collectivités territoriales.
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