Les "États généraux de l'information" promis par Macron auront lieu en septembre
DÉPÊCHE — Trouver de "nouveaux équilibres" dans un paysage médiatique en pleine mutation et dans un contexte de "défiance globale", voilà l'objectif des "États généraux de l'information", annoncés pour septembre par l'Élysée. Une sacrée promesse, qui date du temps où Emmanuel Macron se portait candidat pour la première fois, et dont la tenue a été repoussée plus d'une fois...
"C'est un processus qui a une visée de long terme", la "question de l'indépendance de l'information" figurant parmi "beaucoup d'autres questions", assure à l'AFP Christophe Deloire, de RSF, nommé délégué général du comité.
L'idée, ce serait de proposer des actions concrètes qui pourront se déployer "au plan national, européen et international", selon le communiqué de l'exécutif. Éducation aux médias, "conditions d'exercice du métier de journaliste", modèle économique et régulation du secteur ou encore "rôle des différents acteurs, sur les ingérences et les manipulations" de l'information seront également au menu. En somme, il y a du pain sur la planche.
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Le comité de pilotage sera présidé par Bruno Lasserre, président de la Cada (commission d'accès aux documents administratifs) et ancien vice-président du Conseil d'État, entouré de quatre autres membres, dont la directrice générale adjointe de La Poste et ancienne dirigeante de presse (Libération, Le Nouvel observateur) Nathalie Collin, la chercheuse Camille François et l'inspectrice générale des finances Anne Perrot. Le comité travaillera par ailleurs en liaison avec la journaliste philippine Maria Ressa, Prix Nobel de la Paix 2021.
Il y aurait "une demande forte", notamment depuis que les journalistes du JDD se sont mis en grève pour protester contre l'arrivée de Geoffroy Lejeune à la tête du titre. Ils demandent des garanties concernant leur indépendance éditoriale, estimant que la nomination de l'ancien directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles est un signe de la mainmise de Vincent Bolloré sur les médias.
Toujours est-il que la "question de l'indépendance éditoriale" des rédactions et du droit à l'information sont des enjeux majeurs à "droite, au centre et à gauche", comme le souligne Christophe Deloire, insistant sur l'aspect "transpartisan" des états généraux. En effet, si tous les journalistes français dont l'indépendance n'est pas assurée devait se mettre en grève, on économiserait du papier.
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N'oublions pas que Bolloré n'est pas le seul à tremper dans le pouvoir médiatique. Comme le rapportait OFF Investigation en mai dernier, "sous la présidence Macron, les subventions publiques aux journaux ont pris des proportions inédites". Ils introduisaient leur enquête ainsi : "Menée au nom du pluralisme, cette mise sous perfusion de titres comme Les Échos ou le Parisien (Bernard Arnault), Libération ou l'Express (Patrick Drahi), Le Monde, L'Obs ou Télérama (Xavier Niel) ou le Figaro (Groupe Dassault) se fait au mépris des principes élémentaires de transparence et d’équité."
Alors, ces états généraux vont-ils réellement panser les plaies de l'information en France ? Leurs conclusions devraient être dévoilées "d'ici à l'été 2024".
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