Oui, coupons les réseaux sociaux ! Et créons un passe médiatique
ÉDITO - Emmanuel Macron a fait savoir qu'il envisage de procéder à "une coupure des réseaux sociaux, si les choses s’emballent". "Comme en Chine, en Russie et en Iran ?", s'en sont immédiatement indignées de nombreuses personnalités politiques. Eh bien ! L'idée est pourtant intéressante. Excellente même, si on y apporte les quelques petites adaptations qui s'imposent afin que, effectivement, les choses ne s'emballent pas davantage qu'en l'état... Qu’en l’État, plus exactement. Vous allez comprendre.
Souvenons-nous du propos "C’est la guerre" relayé par Emmanuel Macron au temps de la Covid-19. Et des multiples messages de ce type qui ont été ensuite déclinés par le gouvernement et les journalistes des médias mainstream, issus du registre de la peur ou sous la forme de menaces et autres injonctions à se faire vacciner. Souvenons-nous des déclarations de fier-à-bras tenues par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, durant les manifestations contre la loi retraites. Ou des mots "inflexibles" de la Première ministre Borne sur la question du départ de l’âge à la retraite avant même que des négociations ne s’ouvrent avec les partenaires sociaux. Souvenons-nous d’un certain discours produit en mars par le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, tellement profond que ce dernier a dû l’accompagner d’un bras d’honneur en pleine Assemblée nationale. Ou, enfin, de tous ces politiques ou experts en tous genres qui ont repris à la cantonade le "C’est la guerre" macronien, cette fois transposé au contexte d'émeutes consécutives à l’affaire Nahel.
On ne peut pas dire que ces diverses paroles, parfois accompagnées de comportements déplacés en prime, ont eu pour effet de pacifier la société, d’en améliorer le sort ou d’apaiser quelques débats agités. C’est même plutôt le contraire. Et toutes ces déclarations, évidemment, ont été abondamment relayées sur les réseaux sociaux.
Alors effectivement, couper internet pourrait être une excellente idée pour faire en sorte que cesse cette escalade institutionnalisée de la provocation et de la violence. Mais pas l'internet des citoyens. Non. L'internet des politiciens. Il faudrait en ce sens couper la fibre et le wifi à l’Élysée, ainsi qu'à Matignon bien sûr, sans oublier place Beauvau et place Vendôme : une fois fini l'accès à internet, finies toutes ces approximations, finis les jets d'huile sur le feu.
D’ailleurs, il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin. Sans le couper totalement, pourquoi ne pas réglementer sévèrement l’accès aux médias audiovisuels de ce personnel politique ? Voilà qui permettrait d’éviter à la source, qu’il s’agisse d’incompétence ou de malveillance, toute annonce qui puisse nuire à notre beau pays, la France. Les médias sont l’instrument principal du relais de la peur panique collective ressentie par les citoyens. Ils pèsent redoutablement sur les choix qui sont ensuite réalisés par les électeurs, sur leurs opinions et pensées. Or, ils ne laissent pas se produire des débats nuancés et équilibrés qui sont nécessaires à la démocratie. Les chaînes de télévision et autres radios, à de rares exceptions près, n’entretiennent ni la pluralité des idées, ni la liberté d’expression.
Qu’il s’agisse de la Covid, d’émeutes, d’attentats, d’alerte à propos de notre planète... Ils ne font que relayer des émotions nocives, des affirmations clivantes, des discours préfabriqués non vérifiés. Autant faire en sorte que, pourquoi pas, une sorte de comité citoyen s’occupe d’évaluer et d’estimer la valeur des intervenants médiatiques. Un passe médiatique pourrait être créé. Chaque politique, voire spécialiste ou expert proclamé, devrait alors faire ses preuves. Et ne serait pas réinvité en deuxième semaine en cas de manquement à la règle, de propos non sourcés, déraisonnables ou fanfarons.
Pourrait-on interdire d'accès aux médias le président de la République lui-même ? Il fut un temps où celui-ci avait assez de maturité, d’intelligence et de respect pour sa fonction pour s’abstenir de toute apparition et se tenir au silence. Hélas, à notre époque, désormais élus grâce aux médias, les présidents contemporains utilisent en rotation lourde les médias pour satisfaire leurs vues électoralistes et partisanes. Voilà qui empêche d’une manière générale des solutions plus simples en la matière : se servir des élections et du bulletin dans l’urne pour se passer ensuite de devoir contrôler les déclarations médiatiques déplacées de certains (mal) élus.
Finalement, le meilleur réseau social, non censurable en théorie, c'est le corps électoral.
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