Loi Travail : les opposants durciront leur mouvement la semaine prochaine
Blocage de raffineries et de ports, huitième journée nationale d'action, tentative de "généraliser la grève" : les partisans d'un retrait de la loi Travail promettent de durcir encore leur mouvement la semaine prochaine, pour faire plier le gouvernement.
Les opposants au projet de loi battront le pavé jeudi 26, lors d'une huitième journée nationale de grèves et de manifestations à l'appel de l'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, Fidl, UNL). Une neuvième journée est déjà programmée le 14 juin, avec ce jour-là, un rassemblement uniquement à Paris. Alors que le mouvement semblait s'essouffler depuis le 31 mars (entre 390.000 et 1,2 millions de manifestants), il a repris de l'ampleur jeudi 19, avec entre 128.000 et 400.000 manifestants. Mais l'enjeu, pour les syndicats, est désormais de propager la mobilisation de la rue aux entreprises, en multipliant les arrêts de travail. Le leader cégétiste Philippe Martinez a appelé mardi 17 à "généraliser les grèves".
Jeudi, l'objectif sera de "s'appuyer sur les secteurs en grève reconductible - raffineries, cheminots - pour faire la jonction avec ceux qui vont entrer dans le mouvement", expliquait vendredi 20 Fabrice Angéi, membre de la direction de la CGT. C'est désormais l'épicentre de la contestation. Quatre des huit raffineries de pétrole implantées dans l'Hexagone, qui représentent près de 50% de la capacité de raffinage française, sont affectées par la grève: Gonfreville-l'Orcher (Seine-Maritime), Donges (Loire-Atlantique) et Feyzin (Lyon) sont à l'arrêt, tandis que Grandpuits (Seine-et-Marne) tourne au ralenti.
Tout le weekend, par crainte de pénurie, les automobilistes ont pris d'assaut les pompes à essence du nord-ouest. Résultat: 1.500 stations en rupture partielle ou totale, sur 12.000 en France, selon les chiffres du secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies. Plusieurs départements ont pris des arrêtés limitant la distribution de carburant. "Nous sommes très déterminés à ce qu'il n'y ait aucune pénurie en France", a prévenu ce dimanche 22 Manuel Valls. "Nous maîtrisons pleinement la situation", a-t-il assuré, "je pense qu'un certain nombre de raffineries ou de dépôts qui étaient bloqués sont débloqués ou vont l'être dans les heures ou dans les jours qui viennent."
Vendredi et dimanche, les forces de l'ordre ont débloqué plusieurs importants dépôts de carburants, permettant de réalimenter certaines stations, mais en courant le risque de mettre de l'huile sur le feu. "Hollande et Valls utilisent les mêmes méthodes que M. Sarkozy en 2010. Face à la lutte des salariés, ils envoient les forces de l'ordre pour casser les grèves", a dénoncé samedi Philippe Martinez, promettant "une réaction à la hauteur de ce que le gouvernement fait". "Des discussions et des assemblées générales sont engagées pour amplifier le mouvement" dans le secteur, a-t-il prévenu.
La CGT appelle les dockers à suivre les appels à la grève des 26 mai et 14 juin. "L'activité sera à zéro dans la plupart des ports", a prévenu Tony Hautbois, secrétaire général de la fédération des ports et docks, interrogé par l'AFP. En dehors des deux journées nationales, "on appelle nos camarades à être solidaires des initiatives territoriales", après les actions dans les ports de Nantes-Saint-Nazaire, du Havre ou encore de Lorient la semaine dernière. A Nantes-Saint-Nazaire, quatrième port français, le personnel a reconduit jusqu'à lundi 23 sa grève, qui empêche tout mouvement de bateau. Une nouvelle assemblée générale se tiendra à 8 heures pour décider des suites du mouvement.
Le gouvernement espère avoir désamorcé le mouvement des routiers, en leur promettant que le projet de loi n'aura pas d'effet sur leurs heures supplémentaires, qui ne pourront donc pas être majorées de moins de 25%. Une "très bonne nouvelle" saluée par la CGT et FO, qui ont toutefois appelé à poursuivre les opérations escargots, blocages de zones logistiques et autres barrages filtrants. Mais pas sûr que l'appel soit entendu, selon une source syndicale: "On appelle à poursuivre jusqu'au retrait du projet de loi, mais on sait que la réaction des salariés ne sera pas tout à fait la même. Les heures supplémentaires, c'est vraiment ce qui crispait la base."
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.